C’était à peine le tour de chauffe et c’était déjà un coup de maître. Nous étions à la veille du départ de ces TransMusicales 2012 et nous avons pris une dérouillée galactique. Le monumental concert des Cesarians à la Bascule mercredi 5 décembre prouve, s’il en était encore besoin, que le off n’a strictement rien à envier à la sélection officielle. Nous avions beau avoir été prévenus sur tous les tons, qu’est ce que c’était bon de se faire cueillir.
L’impeccable association Kfuel jouait à fond le contraste pour la programmation de sa soirée du mercredi 5 décembre au bar La Bascule. Avant les Sept merveilleux mercenaires londonniens des Cesarians, c’était toute seule, guitare à la main, que My Sleeping Doll avait le redoutable honneur d’ouvrir les hostilités.
Elle a pourtant plus que convaincu. Nous avions déjà apprécié les prestations précédentes de la rennaise, mais le projet commence à avoir une sacrée allure. On retrouve avec toujours autant de plaisir cette voix envoutante, qui vous accroche et ne vous lâche pas. Son jeu de guitares évocateur et sans fioritures, s’orne désormais de boucles de guitare donnant une belle ampleur à l’ensemble. En une quarantaine de minutes aériennes et mélancoliques (moins d’embarrassants temps d’accordage qui ne gêneront finalement que l’artiste), elle confirme amplement les talents de compositrice et d’interprète qui nous avaient déjà tapé dans l’oreille. Le public ne s’y trompe pas et l’accueil est attentif et chaleureux.
Une chose est sure, nous continuerons à suivre son parcours de très près.
On a beau être de nature suspicieuse, quand on entend pour la cinquième fois : «Quoi, tu n’as pas encore vu The Cesarians ! Tu vas te prendre une grosse claque.», on finit par se douter de quelque chose. Se prendre dans la face un concert exceptionnel sans y être préparé, c’est très agréable. Mais il faut bien avouer qu’être prévenu qu’on va voir du très bon, et tout de même se faire retourner comme une crêpe, ce n’est pas mal non plus.
Le conséquent barda de la belle équipe de Charlie Finke étant déjà en place, la suite s’enchaine prestement. Les sept musiciens, sapés comme pour un dimanche au champ de courses, s’installent avec une dignité toute britannique. Dès le premier morceau, les jeux sont faits. L’incroyable «Flesh is grass» n’est surement pas mis là par hasard, mais le mélange d’énergie folle, d’arrangements somptueux et d’une attitude à la fois malicieusement grandiloquente et pince-sans-rire, agit instantanément. Les derniers notes de ce monstrueux morceau d’ouverture sont suivies d’une telle ovation qu’il n’y a plus aucun doute : on va assister à quelque chose de grand. On passera l’heure suivante en apesanteur, abasourdi par une puissance scénique rarissime. Il y a bien sûr Charlie Finke, le chanteur survolté, susurrant ou hurlant avec une conviction imparable et dont la gestuelle excentrique et les mimiques seraient un spectacle à eux seuls. Mais il y a aussi tous les autres. D’abord la discrète mais indispensable pianiste, responsable de ses diaboliques arrangements, et aussi à l’aise sur quelques mesures cristallines de Sati qu’avec les décharges d’orgue électrifiantes de The Creation Theory ! Ensuite un batteur impassible mais à la frappe explosive, des cuivres et une violoniste aussi classieuses dans leur look que dans leur jeu et enfin un bassiste d’un sérieux inébranlable mais qui se révèle être l’indispensable colonne vertébrale de ce frénétique cabaret.
Ajoutez à ça que les habitués ont pu découvrir d’excellentes nouvelles chansons et que les interludes sont ponctués d’un humour teigneux et hilarant (mais hélas réservé aux seuls anglophones) qui vaudra quelques belles vacheries au Pape ou à Tony Blair, et vous obtenez un concert qui restera dans les annales.
Dire que cette magnifique bande a failli splitter dernièrement ! Qu’un groupe d’une telle force scénique reste aussi confidentiel, laisse plus que perplexe sur la curiosité de la presse musicale. Les zouaves nous ont annoncé sortir un nouvel album au mois de mars. On prie avec une ferveur inédite le panthéon complet, pour qu’ils en profitent pour revenir dans nos contrées.
Pour ce faire une idée du choc, vous pouvez allez voir les toujours impeccables vidéos de monsieur Appolomouse.
Hey mon cher Mr.B,
Merci pour le lien vers mon tube, je vais mettre le lien de ton compte-rendu sur la description des vidéos, car je ne dirai et n’écrirai pas mieux que toi la variété des émotions procurées par cette soirée inoubliable… Superbe compte-rendu une fois de plus. Par contre il faut vraiment qu’on lance une souscription afin de récolter des fonds pour que Gilles de la Bascule puisse rajouter ne serait-ce que deux loupiotes à sa caverne… C’est un vrai cauchemar pour la prise de vues (photos ou vidéos), j’avais espéré obtenir un beau noir et blanc bien contrasté comme sur la capture vidéo des Secret Chiefs 3 au Jardin Moderne, et malgré une optique plus lumineuse et une compensation d’expo, putain c’est sombre, les puits de lumières étant aussi rares que la flotte dans le désert, alors quand en plus on fait la mise au point en manuel c’est un vrai défi, surtout avec le gars Charlie qui bouge tout le temps…
Je suis en train de poster les concerts de L’Enfance Rouge avec Gégène Robinson, de Michel Cloup duo aussi, tout ça en intégralité, dommage que tu n’y étais pas, c’était dément, dans un autre registre. A venir aussi celui des We Are Van Peebles à l’étage, et puis ça sera malheureusement tout car j’ai fini sur les rotules…
A très bientôt!