Depuis le 15 mars et jusqu’au 9 avril, le festival Zang Toumb rassemble plusieurs manifestations dans différents lieux rennais : performances sonores, expositions, conférences et projections se succèdent, que ce soit au Bon Accueil, à l’école des Beaux-Arts de Rennes, à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne, à l’IUFM ou à l’Antipode. Ce mardi 22 mars, c’est donc l’Antipode qui ouvre ses portes à Zang Toumb.
Initié par des étudiants de plusieurs écoles d’art et d’architecture, ainsi que de jeunes artistes, architectes, théoriciens ou musiciens « qui développent des pratiques reliées à la notion de machine » , ce festival proposera à l’Antipode une soirée en deux temps. D’une part la projection du film We don’t care about music anyway. D’autre part, la performance sonore de Sakamoto Hiromichi, violoncelliste et multi-instrumentiste.
Bien sûr, il y a plusieurs semaines quand nous avions réservé notre soirée, on ne se doutait absolument pas de la résonance particulière qu’allait prendre cette proposition. Car We don’t care about music anyway, réalisé par Cédric Dupire et Gaspard Kuentz, se passe au Japon et au regard des événements récents, on ne vit plus tout à fait les choses de la même manière. D’autant que ce film documentaire « associe et met face à face le travail de huit musiciens de musiques nouvelles tokyoïtes avec la société japonaise consumériste » . La note artistique est on ne peut plus claire : « A travers la musique, We Don’t Care… donne une vision dualiste de la réalité contemporaine de Tokyo : la vitrine clinquante de la société de consommation face à la réalité inquiétante qu’elle dissimule. »
Dans son troisième film, Cédric Dupire s’intéresse donc particulièrement, une nouvelle fois, aux liens qui unissent la musique et son environnement. Avec Gaspard Kuentz, jeune réalisateur, parti à Tokyo en 2003 pour étudier dans l’école de cinéma Eiga Bigakko, il co-réalise donc We don’t care about music anyway en s’’intéressant aux musiques radicales et innovantes de la scène underground de Tokyo. Dans ce film, les deux réalisateurs essaient de développer une « approche sensorielle dans laquelle les sons de la ville et la musique des protagonistes du film se confrontent » .
Les protagonistes, justement, sont essentiellement huit musiciens (Otomo Yoshihide, Sakamoto Hiromichi, Takehisa Ken, Yamakawa Fuyuki, Numb, Saidrum, L?K?O, Goth-Trad) issus des scènes de musiques nouvelles de Tokyo. Tout au long du film, leurs sons, leurs musiques vont se mêler aux bruits de la mégalopole japonaise : sirène, haut-parleurs, broyeurs d’ordures, agitation des rues… Progressivement les « limites conventionnelles entre musique et bruit » vont se gommer. Les réalisateurs l’expliquent dans leur note artistique : « Plutôt qu’un film sur la musique, We Don’t Care… est d’abord un film sur le son et sa perception » .
« Un désert, une décharge, la vision fugitive d’une mégalopole. A l’écart, un bâtiment à l’abandon, rempli des traces du passé, de l’enfance : une école désertée. Sakamoto Hiromichi erre avec un violoncelle et un archet. La musique remplit peu à peu l’espace, il traîne la pique de son violoncelle sur le ciment, auquel elle arrache des cris plaintifs. Alors que le mouvement de l’archet s’accélère sur les cordes, Sakamoto se hâte vers son tabouret. Le son soudain de la pique du violoncelle brisant une vitre explose. » (Extrait du Synopsis )
A l’issue de cette projection, nous pourrons ensuite assister à la performance sonore de Sakamoto Hiromichi, violoncelliste et multi-instrumentiste, justement présent dans le film documentaire.
Né en 1962 à Hiroshima, le musicien japonais a d’abord reçu une formation classique mais s’est toujours attaché à ne pas se limiter à un genre ou un style. Il peut aussi bien jouer de la musique de chambre que du free jazz, des reprises de Pascal Comelade que la partition d’un trio de violoncelles… On le retrouve d’ailleurs dans l’ensemble sakamotoQ. Il s’agit d’un duo créé avec le plasticien Q-con « dont la participation ne se limite pas à l’action painting mais s’étend au chant et à la manipulation en direct des sons générés par l’action des divers feutres et brosses sur le support du dessin. » Son travail autour de son violoncelle, qu’il s’agisse des « manipulations du signal électrique comme le travail plus organique sur l’instrument » devrait valoir le détour et en étonner plus d’un.
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We don’t care about music Anyway – Projection du film de Cédric Dupire et Gaspard Kuentz & performance sonore de Sakamoto Hiromichi – Mardi 22 mars 2011 – 20h30 à l’Antipode, 2 rue André Trasbot – Rennes.
Entrée libre.
Pour les plus curieux d’entre vous, une conférence avec Cédric Dupire sera organisée le lendemain (mercredi 23 mars) à l’ENSAB à 13h30.