Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 7ème calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera de nouveau original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin ou à dévorer de suite. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-ami.e.s, bon pour les bibliothécaires, bon pour nos papetiers-ami.e.s, bon pour nos neurones. Ouvrez donc les pages jour après jour… Pour la troisième étape, nous vous invitons à plonger dans la magie de Zéphir, Alabama de Robert McCammon.

Zéphir, Alabama est une autobiographie… ou presque. En prologue de ce beau livre à la couverture verte et étoilée, le narrateur nous annonce « J’ai vécu tout ceci. » Son âge et sa profession correspondent bien à l’écrivain américain Robert McCammon mais pourtant le récit est celui de l’enfance de Cory Mackenson, onze ans, grandissant dans les années 60 dans la petite cité idyllique qui donne le titre à ce roman. Nourri par les étonnantes légendes locales et par l’excentricité de ses habitant.e.s, la folle imagination du jeune homme l’amène très tôt à se rêver écrivain. Sauf qu’un froid matin de printemps, Cory va vivre sa première expérience de la mort avec un terrifiant accident durant lequel une voiture et son conducteur plongent dans les ténèbres insondables du lac Saxon. Plus troublant encore, son père, qui a tenté de sauver le chauffeur, va révéler qu’il était atrocement ligoté à son siège. A partir de là, le jeune garçon va devoir vivre dans un monde plus sombre, peuplé de gang lycanthrope, de sorcière toute puissante mais aussi d’usine qui ferme et de la violence féroce et imprévisible des petites frappes de son école.
Pur récit de conteur avec ses récits qui s’enchâssent habilement les uns dans les autres, ce livre est un immense plaisir de lecture. L’histoire de cesse de s’emballer, de rebondir, de vous prendre à contre-pied. Avec un plaisir jubilatoire Mackenson multiplie les personnages haut en couleurs, les péripéties rocambolesques et les rebondissements les plus vertigineux. Cette folle générosité narrative et cette joie féroce à jongler avec mille histoires et personnages pourraient friser l’overdose. Sauf qu’en grand raconteur, l’auteur n’oublie jamais de retomber sur ses pattes en redonnant une touche de tragique ou de fragile humanité à tous les personnages de cette épatante galerie. L’auteur met aussi beaucoup de lui dans ce roman touchant et fantasque. Cette touche très personnelle participe aussi au supplément d’âme de ce livre échevelé.
Sorte de croisement de la verve sans limite de Mark Twain avec le fantastique rural toujours ancré dans l’intime et le réel de Stephen King, Zéphir Alabama est un délicieux retour en enfance qui évoque parfaitement ce qu’elle peut avoir de merveilleux mais aussi de terrifiant et de douloureux.

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