[report] Whispering Sons & Porridge Radio @ Antipode : Fils prodiges

C’est parti et bien reparti pour la programmation concert du nouvel Antipode MJC. Le mercredi 3 novembre, les anglaises de Porridge Radio et les belges de Whispering Sons nous ont offert un test à haute intensité du chouette espace Club de l’endroit. Retour sur une belle soirée d’ouverture mais aux promesses plus ou moins tenues.

Lors de la visite guidée du nouvel Antipode MJC qui avait précédé notre riche discussion avec Stéphanie Thomas-Bonnetin, la nouvelle directrice du lieu, nous avions bien sûr été impressionnés par l’imposante grande salle mais également très enthousiasmés par les possibilités de la plus modeste salle du Club. Avec sa jauge de 150 personnes et son bel espace rectangulaire longeant le bar où la frontière entre scène et public est plus que ténue, le lieu est parfait pour de belles collisions musicales. Le premier test pour nous de ce postulat avait lieu mercredi 3 novembre avec deux formations qu cochaient tous les prérequis pour que la soirée soit aussi conviviale qu’explosive.

Le quatuor de Brighton Porridge Radio ouvrait le bal, formé en 2015 à l’initiative de la chanteuse Dana Margolin. La bande nous avait bien séduit avec leur second album Every Bad sorti en mars 2020 chez Secretly Canadian. Avec ses textes au vitriol, sa grande variété et ses compos aussi irrésistibles que retorses, l’album ne manque en effet pas de charme. Même quand elles s’aventurent sur des terrains pop plus balisés, la voix rageuse de la chanteuse réussit à tirer les compositions au dessus du lot. Nous étions donc très curieux de découvrir les versions live des titres qui nous avaient bien accroché l’oreille.
À la guitare et au chant, nous retrouvons la très charismatique Dana Margolin. Elle est entourée de Maddie Ryall à la basse et de Georgie Stott aux claviers qui l’accompagnent également au chant et de Sam Yardley à la batterie bien planqué en fond de scène. Le set démarre en douceur avec le faussement doucereux Eugh puis se prolonge avec un mélange de nouveaux titres et une large rasade des titres de leur second album Every Bad. Malgré des arrangements vocaux à trois voix assez plaisants et une implication totale de sa frontwoman, le groupe peine pourtant à faire monter en puissance ses compositions. On aurait aimé des versions pleines de fougue et d’ampleur des terribles Born Consused ou Sweet. Hélas à de trop rares exceptions près, comme un long envoutant à souhait et un Lilac final bien pêchu, l’ensemble nous semble rester bien globalement trop sage et épuré. Le plus dommage étant que ce manque de relief est compensé par Dana Margolin qui du coup force sa voix en permanence et perd en finesse et en relief. Un set pas désagréable au final mais qui nous laisse méchamment sur notre faim.

Après ce démarrage légèrement frustrant, nous attendions de pied ferme les Whispering Sons pour faire monter la température. Le rendez-vous avec le quintet belge a été plusieurs fois reporté pour cause de vous-savez-quoi, mais il est enfin temps de voir la bande sur scène à Rennes. Le groupe originaire du Limbourg et désormais installé à Bruxelles avait déjà frappé très fort avec son premier album Image sorti en octobre 2018 chez Pias et doublé la mise avec leur second disque Several Others, sorti en juin 2021, qui élargissait brillamment le champ des possibles de la bande tout en dépassant les références un peu trop évidentes de leur premier essai. Sur ce second opus, on ressent dès la première écoute que chaque titre a été construit et taillé pour exploser dans toute sa puissance sur scène.
Ce ressenti va nous exploser à la tronche dès le début d’un set merveilleusement furieux. Le groupe met d’emblée le feu aux poudres avec l’imparable combo Dead End / Heat. Dès cette explosive ouverture, tout est en place. La basse implacable de Tuur Vandeborne fusionne parfaitement avec la frappe tortueuse mais puissante de Sander Pelsmaekers et la guitare vénéneuse et cinglante de Kobe Lijnen. Quand à dire que la chanteuse Fenne Kuppens fut à la hauteur de nos attentes, c’est un doux euphémisme. Présence folle, intensité physique parfaite d’une bout à l’autre d’un set pourtant très généreux, voix d’or et de ténèbres, la jeune femme assume avec une classe folle son rôle de détonateur à mèche courte. Le groupe a visiblement bossé comme des dingues un set  parfaitement équilibré et mené sur un rythme délicieusement infernal de bout en bout. Sans nous laisser à aucun moment le temps de reprendre notre souffle, ils enchainent ensuite le puissamment lancinant Got A Light avec son glaçant refrain (How are you feeling? good) et son final stratosphérique, le diablement Kraut Rock White Noise, le riff diabolique du tubesque Alone et le Vision et son labyrinthe rythmique qui s’embrase à mi-morceau. Nous en sommes à peine à la moitié du set et le public est déjà largement conquis. Kobe Lijnen lâche alors sa six cordes pour accompagner au piano les pulsations mécaniques de la déchirante complainte Screens. Cet aparté, en suspension au dessus du vide, réussit sans rougir de la comparaison à nous évoquer Portishead et les frissons dans l’échine qui vont avec.  La bande ré-accélère ensuite plein pot avec l’inexorable Flood qui fonce dans le mur avec une classe irrésistible suivi des tout aussi implacables Surface et Hollow. Pour boucler le set, la bande repart ensuite du côté du dernier album. Elle redémarre par une nouvelle suspension tout en émotion avec Aftermath aux splendides arrangements piano/clavier entre ascension et effondrement puis nous refile un coup de fièvre final avec la combinaison des beats frappant au plexus et de la basse assassine de Satantango (petite pensée pour la magnifique et monstrueuse odyssée filmique de Béla Tarr) et du cataclysmique Surgery. Après un rappel amplement mérité, le groupe revient pour deux morceaux : une ballade aussi somptueuse qu’inidenditiée et un dévastateur Waste interprété avec autant de fougue que si c’était le premier morceau.
Merci et bravo aux organisateurs et aux Whispering Sons d’avoir si brillamment inauguré et exploité un lieu dont le potentiel désormais validé nous promet de futures très belles soirées. Le prochain rendez-vous pour nous sera le vendredi 19 novembre, dans la grande salle cette fois, avec une affiche de rêve : Bacchantes et Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp en format XXL.

Notre galerie photos complète de la soirée :
Whispering Sons & Porridge Radio @ Antipod, Rennes

1 commentaires sur “[report] Whispering Sons & Porridge Radio @ Antipode : Fils prodiges

  1. BenjMo

    J’ai vécu un super concert de Whispering Sons même si j’ai trouvé l’ambiance dans le public un peu décevante. Il y avait tout pour que ça bouge, surtout vu la configuration de la salle club, mais tout est resté relativement calme.
    J’imagine que c’est lié à la gratuité pour les adhérents ADMIT, tout le monde ne connaissait certainement pas le groupe. Mais j’espère pouvoir les revoir avec un public gonflé à bloc et dans une plus grande salle !

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