Route du Rock 2012 : Sous les pavés, les étoiles

Nous avons cru comprendre que la programmation du dimanche de cette édition soulevait moins l’enthousiasme que celles des deux précédentes. Tentative de rectification car c’est tout simplement avec deux légendes que nous aurons rendez-vous ce soir là.

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Comme d’habitude, vous serez bien inspirés de ne pas franchir l’entrée du Fort Saint Père trop tardivement. Nous vous avons déjà dit tout le bien que nous pensons de Judah Warsky et nous comptons fermement sur la fougue de Cloud Nothings pour nous mettre dans les conditions idéales pour celui qui doit être, plus que probablement, une de ses principales inspirations.

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Quand Stephen Malkmus et Scott Kannberg, deux étudiants de Los Angeles se mettent à la musique ce n’est qu’avec la seule ambition d’enregistrer un seul et unique 45 tours. Il faudra la rencontre de Gary Young (batteur déjanté et ancien punk) puis du bassiste Mark Ibold pour que leur projet prenne forme d’un groupe : Pavement. Young rendu totalement imprévisible par excès de drogue sera vite remplacé aux futs par Steve West. En dix ans d’existence (entre 1989 et 1999), ils font produire cinq albums dont les trois premiers restent de purs bijoux de fausse indolence indy rock. Inspiré par The Fall et Sonic Youth, le groupe se distingue par un sens mélodique imparable, toujours présent même dans le bouillonnement bordélique d’arrangements aussi simples qu’approximatifs. La voix de Malkmus, trainante et indocile alliée à des paroles sibyllines et bourrées de métaphores hilarantes donnent également à leurs compositions un charme modeste mais irrésistible qui les placera à une place toute particulière dans le cœur des indy-kids.

Après leur séparation, Malkmus poursuivra une carrière solo (en plus d’une collaboration prolongée avec les Silver Jews). Ses premiers essais peineront à convaincre mais son dernier disque sous le nom Stephen Malkmus & The Jicks : Mirror Traffic, produit par Beck en 2011, montre un retour en forme du bonhomme. En quinze titres catchy et délicieusement imparfaits, le bonhomme prouve qu’il n’a rien perdu de son sens de la ritournelle tordue.
Avec un tel catalogue de perles, il a toutes les armes pour ravir les fans bien sûr, mais aussi tous les amateurs d’une pop-rock dissonante et joyeusement foutraque.

Dimanche 12 août – 20h20 à 21h30

Plus tard dans la soirée, on change radicalement de style avec Mazzy Star. Le cœur de ce groupe mythique, fondé lui aussi en 1989 en Californie, est un duo. Et quel duo !

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En 1988, le guitariste David Roback est obligé de trouver de toute urgence une chanteuse remplaçante pour son groupe Opal. La titulaire ayant décidé de tout plaquer pour partir à la campagne, il choisit dans la précipitation Hope Sandoval, une admiratrice dont il a apprécié la voix dans un groupe folk Rock. Sous l’influence de cette dernière, la musique d’Opal va tellement évoluer qu’ils décident de rebaptiser le groupe. Mazzy Star est né. L’alliance de la voix envoutante de Sandoval et des fulgurances folk-rock-psyché de Roback va produire trois disques totalement merveilleux : She hangs Brightly (1990), So Tonight That I might See (1993) et Among My Swan (1996). Ce triptyque d’une grande cohérence vous propulse dans un univers à l’atmosphère unique. La rythmique est hypnotique et langoureuse, mais tendue à l’extrême par une guitare tortueuse pouvant faire parler la foudre à chaque instant. Oscillant entre les ballades enivrantes du Velvet Underground et la froideur glacée des Jesus & Mary Chain, on entre doucement dans ces ambiances vaporeuses, mais c’est au risque de ne jamais pouvoir en ressortir. La voix d’Hope Sandoval est à elle seule un poème. Ensorcelante et sensuelle à l’extrême, son phrasé trainant et énigmatique vous transporte sans jamais vous laisser l’impression d’être tout à fait en sécurité.

Fort Saint Père prends garde à toi, le charme vénéneux de Mazzy Star va bientôt infiltrer tes murailles.

Les aficionados ont d’ores et déjà leurs places mais la soirée est loin de faire le plein. Nous ne pouvons donc que fortement vous conseiller de tenter l’aventure, vous risquez bien de succomber aux charmes diamétralement opposés de ces groupes discrets mais essentiels à ceux qui les connaissent.

Dimanche 12 août – 23h00 à 00h10

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