L’Antipode laisse le contrôle aux sublimes Mansfield TYA ce samedi 19 novembre pour une nouvelle carte blanche, euh, pardon, carte noire… Une soirée qu’on ne manquerait pour rien au monde tant on a envie de plonger plus avant dans l’univers des deux Nantaises. Totalement aux commandes de cette carte noire, les filles ont choisi trois groupes pour tenir la scène à côté d’elles : Unison, Sieur et Dame et Mensch. Comme le principe de cette soirée est de découvrir plus avant l’univers des artistes invités, on a demandé à Mensch, Unison et Sieur et Dame de répondre à nos questions. Aujourd’hui, c’est Sieur et Dame qui s’y colle.
Si l’on en croit la légende, le duo Sieur et Dame s’est rencontré en donnant du pain aux chèvres dans le parc floral de Nantes… Pas vraiment courant sur une bio d’artiste, cette entrée en matière. Pourtant, l’un des aspects essentiels de Sieur et Dame, entendez le burlesque, y est par là même déjà mis en avant. Tout en même temps déjanté et mélodiquement addictif, le duo nantais Sieur et Dame allie en effet pop foutraque et dérangée à un chant lyrique sur des paroles tout autant perturbées. Après une première écoute qui nous a laissés d’abord perplexes, on s’est laissé totalement gagner par les mélodies obsédantes de leur second album, Perversion discrète (le duo composé de Claire Grupallo et Etienne Anclin avait déjà sorti un premier opus Terrorifié auparavant). Sorti sur l’éclectique label Kythibong (qui va du drone expérimental de Chausse Trappe jusqu’au math-rock de Papaye en passant par la synth-noise de Marvin), Perversion Discrète mêle à la fois la narration des aventures sexuelles de King Kong à un Eroto manuel improbable, des instrumentations baroques à des guitares plus rock, des voix contrefaites à du chant lyrique . On a donc voulu en savoir plus sur ce duo qui ne ressemble à rien de ce qu’on connaît. C’est Claire de, et pour, Sieur & Dame qui répond à nos questions.
Alter1fo : Pourriez-vous nous raconter la genèse de Sieur et Dame ? La légende parle d’une rencontre au parc floral de Nantes avec des chèvres. Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter ce duo ?
Claire de et pour Sieur et Dame : Nous avons commencé à jouer ensemble à l’occasion d’un vernissage d’une exposition sur Daniel Johnston. Etienne m’a proposé de chanter sur quelques morceaux qu’il avait composés. Cette expérience nous a plu, nous avons poursuivi.
On a été surpris, en découvrant votre musique, par l’alliance de genres a priori antinomiques (chant lyrique, musique baroque, post rock, chanson burlesque mâtiné de cabaret) et le mélange des tons. Et tout ça, souvent, à l’intérieur d’un même morceau ! C’est à la fois complètement déjanté, bancal et émouvant. On doit avouer que vous ne ressemblez pas à grand chose qu’on connaît… Quelles influences revendiqueriez-vous, vous, de votre côté ?
Nous n’avons pas d’ a priori sur ce que doit être une musique. Etienne et moi avons des expériences très diverses. Pour ma part, je pratique le chant lyrique, j’aime la musique baroque, Shannon Wright, P.J. Harvey, etc, et dans le fond notre musique essaye, avec le moins de préjugés possibles, de rassembler, le plus librement qui soit, ces expériences. En fait, cette musique, c’est celle qui nous ressemble le plus, j’espère. Cet univers de bric et de broc, c’est tout simplement ce que nous sommes.
Si vous deviez citer trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
La vie est trop complexe pour la réduire à trois disques fussent-ils extraordinaires.
Votre second album, Perversion Discrète, est sorti en avril dernier. Quelles étaient vos envies avec ce disque ?
Le disque est une occasion de voir de l’extérieur notre musique. Lorsqu’on joue sur scène on l’incarne, on n’a pas de recul. Avec le disque, on l’observe, on la corrige. Cela nous a permis de la ciseler davantage. L’apport de nos amis musiciens (Carla Pallone et Will Guthrie et Mériadeg Orgebin) lui a donné des couleurs inhabituelles. Ca nous a permis aussi de trouver une autre façon d’exprimer notre musique. Tout cela nous construit et nous ouvre des chemins pour ne pas nous répéter par la suite.
Comment composez-vous ? A deux ? Vous improvisez ? Comment la partie plus « lyrique » s’articule-t-elle progressivement avec le reste du morceau ? Ou peut-être vient-elle en premier ?
En général, Etienne arrive avec des mélodies à la guitare ou au piano. De là découle un univers, puis, nous composons et arrangeons ensemble. La partie lyrique n’est en rien quelque chose de calculé, cette façon de chanter m’est familière, c’est donc naturellement qu’elle émerge.
D’où viennent les histoires (assez déjantées, on doit le dire !) que racontent vos chansons ?
De nos vies, fantasmes, cauchemars, frustrations, de tous nos états intérieurs,…
Une chose nous frappe, c’est que malgré son côté profondément loufoque, votre musique repose en parallèle sur des mélodies imparables qui vous rentrent insidieusement en tête et qui au bout de trois écoutes, ne vous lâchent plus. Cet aspect mélodique avant tout/malgré tout, c’est quelque chose de voulu ?
Personnellement, je suis très sensible à la mélodie, plus qu’aux paroles. Dans un chant, c’est la mélodie que je retiens pas les mots. Dans le répertoire classique, les mélodies sont souvent au cœur des œuvres vocales. Donc, oui c’est voulu, pas intellectuellement, mais sensiblement.
Pouvez-vous nous parler de la rencontre avec Kythibong qui a sorti ce second album ?
Nous nous connaissions, ils nous avaient vus sur plusieurs concerts, et appréciaient notre musique. Nous leurs avons soumis l’enregistrement, ils l’ont apprécié, et notre collaboration a démarré là. De notre côté, nous nous reconnaissons dans les autres groupes présents sur le label, ainsi que dans leur démarche.
Mansfield TYA vous ont invités à jouer lors de leur carte noire à l’Antipode à Rennes. Carla joue d’ailleurs sur Perversion Discrète. Comment s’est passée la rencontre ?
C’est une rencontre sur plusieurs plans. Ça part d’une amitié, puis je suis assez sensible à leur musique, et je crois qu’elles ont pour notre univers musical quelques reconnaissances. C’est donc assez naturellement, que nous avons demandé à Carla de donner quelques couleurs à notre musique avec son violon, et elle réussit ça magnifiquement. Ça tient , comme souvent, à la reconnaissance musicale et à l’amitié.
Qu’est-ce que vous aimez (éventuellement !) chez les Mansfield TYA ?
Leur univers, leur sensibilité. C’est à la fois sombre, doux, mélodique, énervé, enchanté,… J’aime l’approche de leur dernier disque « NYX », sous forme de chapitres, des morceaux qui s’étendent, se développent, prennent le temps d’exprimer …
Qu’attendez-vous de cette soirée ?
De passer un bon moment, musical, amical et de rencontres…
Pour finir, après ce concert à Rennes, quels sont vos projets à venir ?
Tourner, et enregistrer un nouvel album, mais sous une forme différente, nous enregistrerons au fur et à mesure des compositions. Notre musique se cherche toujours, nous ne croyons pas qu’elle puisse aboutir à une forme finale, elle est et elle sera, nous l’espérons, en constante métamorphose, avec, peut-être, une certaine continuité, un côté sombre, et un côté burlesque.
Merci !!
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Sieur et Dame sera en concert à l’Antipode samedi 19 novembre dans le cadre de la carte noire à Mansfield TYA, avec Mansfield Tya, donc, mais aussi Unison et Mensch. – 20h30, Antipode, 2 rue André Trasbot, Rennes.
Tarifs : Sortir ! : 4€ / Membres : 12€ / Location : 14€ / Sur place : 16€
Plus d’infos : http://www.antipode-mjc.com/evenements-antipode-mjc/concerts/carte-blanche-a-mandfield-tya/
Sieur et Dame : http://www.myspace.com/sieuretdame