Le second volet de la savoureuse série de concerts printaniers concoctée par l’association Kfuel se déroulera jeudi 23 avril au 1988 Live Club. Une soirée extrêmement classieuse avec la venue inespérée de Last Harbour et Ormonde, deux très belles formations de l’excellent label mancuniens Gizeh Records et le retour des épatants locaux de Fat Supper.
Pas de répit pour les braves. Les concerts immanquables continuent de s’enquiller sur un rythme totalement déraisonnable. Toujours dans le haut de notre petite liste personnelle, l’association Kfuel proposera jeudi 23 avril une immanquable soirée au 1988 Live Club où, pour notre plus grand plaisir, elle a laissé parler sa tendance cœur d’artichaut.
Le label Gizeh Records est une très sympathique structure fondée en 2004 par Richard Knox à Leeds mais désormais basée dans la riante ville de Manchester. Il regroupe aujourd’hui une grosse douzaine de formation dont la seule que nous connaissions au départ était Farewell Poetry (collectif où l’on retrouve Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul de Oiseaux Tempête). Dans tous ces groupes, on retrouve aussi bien de l’ambient, de l’électro, du classique moderne que du rock expérimental, le tout lié par une belle ouverture d’esprit, une éthique D.I.Y. à souhait, un sens esthétique certain et un savoureux credo : The Noise Of Harmony and The Harmony Of Noise.
Parmi toutes ces formations, les somptueux morceaux de Last Harbour nous ont frappé direct au cœur. Ce collectif de Manchester formé en 2002 est composé à la base de K. Craig (chant), Gina Murphy (chant et clavier), James Youngjohns (orgue, guitare… et alto !), David Armes (guitare, orgue), Michael Doward (basse, chant) et Howard Jones (batterie, percussions). Il n’hésite pourtant pas à accueillir de nombreux invités sur scène comme sur disque. En 13 ans d’existence, ils n’ont pas chômé puisque leur discographie compte déjà pas moins de 9 albums. Alors qu’ils avaient enregistré les deux précédents avec Richard Formby (Spacemen 3, Ghostpoet), ils ont cette fois pris le temps de construire leur propre studio pour avoir les coudées franches sur Caul, leur dernier album sorti en février dernier. Sur ce disque, ils ont réussi à pousser plus loin leur envies d’expérimentations dans le son, les compositions ou l’utilisation d’une variété impressionnantes d’instruments, mais sans jamais perdre le sens mélodique remarquable dont faisaient preuve leurs précédentes compositions. Il en résulte huit splendeurs, très variées mais fidèles à l’esprit de leur folk-rock baroque, mélancolique et fiévreux tout en y ajoutant une touche délicate et subtile de sonorités étrangement envoûtantes. Entre la fureur poisseuse de Nick cave et ses Bad Seeds, la folie grandiloquente des Cesarians, la suave mélancolie de Tindersticks, le spleen solaire de Sparklehorse, les crooners possédés comme Scott Walker ou Simon Huw Jones d’And Also The tree… la musique de Last Harbour est un roller-coaster sensoriel et sensible d’une intensité peu commune. Si l’on en croit l’excellence de leurs deux disques live disponibles (en téléchargement libre, foncez!) la formation gagne encore en puissance sur scène et devrait donc immanquablement nous coller un grand frisson des plus mémorables.
Seconde formation de Gizeh Records présente ce soir-là, Ormonde vient elle de Seattle. Si vous êtes vieux, vous connaissez peut être la superbe voix d’Anna-Lynne Williams pour sa participation dans Trespassers William. Elle forme désormais le duo sus-nommé avec le talentueux multi-instrumentiste et producteur Robert Gomez. Ils ont ensemble gravé deux albums : Machine, sorti en 2012 et le plus récent Cartographer/Explorer sorti en 2014. Ils y développent avec une grâce remarquable un indy-rock éthéré et sensible, mâtinée de shoegaze. Portées par un duo de voix qui filent la chair de poule et l’élégant jeu de guitare de Gomez, leurs compos naviguent entre la limpidité mélodique d’une Laura Veirs et la vaporeuse émotivité de Broadcast. Une autre machine à émotions fortes donc, qu’il serait plus que dommage de louper. Venez donc tôt, puisqu’ils ouvriront la soirée vers 20h30.
En savoureux complément à toute cette beauté, vous aurez en plus la chance de retrouver le quatuor rennais Fat Supper. Léo Prud’homme (guitare et chant), fondateur de Leo88man et clavier de Bed ou The Enchanted Wood, André Rubeillon (guitare et basse) également fondateur de Moon Palace et co-compositeur de Leo88man, Yoann Buffeteau (guitare baryton, claviers, cocktail drums) également graphiste de talent, et Pierre Marolleau (batterie et chant), batteur des feux Fordamage, Ladylike Lilly ou The Enchanted Wood ont confirmé leur grande forme lors d’une mémorable soirée carte blanche aux dernières Embellies qui célébrait en grande pompe la sortie d’Academic Sausage, leur second album, chez les épatants Disques Normal. Après un déjà très bon premier LP (Fat Supper, 2013) et un EP (Flat Supper, 2013) tout aussi intéressant, la dernière livraison des lascars enfonce le clou avec un disque enregistré chez leur ingé son live d’alors, Antoine Lacoste, qui les a parfois aiguillés sur certains choix artistiques, et qui est parvenu à rendre leur énergie live sur galette. Cet Academic Sausage joue ainsi les montagnes russes, entre tensions et accalmies, mais toujours avec une âpreté de velours. Rock, mais ouvert aux influences, avec une lichette de noise, de garage, de guitares crades, des voix rocailleuse et/ou sensuelle, mais surtout des trouvailles rythmiques et harmoniques toujours au service d’une efficacité redoutable. La bande dispose donc déjà de munitions plus que conséquentes mais elle est également une des plus redoutables formations live du moment. Surtout qu’ils prennent un malin plaisir à pousser dans leur retranchements, voire à mettre sans dessus dessous, leurs morceaux sur scène. A ne louper sous aucun prétexte donc.
Retrouvez toute la bande en interview pour apprendre tous les ingrédients secrets de leur roboratif second album.
Jeudi 23 avril 2015 – Le 1988 Live Club, 27 place du Colombier, Rennes – 20h30 – 6 €