34ème Rencontres TransMusicales : Bilan Général

Et voilà, l’heure est au bilan de ces 34ème Rencontres TransMusicales 2012, une édition qui a su attirer son public au vu du nombre de préventes. Bilan positif donc pour le festival rennais, ; du côté des groupes, beaucoup d’attentes et pas trop de surprises au final sur les pronostics des grands gagnants de l’édition 2012 : Nick Waterhouse, Birth of Joy, Vitalic, Hot Panda, The Struts ou encore Phoebe Jean et Petite Noir ont su plaire à leur public. Cependant, la salle de la Cité en aura déçu quelques-uns avec le projet Zamrock et Kwes. A noter que quelques groupes locaux ont réussi à sortir leur épingle du jeu, tels que Gomina, The 1969 Club ou encore O Safari.

teamghost

JEUDI

Parc Expo jeudi soir 21h00. Le premier soir dans les hangars attire les premiers curieux, le programme dans la main et une légère propension à un zapping de concerts entre les deux halls ouverts. Le risque d’un grand écart sonore n’effraiera pas, de toutes façons, le transmusicalien moyen. À ce stade, pas de problème de place dans les salles. Tout juste remarquera-t-on une légère désertion devant le krautrock revival des allemands de Camera, qui tentent de brancher un public clairsemé avec des longues plages de musique métronomique et robotique, quand Team Ghost inaugure dans le hall voisin. Ok, la batterie et les boucles harmoniques des Camera est efficace, mais lassante sur la longueur. Certains objecteront avec mauvaise foi qu’il s’agit d’une bonne contrefaçon d’un disque de Neu !. …

La star de cette soirée du jeudi au Parc Expo à la quasi unanimité sera ce jeune californien de 25 ans, Nick Waterhouse, prodige que le R&B attendait depuis 50 ans. La raie sur le côté, des lunettes tortoise sur le nez, une Gibson cherry dans les mains et la salle du Hall 3 se transforme en club de jazz des années 50 ; Avec ses six comparses il enchaîne tube après tube de cette musique entre R&B, soul et jazz devant un public aux anges s’extasiant sur « (If) you want Trouble ».

Nouvelles perspectives sur la Chris Mix Stage (Hall 4) quand se présentent, alignés, sans frontman apparent, les acteurs du projet Burning House. Cette fois-ci, ce sont des références clairement funk et hip-hop, présentées par une équipe d’esthètes, armés de moog, platines et autre saxophone, pour un concert classieux et soigné.

On enchaîne avec un autre voyage dans le temps de l’autre côté de la Manche cette fois-ci avec les gamins de China Rats, originaires de Leeds. On retourne moins loin en arrière cette fois-ci, plutôt les années 80 à l’ère du punk-rock anglais, l’ambiance y est déjà plus agitée pour ce quatuor qui fait ses premiers pas dans l’hexagone. Ils sont moins effrayants que les groupes d’époque mais le proto-punk qu’ils balancent est quand même très bien fait, peut-être le futur du No-Future ?

Dernier groupe de la soirée, et pas des moindres puisque c’est celui qui crée l’agitation sur la scène rennaise depuis quelques mois, il s’agit de Mermonte et leur leader Ghislain Fracapane qui a su s’entourer des meilleurs musiciens de la scène indé rennaise, il sont donc une dizaine sur scène dont deux batteries en fronton, un gaucher et un droitier pour la symétrie.

Leur pop orchestrale a une nouvelle fois fonctionné à merveille dans ce hangar du Parc Expo malgré peut-être la difficulté d’y entendre toute les subtilités musicales, l’énergie des dix musiciens aura tout de même ensorceler le public présent pour ce premier round des TransMusicales. l’échauffement de cette première soirée se termine sur Netsky au Hall 4 puis au dodo tout le monde.

Les photos du jeudi soir sur notre Flickr Alter1fo

VENDREDI

La Cité, vendredi. Les concerts de vendredi à la cité étaient les premiers à afficher complet, et beaucoup brandissaient l’argument Lou Doillon pour l’expliquer. Vu le parterre fourni pour Lianne La Havas et le départ massif après Paul Thomas Saunders, il apparaît que la française n’a finalement pas tant retenu l’attention du public rennais. Serait-ce plutôt pour la jeune anglaise, qui jouit déjà pourtant d’une belle audience ? Son concert était en tout cas plutôt délicieux, tout comme son brin de voix parfaitement posé sur un son très propre. L’anglaise ponctue ses chansons en bavardant joliment, sans lasser.

C’est un autre britannique, beaucoup moins bavard, qui lui succède. Grosse claque, franchement, dès les premières notes, que le très jeune anglais égrène en phrases un brin larmoyantes au clavier. Comment déjà, celui-là ? Paul Thomas Saunders. On n’a pas idée d’être aussi bon avec un nom aussi difficile à retenir. Et timide maladif, avec ça. Ce type et ses acolytes, visiblement très jeunes aussi, font merveille avec leurs compositions, plutôt sombres et expressionnistes, qui restent collées au fond de l’oreille jusqu’à ce que la suivante en efface l’effet. Niveau références, je colle. C’est très beau en tout cas.

Parc Expo vendredi soir 21h30. Du projet Ondatropica, on connaissait le producteur stakhanoviste Quantic. Quelle formation, parmi les quarante musiciens du projet initial en studio, relèvera le difficile challenge de jouer ces titres sur scène ? C’est un beau florilège d’instrumentistes colombiens, encadrés par les deux producteurs ayant initié le projet, à la basse et aux congas, qui inaugurent au Parc Expo ce vendredi. On pense évidemment aux cousins cubains de Buena Vista, ou aux anciens d’Estrellas de Areito, pour la qualité de la musique. La salle doit en tous cas paraître inhabituelle à ces professionnels de la cumbia. Rachid Taha, lui, est plus habitué à ce type de salle. Oud & Punk, les ingrédients du nouveau Zoom Project, ne surprennent finalement pas tant que ça, mais c’est bien fait. Le chanteur, lui, personnifie la punk attitude jusqu’à l’extrême, plus que le clash Mick Jones, classe et précis, qui gratifie d’un Should I stay or should I go ravissant.

On passe vite voir le groupe MsMr de Brooklyn et leur electro-pop aux ambiances new wave, une très bonne prestation pour débuter la soirée qui s’annonce chargée, le marathon commence.

Pas question de rater Petite Noir, nouvelle pépite sud-africaine mené par Yannick Ilunga. Son projet est à la croisée des musiques actuelles et traditionnelles, sur scène :  guitare tropicale, rythmes africains, lyrisme pop, le tout formant une sorte de new wave africaine froide et envoûtante. Le résultat est à la hauteur des attentes sur scène, subjuguant et perturbant, un peu comme les chemises portées par le groupe.

C’est ensuite au tour de Phoebe Jean & The Airforce : Une mise en scène exceptionnelle avec une chanteuse qui donne tout ce qu’elle a sur scène, un son de très bonne facture… Dommage qu’après 3-4 chansons le set perde en intensité… Mais à n’en pas douter une véritable satisfaction du vendredi soir !

Une autre prestation très attendue était celle des londoniens d’O.Children et de leur charismatique chanteur Tobias O’Kandi, géant flegmatique à la voix si grave qu’elle semble sortir du tombeau. Le post punk mortuaire du quatuor s’adapte plutôt bien aux conditions live, on n’est pas en train d’écouter le cd et c’est tant mieux. Véritable moment hypnotisant des Trans.

Dans le Hall 9 à côté, Vitalic rempli le hangar, il est aussi à noter que la tête d’affiche n’a pas vécu le même raté sonore que ces prédécesseurs… C’est à dire un concert propre, audible et surtout un nouveau set de scène qui en met plein les yeux et qui semble suivre la nouvelle tendance de l’electro… Présenter des set Live !

La froideur industrielle suédoise d’Agent Side Grinder n’aura pas convaincu tout le monde. Dans une ambiance rétro futuriste à la sauce dark pop, les déhanchements 80’s du chanteur sur ces rythmes électroniques rappelant Kraftwerk auront su ravir les uns sans épater les autres, qui courent déjà vers le Hall 3 pour écouter Birth of Joy.

Aux premières mélopées d’orgue du trio batave Birth of Joy, quelques uns quittent le hall en criant au plagiat 60’s. Peut-être, mais grand concert ! Pour beaucoup, la performance de ces Trans : ça cogne fort et précis, ça chante, ça clapote et ça gratte très net, la sauce prend très vite, chacun y va de sa référence rock classique pour chaque musicien.

Les photos du vendredi soir sur notre Flickr Alter1fo

SAMEDI

Cité samedi. Beaucoup avaient coché ce samedi soir à la Cité. On en faisait partie, la succession de ces trois projets avait de la gueule. Ok pour le premier, Zammuto, avec son originale mise en scène autour d’images vintage un peu potaches, et une bande sonore parfaitement rôdée et organique, où pointe l’émotion sur une compo de Paul Simon. Après, franchement, c’est un peu le bide : Kwes et ses compagnes étaient-ils prêts pour un concert ? On pense à une blague quand la batteuse demande quel est le morceau suivant, mais après pas mal de dissonances et d’approximations, on se retourne et l’on découvre que beaucoup ont décampé, lassés. On sourit alors quand les deux zambiens entourés de Karl Hector & the Malcouns font une entrée remarquée, pour le projet Zamrock. Peu servis par une sono défaillante au début, la formation s’en sort assez bien, mais finit nous laisser sur notre faim : ça ne décolle jamais vraiment et la voix de Jagari Chanda paraît un peu fatiguée.

Parc Expo samedi soir 21h45. On commence par les douces mélopées de Melody’s Echo Chamber, la pop psyché un peu naïve adoucit l’ambiance et nous jette en plein rêve. On se réveille avec l’electroboogie de Black Strobe au Hall 9, jets de flamme en fond de scène et garçon boucher au micro, un peu répétitif par moment mais le set s’anime au fur à mesure. Le live aura sûrement pu satisfaire les fans de la première heure du groupe.

On continue avec The 1969 Club, en plein exercice de style sous le hangar du Hall 3, les ex-briochins prouvent que leur énergie ne s’arrête pas aux portes des petites salles rennaises et enflamment le Parc Expo avec leur rock explosif, ça envoie du lourd et c’est très bon!

Autre concert très attendu de ces Transmusicales, celui des canadiens de Hot Panda, qui viennent d’annuler leur tournée européenne maintenant pour seule date celle du festival rennais avant de rentrer au pays. Ils ne sont en effet que trois sur scène, mais ça ne les décourage pas pour retourner l’endroit, c’est déjanté et spontané. Un batteur à tête de cheval et une bassiste qui joue de la trompette, la pop surpuissante des ursidés en chaleur n’aura pas laissé de marbre, reprenant également deux morceaux de Nirvana pour le plaisir du public.

On attendait tous le set très attendu de Skip&Die et de sa chanteuse Catarina Pirata, ça débutait plutôt bien avec un assemblage de sons traditionnels pour devenir une grosse machine electro-hip hop à la MIA ou Santigold, on aime ou pas. Le public est bien présent dans le Hall 4 qui affiche complet mais la sauce ne semble avoir pris que dans les premiers rangs.

Un finale de TransMusicales sur Cuir! Moustache : C’est tout de même surprenant de voir toujours autant de survivants à cette heure aussi avancée du jour surtout rester devant ce qui est ni plus ni moins qu’un DJ set avec 1 morceau qui fait rire… Les Trans nous ont habitué à des clôtures du parc bien plus dynamiques !

Les photos du samedi soir sur notre Flickr Alter1fo

Eh ben voilà c’est déjà fini, vivement l’année prochaine ! Merci à l’équipe des TransMusicales pour cette programmation intéressante et ce festival hivernal qui permet de ne pas trop se reposer sur ces deux oreilles. On va essayer d’écouter les albums de ce qui nous a plu et de regarder les vidéos d’Arte Live Web des concerts qu’on n’a pas réussi à voir, merci aussi à eux pour cette séance de rattrapage.

Le site des TransMusicales

Le site d’Arte Live Web

LE FLOP DES TRANS : La GREENROOM, non pas par sa programmation, qui ne peut que plaire avec des noms comme Madben, Villanova ou Compuphonic, qui auraient très bien pu animer le hall 9 un samedi soir de Transmusicales… Mais par sa fâcheuse tendance, années après années, à polluer l’univers sonore du Hall 4, que l’on soit au bar, bien que cette année on ne dise plus ça mais plutôt un truc du genre : « Hey j’suis devant la Greenroom » pouvant se traduire par « Je suis le long du comptoir »… Et oui cette année, exit les rideaux qui ferment intégralement ce qui se passe dans la gGreenroom, un espace qui grandit de plus en plus et qui peut déranger durant certains concerts : en entend les boum boums entre deux morceaux… Et même pendant certains morceaux, de Phoebe Jean & The Airforce ou O. Children… Et pourtant que ça soit Hall 3, 4 (hors GreenRoom) et surtout 9, le son était en très nette amélioration !

4 commentaires sur “34ème Rencontres TransMusicales : Bilan Général

  1. Djeepthejedi

    Parfait, cette année je ne vais pas me casser la tête à faire un résumé puisque tout est dit ici. Ceci dit je rajouterai que j’ai relativement été déçu par la performance de Melody’s echo chamber qui semblait complètement improvisée ( cf l’épisode du scotch tape) et par l’absence d’une batterie sur scène surtout quand on sait que son album est produit par Kevin Parker de Tame impala (batteur et arrangeur surdoué) on a de quoi se demander si elle s’est pas foutu de notre gueule. Bref sinon je vois qu’on ne parle pas de Pégase qui est pour moi la grande révélation de ces trans2012, et que dire de François & the atlas mountain les champions toutes catégories mais hors concours puisque déjà largement connu, en revanche le projet Licornia du colletif Iceberg mérite vraiment que l’on s’y intéresse car même si la mise en scène à l’air libre était quelque peu désuette, le projet possède une réelle envergure et des compositions absolument magiques et captivantes dans une ambiance à la dark side of the moon, on peut d’ailleurs télécharger la chose ici : iceberg1.bandcamp.com/album/licornia. Et on aurait tord de s’en priver puisque c’est gratuit.

  2. phils

    Comment peut on oublier st lo!!!!!

  3. Yvo

    @Djeepthejedi : Tous les ajouts sont bons à prendre !! Après, on n’a parlé que des concerts qu’on a vraiment eu le temps de voir comme il se doit pour en parler objectivement ! ^^ Mais personnellement je n’étais pas à Melody’s Echo Chamber mais j’ai entendu quelques échos similaires aux tiens !
    @Phils : On en a pas parlé tout simplement parce qu’on avait eu la chance de les voir dans un autre contexte lors de la Tournée des Trans… Et puis très honnêtement, je n’ai pas trop eu envie de forcer les portes du Hall 4 qui était complet pendant le concert… Et rien que le fait de voir que le hall est complet (enfin pour le 3 ou le 4) est un véritable gage de qualité !

  4. Isa

    il y a qui plus est un compte rendu spécial St Lô en préparation 😉

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