Le premier week-end d’octobre 2025 offrait une foule de possibilités aux mélomanes rennais.e.s les plus divers. Pendant qu’une partie de l’équipe était au grand Soufflet, une autre a enchainé avec gourmandise trois dates chouettement éclectiques. De Gal Go et Jeffrey Lewis à l’Antipode, en passant par la release party de Fauna Nova à Grabuge en compagnie de This Will Destroy Your Ears avant de conclure en beauté avec le très chouette goûter musical dominical de Des Pies Chicaillent à la Chapelle du Conservatoire avec Lina Tullgren, The Lentils et Melissa Weikart, nous avons été gâtés. Retour rapide mais en photos sur ces trois soirées.

Vendredi 3 octobre à l’Antipode : Gal Go, Jeffrey Lewis & The Voltage et Vilain Merle

La première étape de notre périple nous menait devant la toujours aussi chouette scène club de l’Antipode. On y retrouvait Gal Go, projet de longue date du multi-instrumentiste Ignacio Salvadores. Collaborateur très actif sur les deux derniers albums d’Archy Marshall (King Krule), saxo débridé dans Findom, le bonhomme nous a déjà impressionné plusieurs fois sur scène et il va de nouveau livrer une prestation marquante. Accompagné sur scène de Frederick Daelemans au toucher de batterie délicieusement free jazz, il venait défendre leur premier album Solo quiero ser tu perro à sortir mi-octobre. Le duo va nous offrir de fascinants labyrinthes musicaux mêlant shoegaze, rock latino, jazz et envolées bruitistes. Un bien beau voyage qui ouvrait parfaitement la soirée.

On retrouvait ensuite avec plaisir l’impeccable Jeffrey Lewis accompagné de ses camarades de jeu de The Voltage. La formule n’a absolument pas évolué depuis ses débuts au début des années 2000, mais elle garde pourtant une fraicheur et un capital sympathie intact. Deux décennies à bricoler des chansons avec son débit de mitraillette et son ironie malicieuse et à dessiner des comics avec tout autant de talent, il est le premier surpris d’avoir tenu aussi longtemps et il le chante avec une touchante honnêteté. On a bien sûr eu droit aux classiques comme If You Shoot The Head You Kill The Ghoul et LPs et à des mini-conférences express chantées, dessinées et délicieusement absurdes sur sa vision bien particulière de Gatsby le magnifique et Star Wars. Il conclut un set enlevé et généreux avec une très belle version accompagnée au violon de 100 good things, chanson bilan, mais toujours ouverte sur l’avenir. Longue vie à Jeffrey Lewis et au plaisir de recroiser son drôle de chemin un jour.

La soirée était ambiancée par Vilain Merle (un des alias de Corentine, artiste rennaise et moitié du duo Super Crayon dont on a déjà pu apprécier les talents lors de la première soirée du 4ème Pies Pala pop Festival) . Merci à Elle d’avoir soigné nos oreilles avec ses sélections hautement contrastées et totalement irrésistibles.

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Samedi 4 octobre à Grabuge : Release party Fauna Nova et This Will Destroy Your Ears

Le lendemain, nous étions de retour à la Courrouze pour découvrir le bar Grabuge et célébrer en fort bonne compagnie la sortie du premier long format de Fauna Nova. Le groupe a d’abord été le projet de Maxime Poubanne (Tchewsky and Wood / We Are Van Peebles) qui y compose, programme, joue de la guitare et chante et de Pierre Alexis Rouillé AKA Péah (Memoranda) aux synthés et au gong. Il est désormais complété par Nicolas Disez (Nüde) à la basse et au chant. Leur musique entre groove hypnotique kraut rock, vertiges psychédéliques et rock synthétique brumeux s’adresse autant au cerveau qu’aux tripes et au bassin. Leur très réussi premier long format FURZ/BOTCH est sorti le 26 septembre 2025 grâce aux forces conjointes des labels Araki Records, Mimizu Izuru, Ideal Crash label, Kerviniou Recordz, URGENCE DISK RECORDS et de la Ferarock et on vous le conseille très chaudement. On vous invite aussi à lire la très chouette discussion qu’on a eu avec le groupe sur le disque.

Devant un Grabuge plein à craquer, le trio va nous livrer une belle prestation malgré le stress de jouer devant les camarades et des soucis de son. Peu importe la technique quand la générosité et l’énergie sont là. On a particulièrement apprécié les quelques inédits et des versions très enlevées de Beast et Animals en guise de bouquet final assez ébouriffant.

La soirée se prolongeait avec le trio des Landes This Will Destroy Your Ears. Comme annoncé, le groupe ne fait pas de cadeau à nos tympans et nous balance à plein volume un post punk noisy bien abrasif et puissant. Des larsens bien tranchants, des rythmiques surpuissantes, il y a tout pour nous plaire là-dedans et pourtant le set nous laisse un peu perplexes sur la longueur. Peut-être que ça manque un peu de relief pournous ou que c’est le chant qui nous laisse de marbre mais on en ressort mitigé. On vous invite cependant à vous faire votre propre avis, car la bande semble hautement sympathique.

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Dimanche 5 octobre à la Chapelle du Conservatoire : Melissa Weikart, The Lentils et Lina Tullgren

Changement radical de style avec le chouette goûter dominical et musical organisé par les expert.e.s en la matière de Des Pies Chicaillent en collaboration avec les Tombées de la Nuit et le Conservatoire de Rennes.

Ça démarrait avec un solo au piano de la franco-américaine Melissa Weikart. Sa musique entre avant-pop intimiste et bidouillée, jazz feutré et folk est proche des univers musicaux de Kate Bush ou Lana del Rey. À l’écoute des disques, nous avions regretté un petit côté « surjoué » dans l’interprétation mais les versions live de ses compositions tout en sensibilité vont beaucoup plus nous convaincre. On se laisse donc totalement emporter dans une délicieuse et aventureuse rêverie dominicale parfaitement accompagnée par un jeu de piano tout en finesse même dans les petites bidouilles. On ne pouvait lancer mieux cet après-midi.

La jeune femme revient ensuite sur scène car elle connait bien et accompagne au piano les deux formations qui vont suivre. C’est The Lentils qui enchaine. Ce collectif de Los Angeles ayant regroupé jusqu’à une cinquantaine de membres autour du fantasque Luke Csehak s’incarne ce jour-là en un quatuor piano-violon-batterie et guitare. On retrouve avec plaisir l’absence de limitations stylistiques et le goût de l’aventure de la formation pour un set mêlant pop sixties, free rock psyché, folk azimutée… C’est délicieusement étrange et un peu bancal par moment, mais aussi plein d’un charme enfantin et malicieux. La délicieuse traduction littérale des titres des morceaux lue par Luke avec un accent américain à couper au couteau participe beaucoup à la malice du set.

Avec une surprenante rapidité, Lina Tullgren va passer du violon et la guitare pendant que son complice Luke Csehak  lâche sa six cordes pour une trompette. Elle va interpréter les titres de son dernier album : Decide Which Way The Eyes Are Looking, sorti en février 2025 chez Post Present Medium. Le disque ne quitte plus nos platines depuis qu’on l’a découvert et les versions live vont littéralement nous enchanter. Jouer avec un certaine timidité qui ne fait qu’en renforcer l’émotion, cette vaste et très touchante collection de pépites de sadcore délicatement teintée de bossa et de psychédélisme doux nous fascine de bout en bout. Visiblement, nous ne sommes pas les seuls à prendre un plaisir fou à se laisser balader dans cette bulle délicatement expérimentale et le groupe a fort logiquement droit à un chaleureux rappel dont elle nous dit malicieusement qu’elle pensait que ce n’était réservé qu’aux seules rock stars. Ce jour là, ce fut ce splendide quatuor les stars.
Merci infiniment à Des Pies Chicaillent et leurs complices pour cette belle occasion de découvrir l’univers de la jeune femme en d’aussi parfaites conditions.

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