C’est déjà septembre. Pour vous en consoler, l’association Kfuel nous offre un duo de soirées, regroupant rien de moins que la crème plus ultra de ce qui se fait actuellement en matière de noise-rock furibard, outre-atlantique comme par chez nous.
Première salve, jeudi 6 septembre vers 21h, dans ce qui fait désormais parti des monuments classés de la musique rennaise : le bar La Bascule.
Ça commencera avec Minia Zavout (« Je m’appelle» en russe), bel espoir de la scène noise locale. Projet fêtant à peine son premier anniversaire, ce duo composé de Jérome à la guitare et d’Anne-So derrière la batterie, a proposé deux titres sur son bandcamp qui ont ravi les oreilles des amateurs de musiques dissonantes à la colère orageuse. Revendiquant des influences aussi bien du côté des Thugs que des plus lourds et violents Unsane ou Young Widows, ce qu’on a pu entendre d’eux évoque la noise frontale de Tar et les accents rageurs d’un chant à la Fugazi.
C’est peu dire qu’on à hâte de découvrir ce très prometteur binôme sur scène.
La formation fait partie de cette petite nébuleuse de groupes rennais entre noise/math/post-rock, tous plus au moins connectés, et qui commence à former une scène locale diablement excitante et prometteuse.
Nous sommes très contents d’avoir la chance de pouvoir voir le second groupe de la soirée dans le coin. Buildings, trio de Minneapolis, biberonné à l’impressionnant catalogue du mythique label local Amphetamine Reptile Records (The Cows, Hammerhead, Melvins, Jesus Lizard, Unsane…entre autres) , a en effet commis un des disques les plus ébouriffants de 2012. Avec Melt, cry, sleep, leur seconde galette enregistrée à Chicago avec l’inévitable Bob Weston (Shellac), les trois zigues ont impressionné les chroniqueurs du cru avec 10 titres d’un post-punk-noise furieux et implacable.
On n’en attend donc rien de moins qu’une monumentale dérouillée.
Jeudi 6 septembre 2012- Bar la Bascule, 2 rue de la Bascule, Rennes – 21h – 6 euros
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Tout ça est déjà fort beau, mais ce ne sera pourtant que l’échauffement. Vous aurez à peine le temps de vous remettre qu’il faudra dès le lendemain être impérativement présent pour le second round au Mondo Bizzaro.
Le temple de l’avenue Patton accueillera ainsi deux des formations hexagonales les plus épatantes du moment.
D’abord les imprononçables nantais de ChooChooShoeShoot. Deux guitares (dont une baryton), une batterie et une chanteuse déchainée, pour produire un noise rock, certes proche des figures tutélaires du style comme Big’N ou Shellac, mais qui en prenant son temps a su trouver sa propre voie. Preuve en est la réussite éclatante de Playland, leur excellent deuxième album. Enregistré à Quimperlé, par les bons soins de l’incontournable Miguel Constantino (le Bob Weston finistérien ayant à son actif une pelletée de groupes qu’on adore : Marvin, Papier Tigre, Passe Montagne, Papaye, The Patriotic Sunday, Centenaire, la terre tremble !!!, Fago Sepia…), le disque regroupe huit terrassants enchainements coup au foie/uppercut qui devraient faire des merveilles en live. Encore une claque qu’on a hâte de prendre donc.
La température ne risque pas de baisser avec Café Flesh. Les cinéphiles amateurs de pornographie surréaliste des 80’s auront surement frémi à l’évocation de ce classique du X zarbi, mais les fans de musique poisseuse et électrifiante ne devraient pas être en reste. Fort de trois albums, dont le terrible Lions will no longer be king, encore enregistré par Constantino, ce quatuor de Jarnac pratique un blues punk bien hardcore et velu à souhait. Les brailleries rauques et les ensorcelantes volutes saxophonesques du possédé Thomas Beaudelin, soutenues par un tout aussi impressionnant trio guitare/basse/batterie, font instantanément mouche et ne devraient laisser aucune chance au public.
Du rock direct et exaltant, sentant la sueur et les bayous les plus méphitiques, influencé par les Cows et Rocket From The Crypt, qui risque bien de faire monter le Mondo Bizarro au delà de son point de fusion.
Malgré cela, l’apothéose des deux soirées devrait pourtant être la venue de la sensation noise-rock du moment : Hawks. La «vedette américaine», dont le nom est dans tous les esprits s’intéressant un tant soit peu à la noise actuelle, avait mis tous les potards dans le rouge en 2011. Après un barburner plus que prometteur, ces gars d’Atlanta avaient en effet enchainé avec un Rub confirmant amplement les espoirs placés en eux. Ce second album sanglant et sans merci, dont les compos redoutables et bien planquées dans un magma bruitiste alliées à un chant impérieux et terrifiant, avait fait nos délices. A peine le temps de s’en remettre qu’est sorti en août : Push over, nouvel album produit par Kyle Spence (batteur chez Harvey Milk), toujours dans une lignée Big’ N, Unsane, Jesus Lizard mais que les premiers échos annoncent plus acéré et varié, tout en étant toujours aussi redoutable. Première bonne nouvelle : le disque est cette fois distribué en France par Rejuvenation sous la forme d’un splendide vinyle blanc aspergé de rouge. Seconde bonne nouvelle : vous allez pouvoir venir prendre directement une bonne grosse torgnole sonique, ce vendredi au Mondo Bizarro.
Vendredi 7 septembre 2012- Mondo Bizarro, 264 av du Général Patton, Rennes – 20h30 – 7 euros
En deux jours, et pour des sommes totalement ridicules pour la qualité de ce qui vous est proposé, vous pourrez vous prendre en pleine poire un concentré à haute teneur en décibel de ce qui se fait de mieux aujourd’hui dans un style de rock rugueux et abrasif. Rigoureusement immanquable. L’année Kfuel commence très, très fort.