Marre de l’esprit de Noël ? Marre des infos cataclysmiques ? Marre du ballon rond qui pue l’exploitation ? ça tombe bien, nous aussi ! Bienvenue dans notre 5è calendrier de l’Avent Altérophile, dont on espère qu’il sera original et divertissant ! Tous les jours (ou presque) jusqu’au 24 décembre, une idée de truc en papier à mettre sous le sapin. Bon pour l’âme, bon pour nos petits libraires-amis, bon pour nos papetiers-amis, bon pour nos neurones. Sans prétention aucune, des coups de cœur qu’on a envie de partager, pas forcément des nouveautés, pas forcément des trucs inouïs. Juste des morceaux de papier, souvent imprimés, en format origami, d’une épaisseur à glisser dans les poches ou de gros pavés pour caler le sapin, qui nous ont émus, interpellés, questionnés, emballés ou intrigués… Et qu’on a envie de vous faire (re) découvrir. Ouvrez donc les pages jour après jour…

Les ravages de la grippe hivernale ont bien failli avoir la peau de notre petit calendrier de l’avent plus ou moins littéraire. Nous voilà tout de même de retour, un peu clopin-clopant, mais toujours debout. On continue donc nos petites sélections du mieux avec une des plus belles BD de l’année. On ne fera pas trop dans l’originalité cette fois, puisque La couleur des choses, première ouvrage du suisse Martin Panchaud a reçu une foule de récompenses dont celle du grand prix de la critique 2023 décerné chaque année par l’Association des Critiques de Bandes Dessinées. Nous nous permettons d’insister car l’aspect expérimental de l’œuvre peut effrayer alors que ce serait bien dommage de passer à côté.
Le livre nous raconte les (més)aventures de Simon, jeune anglais de 14 ans. Rondouillard et aussi peu à l’aise dans sa peau qu’on peut l’être à cet âge, il subit avec une certaine résignation les moqueries de ses camarades de quartier. Grâce à l’aide d’une voyante compatissante, il remporte 16 millions de livres en pronostiquant les gagnants de la prestigieuse course de chevaux du Royal Ascot. Sa chance a-t-elle enfin tourné ? Pas si sûr…
L’étonnante proposition de cet ouvrage est que ce palpitant et cruel récit d’apprentissage vers l’âge adulte nous est narré avec un système graphique ne ressemblant à rien d’autre. Chaque personnage y est représenté par un simple point bicolore et tout est vu de haut dans un incroyable assemblage d’images entre cartes géographiques et schématisation informatique. Martin Panchaud explique que son extrême dyslexie l’a amené à approcher la lecture et plus particulièrement l’interprétation des formes et de leur sens avec un regard extrêmement singulier. La grande force du livre est qu’il ne se limite aucunement à un exercice intellectuel extrêmement sophistiqué. On ne verra nulle part ailleurs que dans notre imagination les détails des corps et des visages des personnages et pourtant, on va rire (jaune) et être ému par le parcours de cette petite pastille marron. Réussir à combiner une inventivité visuelle folle tout en gardant une proximité à fleur de peau avec son histoire, ce n’est pas un mince exploit. On vous invite donc plus que chaudement à en faire l’expérience.
Si vous voulez vous faire une idée du travail du monsieur, vous pouvez voir son épatante adaptation du grand classique La Guerre des étoiles de George Lucas.

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La couleur des choses de Martin Panchaud
Titre original Die Farbe der Dingue
Traduction de l’allemand par l’auteur
Editions Çà et Là
Paru le 02/09/2022
236 pages
ISBN : 978-2-36990-308-6
24,00€

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