Les Rennais aiment les goûters à l’Antipode !

16h10. Une longue file d’attente serpente devant l’Antipode. Il n’y a que l’Antipode et sa formule Instant Thé qui peuvent remporter autant de succès et mettre les Rennais dehors un dimanche après-midi. Et ce succès, on ne le doit pas seulement à Télérama et sa Une consacrée cette semaine même à Agnes Obel. Non, l’Antipode n’a pas besoin de ça pour afficher complet, puisque depuis 3 semaines, on ne trouve plus de billets pour ce 2è opus de l’Instant Thé.

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Foule pour le goûter…

Salle comble donc lorsque j’arrive enfin à entrer dans l’Antipode. Cette fois-ci, adieu les petites tables aux toiles cirées à pois ! Elles ont été exilées dans une salle attenante près du buffet à pâtisseries. Déception pour certains, habitués aux concerts assis. Il faut dire que le public présent cet après-midi n’a pas le profil habituel.

Impossible par ailleurs d’approcher de la scène ; la loi des premiers arrivés, premiers servis, qui se sont agglutinés devant la scène défendant becs et ongles leurs places au profit souvent de leur progéniture. Tant pis donc pour les photos !

Stranded Horse, une leçon de minimalisme

stranded horseYann Tambour entre en scène et s’installe au milieu de sa collection d’instruments. Il se présente rapidement et s’asseoit. Dommage, on ne le voit plus ! Ni même ses instruments. Et le jeune homme étant avare d’explications (hormis le fait que ses instruments sont des miniatures lui permettant de voyager), ce n’est pas aujourd’hui que l’on complètera notre culture des instruments mandingues.

Les morceaux se déroulent lentement les uns après les autres. Les sonorités africaines mandingues posées sur un fond folk sont étonnantes. Entre chaque morceau, Yann Tambour passe beaucoup de temps à accorder ses instruments et s’en excuse ensuite auprès du public. On regrette vraiment qu’il ne donne pas plus d’explication sur ce projet, Thee Stranded Horse. Alternance de chansons en anglais et en français où curieusement la voix n’a pas la même amplitude ni la même profondeur. Une violoniste vient sur scène et apporte un peu de piment aux interprétations. Les deux instruments offrent une délicatesse complémentaire assez surprenante. Mais au final, on éprouve quelques difficultés à saisir les textes. Le tout est très minimaliste, sans doute trop à mon goût.

Un concert très statique avec cet artiste assis à hauteur du public. Au bout d’un moment, on arrête de se tortiller et de se faire des torticolis derrière le « toujours trop grand », on s’assoit dans le fond de la salle et on ouvre grand ses oreilles pour écouter. La disposition de la salle du premier Instant Thé a clairement manqué pour apprécier cet artiste et ce projet.

Yann Tambour annonce une dernière chanson et remercie le public d’avoir été si attentif, calme et sage. Je reste vraiment sur ma faim suite à ce premier concert et part donc engloutir une part de gâteau avant la pause…

La très attendue Agnes Obel

La salle de l’Antipode est toujours aussi comble lorsque Agnes Obel et Frédérique Labbow, violoncelliste, entrent sur scène. Un duo 100% féminin, où la complicité et les sourires sont de mise. Après une intro instrumentale, mise en bouche plus qu’appréciable, Agnes Obel entame Philarmonics, titre éponyme de son album sorti en octobre 2010. Suivent ensuite Katie Cruel, cette vieille chanson écossaise qui parle de « Bieautiful girls » nous expliquera Agnes et Brother Sparrow. La délicatesse du piano donne une saveur particulière à ces deux voix féminines qui se font écho. Un éclairage minimaliste, des artistes sobrement vêtues de noir qui se fondent presque dans l’espace scénique. Les applaudissements du public, mélomane assurément, sont nourris entre chaque chanson. Agnes prend le temps de présenter chacun de ses morceaux, en anglais, voire en français.

Suit Just so, ce titre remarqué sur son Myspace et qui illustre une publicité pour Deutsche Telekom. Le public est vraiment sous le charme. Je pense n’avoir jamais vu un tel public : il est sage, attentif, ne bavarde pas, écoute tout simplement et n’en perd pas une miette.

Agnes est étonnée ; c’est la première fois qu’elle voit une salle de concerts où les enfants peuvent venir. Elle trouve ça cool, et mon voisin d’opiner du chef doublement ! Ses deux rejetons sont en effet confortablement installés dans une salle voisine et regardent Shrek avec d’autres petits Rennais… Et on ne peut que féliciter l’Antipode pour cette initiative !

Sur Close Watch, cette reprise de (I keep a) close watch de John Cale, la voix d’Agnes Obel offre toute sa délicatesse. Parfois, la voix se fait entendre seule, sans instrument. Elle occupe alors tout l’espace et nous laisse, nous, sans voix. Au fil du concert d’ailleurs, cette voix délicate prend de l’ampleur. Le violoncelle est incisif face à la rondeur et la douceur du piano. Il se fait lancinant et acéré pour donner un autre rythme. Intéressant travail de complémentarité entre les deux.

AgnesObel-c-Filip-van-Lerberge-wikimediaAgnès Obel ©Filip van Lerberge on Wikimedia

Suit le mélancolique Riverside qui vaut une volée d’applaudissements de la part du public rennais. Agnès dédicace d’ailleurs à ce public la dernière chanson : « to you guys, standing up so long ». Powdered Ground est plus rythmée que les précédentes chansons et la voix d’Agnès est profonde et puissante. Le piano se fait grave et le violoncelle doux. Étonnant contraste qui assure la fluidité du morceau. Le sol vibre des basses et le public est transporté. Ovation.

Un rappel, avec la toute douce Over The Hill. Applaudissements nourris encore une fois. Agnes et Frédérique repartent vers les coulisses bras dessus dessous. Deuxième rappel. « The last one. Because you’re so fantastic ». Et elles s’en vont définitivement. Ce premier album était excellent sur nos platines, il l’était encore plus cet après-midi en live. Merci l’Antipode !

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