Les Embellies : The Last Morning Soundtrack en interview

Quasiment un an jour pour jour après son passage aux Embellies 2011, Sylvain Texier aka The Last Morning Soundtrack  sera une nouvelle fois mis à l’honneur pour cette 14ème édition… Enfin, plutôt, en cerise sur le gâteau, puisque le festival s’offrira une dernière soirée à l’Ubu le 16 mars avec cette carte blanche à The Last Morning Soundtrack. Le  musicien rennais a eu le temps de peaufiner son spectacle accompagnant la sortie de son premier album pop folk mélancolique après un an de tournée et de création. Nous pourrons ainsi découvrir le spectacle abouti ce 16 mars sur la scène de l’Ubu. Il sera notamment enrichi de projections vidéos, au cœur d’un décor créé pour l’évènement. L’occasion pour nous de revenir sur l’interview qu’il nous avait gentiment accordée il y a tout juste un an, alors qu’il entamait une longue tournée qui l’amène ce jeudi soir à l’Ubu pour cette nouvelle édition des Embellies : une manière de boucler la boucle…

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning SoundtrackAlter1fo : Est-ce que tu peux nous rappeler la genèse de The Last Morning Soundtrack ?

Sylvain de The Last Morning Soundtack : Le projet est né fin 2008. J’ai posté un morceau sur Myspace anonymement. Au début, je ne voulais pas du tout faire de concerts ou en faire quelque chose. C’était vraiment pour voir ce que les gens pouvaient en penser. Mais l’engouement a été tel que finalement les gens m’ont demandé 2, 3, 4 chansons… Et puis ils m’ont demandé des concerts, des disques… Ça a été assez fou les premiers mois. J’ai eu énormément d’écoutes sur Myspace… A l’époque ça marchait bien encore (rires). Les questions se sont donc posées pour le live, le disque. Et puis en février 2009, on a commencé à faire des scènes. En formule à cinq au début et aujourd’hui, on est en formule à deux, plus intimiste.

Pourtant tu faisais des choses avant, tu étais batteur de Pleyad notamment… Comment as-tu eu envie de te diriger vers un projet solo, plus personnel ?

Ce n’était pas vraiment une envie en fait. C’est vraiment un hasard. Quand j’ai composé mes chansons en 2007, quelque chose comme ça, je ne me voyais pas du tout en frontman. J’étais très bien derrière ma batterie et je ne pensais pas pouvoir assumer le rôle de chanteur guitariste. C’est vrai que j’avais une expérience de la scène, des salles… Mais au final pas tant que ça. Aujourd’hui, c’est multiplié par 10, finalement. Ça a pris une telle ampleur que mes expériences passées sont presque fades à côté. C’est génial et plutôt agréable !

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning SoundtrackTu nous avais dit il y a un an que tu avais enregistré l’album en août 2009, mais que le mixage ne te plaisait pas. Qu’il fallait le retravailler. Quelle différence y a-t-il dans le son par rapport à la première version ? Qu’est-ce que tu voulais mettre en avant ?

En fait, on a pris le temps de refaire toutes les guitares, toutes les voix. On a refait des claviers, des cordes. Autant dire qu’on a refait cinquante pour cent de l’enregistrement (rires). On a refait le mix à cent pour cent.

Qu’est-ce qui a changé dans le son avec ce nouveau mixage ?

Quand on est sorti du studio avec le premier mixage, on avait quelque chose d’assez brut… C’était presque agressif. Ce n’était pas quelque chose de doux, de cotonneux. On avait mis une seule voix sur les voix lead, alors que là, on en a mis deux, ce qui donne un côté beaucoup plus doux. On est arrivé à quelque chose que je trouve beaucoup mieux.

Tu te retrouves plus dans ce son ?

Oui, c’est ça. Quand je suis sorti du studio, après la réécoute deux ou trois mois après, je me suis dit : « ce n’est pas possible, on ne peut pas sortir ça comme ça… Ça ne me correspond pas du tout. Ce n’est pas ça que je veux montrer aux gens. »

Mon ingé-son m’a aussi dit : « si tu veux, on peut refaire le mix. Il y aura peut être des prises à refaire. » Et je ne me doutais pas à ce moment-là du chantier énorme qui m’attendait… Après, il y a eu environ 10 mois de travail. Ça a été très fatigant, parce que c’était sur la durée, par petites touches. On travaillait le soir très tard, on avait des emplois du temps très chargés. Ça a été presque douloureux, même. Il a fallu ré-écouter les titres pendant des mois et des mois… Et je suis content que ce soit terminé aujourd’hui. C’est un soulagement (rires).

Avec qui as-tu enregistré ?

En fait, on a enregistré dans un premier temps au studio du Faune à Montauban de Bretagne, là où Moriarty a enregistré. On a enregistré avec les techniciens sons du studio du Faune. Après, on a ré-enregistré des pistes et mixé avec Loïg NGuyen, le technicien son qui nous suit depuis le début. Ensuite on a masterisé au Canada avec Bruno Green qui, il y a quelques temps, faisait encore partie de Santa Cruz même si maintenant c’est terminé. J’aimais beaucoup son travail. Ça s’est presque imposé. Et puis, faire voyager l’album au Canada en plein mois de décembre, l’idée me plaisait beaucoup. Me dire qu’il allait aller dans un endroit où il y a plein de neige. Il y avait un côté hivernal que je voulais aussi.

Interview de The Last Morning Soundtrack - Pochette Yoann BuffeteauJustement, l’artwork, avec ce paysage d’hiver un peu kaléïdoscopique, d’où vient-il ?

J’ai demandé à Yoann Buffeteau des Montgomery de travailler sur une pochette, suite à son vernissage au Jardin Moderne en juin dernier, je crois. J’ai vraiment adoré l’univers de Yoann. Il a accepté. Il m’a envoyé une première maquette en noir et blanc, quelque chose de complètement différent. Ça ne me parlait pas du tout. Je lui ai dit clairement : « le jour où tu vas amener quelque chose qui va me plaire, je ne vais même pas avoir à me poser la question – est ce que ça me plait ou ça ne me plait pas ? » La deuxième proposition, c’était la pochette de l’album. J’ai ouvert le fichier et je me souviens que je n’ai même pas pris le temps de regarder la photo dans le détail. J’ai dit tout de suite : « oui, c’est çà qu’il me faut ! » C’était la réaction que je voulais. Il me fallait absolument ce coup de cœur. Je fonctionne comme cela : il me faut des coups de cœur. J’adorais les couleurs, les strates, la neige, l’hiver… Ça reflète totalement l’album.

Comment as-tu choisi l’ordre des chansons sur la version finale de l’album ?

Ça a été un grand débat parce que l’album raconte une histoire. Ça va de A à Z. Au début, il y avait un ordre précis, que je n’ai pas gardé. J’ai changé deux chansons pour qu’il y ait un peu plus de relief dans l’album. Mais c’est quasiment les chansons composées du début à la fin. La première chanson de l’album, c’est la première chanson que j’ai postée sur Myspace. C’est un clin d’œil, mais c’est cette chanson qui m’a permis d’être là où j’en suis aujourd’hui. L’album se termine par une chanson qui s’appelle The last chapter et je pense qu’elle conclut très bien l’album.

Il y a une ambiance assez mélancolique dans tes chansons mais en même temps, c’est assez lumineux. Je pense notamment à Around the bend avec les bruits d’enfants. Tu disais que tu aimais bien la mélancolie. Mais il y a toujours ce côté lumineux…

Ce n’est pas fait exprès, en fait. Cet album-là, c’est vraiment moi. J’ai des côtés très mélancoliques mais je ne suis pas quelqu’un de triste. Il y a de la lumière dans les arrangements. Ça s’est fait complètement naturellement. Ce n’est pas du tout réfléchi… Le choix des instruments. J’adore les cordes qui vont donner un côté très mélancolique et les claviers sont là aussi pour donner le côté lumineux.

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning Soundtrack 3Je crois qu’Hugo définissait la mélancolie comme le bonheur d’être triste.

Oui, ça résume bien la chose !

D’où vient le titre, a distance. a lack. ?

J’aime bien les titres en deux parties, comme Your escape, my guiltiness, ou le premier Ep qui s’appelait Woods and regrets.

Le titre résume vraiment tous les titres de l’album. L’album parle de solitude. La distance, le manque, ça résume les trois ans que jai passés.

Ce sont des compositions que tu as faites entre 2007 et 2010. Tu as l’impression qu’il y a des choses nouvelles dans ce que tu composes maintenant ?

J’avoue que je n’ai plus le temps de composer (rires). Mais il y a de nouvelles chansons qui arrivent et qu’on joue déjà en live. Je ne sais pas s c’est différent. Je n’ai pas encore pris de parti.

Il y a un parti pris de l’album du côté mélancolique et lumineux à la fois, même si ça n’a pas été réfléchi vraiment. Si jamais il y avait un deuxième album ou un nouvel ep, ce serait peut être un peu plus orchestré et en même temps un peu plus minimaliste. J’assume encore plus le côté folk, le côté chanteur finalement, que je n’assumais pas du tout au début. Mais je ne sais pas encore comment les choses vont se faire. Je vais enregistrer, je pense, quand les choses seront un peu plus tranquilles, après la sortie d’album, vers avril-mai… La couleur sera donnée à partir de là. On verra. J’ai écouté tellement de nouvelles choses ces derniers temps, des choses très minimalistes…

Donc, il y aura des chansons plus minimalistes, parce que beaucoup plus assumées et en même temps des chansons avec des cordes parce que j’adore ça. Je peux me le permettre maintenant parce que j’ai fait des rencontres. On commence à avoir des contacts pour pouvoir enregistrer ça. Mais quand tu es tout seul dans ta chambre et que tu n’as pas trop de thunes, le premier truc que tu vas acheter, c’est un petit xylophone parce que ça coûte trente euros et que ça peut habiller une chanson quand même.

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning Soundtrack 4Comment est–ce que tu composes ?

La composition, c’est quelque chose d’assez difficile pour moi. Je peux composer énormément de chansons, c’est facile pour moi. Mais elles ne me plaisent pas toutes. J’ai besoin qu’une chanson me plaise vraiment. Ça doit être un coup de cœur. Et puis il faut que la mélodie entre en tête. Si ça ne rentre pas en tête, c’est que ce n’est pas une bonne chanson. J’en ai plein, des chansons. Il y a des chansons qui, quelques mois plus tard, ne sont pas assez mélodiques.

Je compose d’abord à la guitare acoustique. Je fais du yaourt. Il y a des mots qui vont ressortir, vont donner la ligne directrice ou le thème de la chanson. Je ne me dis jamais : je vais composer sur telle ou telle chose. C’est toujours la mélodie qui prime.

Comment ça se passe pour les arrangements. Tu les écris d’abord pour chaque instrument ou alors ça se passe plutôt dans l’échange avec l’autre musicien ?

Ça dépend. Il y a des chansons pour lesquelles j’ai tout écrit de A à Z. Pour d’autres, on a travaillé en répétition. Par exemple A snowman in summer, le nouveau single, a vraiment été travaillé en répétition, mais c’est moi qui ai le dernier mot. Mais j’écoute beaucoup mes amis musiciens.

Mais la plupart du temps, c’est moi qui écrit, notamment les parties de cordes. Je pose une base et après on essaie de creuser les choses davantage.

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning Soundtrack2Il y a deux dates de sortie pour l’album, une locale (le 15 mars), l’autre nationale (le 28 mars). Pourquoi ?

C’est un hasard du calendrier. Les distributeurs sortent les albums en fin de mois le plus souvent. Le 28 mars, c’est la sortie nationale. Mais il était important pour moi de faire une sortie locale avant le concert des Embellies qui est le 17 mars. On a décidé de sortir le disque le 15 mars chez les disquaires à Rennes. C’était important pour moi de faire quelque chose à Rennes. Ma musique a grandi ici. On m’a poussé vers le haut, on m’a encouragé et je me devais de faire quelque chose d’un peu spécial. D’où la création pour les Embellies avec 7 musiciens. Ce sera un one shot. Ce sera la formation initiale (guitare, basse, claviers, guitare électrique, batterie, un violoncelle) et il y a un alto et un violon qui viennent étoffer la partie cordes. On a réarrangé les morceaux. Par exemple, Heartbeats and headache a des cordes maintenant alors que sur l’album, il n’y en a pas. C’est super intéressant comme travail. C’est vraiment redécouvrir des morceaux.

La première fois qu’on t’a vu en concert, c’était en première partie d’Efterklang. Vous jouiez à 5. Puis on t’a revu en première partie de Sophie Hunger et vous étiez deux. Pourquoi as-tu choisi de passer à une formule duo ?

Quand j’ai commencé au début, je ne me voyais pas du tout le faire tout seul. On m’a dit, vas-y, tu peux tenir une scène tout seul. J’ai dit non, il me faut des amis derrière moi, du soutien. On est parti à cinq sur des arrangements qui avaient été créés pour l’album. Mais je me suis aperçu qu’on jouait les morceaux tels qu’ils avaient été écrits pour l’album. On ne proposait rien de différent. Ça m’embêtait. Je n’aime pas voir un concert où on joue l’album tel quel, il n’ y a pas d’intérêt.

Et puis, à force de faire des concerts, j’assume de plus en plus le rôle de chanteur. J’adore avoir quelque chose de super intimiste. J’assume aussi le côté moins rythmé des chansons. Je me suis dit qu’il était peut-être temps de faire quelque chose de plus intimiste, qui me correspond vraiment plus.

L’année dernière, on était parti sur une version à deux vraiment pas travaillée. On jouait les morceaux acoustiques guitare-violoncelle avec quelques touches de piano. On a retravaillé avec le nouveau violoncelliste. On a inclus des boucles et on a cette notion de strates comme sur la pochette de l’album où les choses viennent se mettre en place petit à petit, s’empiler… On est deux sur scène, mais on a un bordel monstre : il y a une guitare acoustique, une guitare électrique, du piano, une grosse caisse, des percussions, le violoncelle… On essaie d’étoffer les morceaux et de proposer quelque chose de différent.

The Last Morning Soundtrack @ l'Antipode - 2009 by CaroDemain tu joues d’ailleurs à l’Echo du Oan’s avec deux violonistes invités…

Oui, en fait, c’est un trio de cordes, donc encore quelque chose de différent (rires).

C’est génial : ça permet aux gens de ne pas se lasser et à moi aussi d’ailleurs… Et aussi de se faire plaisir musicalement.

On a répété hier soir à l’Antipode pour l’Echo du Oan’s. On s’est demandé si on faisait la version duo avec les boucles, le clavier plus les cordes ou si on faisait juste guitare-cordes.

Finalement, guitare-cordes, ça fonctionne. Je pense vraiment que ça va être intéressant de proposer quelque chose comme ça.

Tu es en résidence en ce moment à l’Antipode. Tu y étais déjà en janvier. Qu’est-ce que t’apporte le fait de travailler en résidence avec l’équipe de l’Antipode ?

En janvier, on est resté quatre jours là-bas pour amorcer le travail qu’on a fait au Chantier des Francos à la Rochelle. On a répété pas mal. On a mis en place un spectacle. On a fait un filage public. On a travaillé les lumières, le son, la mise en scène un peu, les décors aussi pour pouvoir arriver au Chantier des Francos avec déjà quelque chose de cohérent.

Au Chantier des Francos, on a travaillé avec Néry, ancien VRP et Nonnes Troppo, qui a travaillé avec Cascadeur notamment l’année dernière. Il est arrivé pour les trois derniers jours (on avait cinq jours à La Rochelle). On lui a joué notre set qu’on avait préparé à l’Antipode. Il nous a dit : « ben maintenant, vous descendez tout votre matos et puis on recommence ».

(Rires).

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning SoundtrackÇa a été génial. Ça a été une rencontre absolument magique. Il est rentré dans mon monde, mais discrètement. Il a bougé les choses, mais il n’a pas fait de bruit. Il est arrivé en me posant des questions, en allant chercher les choses, sans brusquer. Il a rendu des choses possibles. Notamment le travail avec la vidéo. On avait des cadres vides. On les a remplis et on a diffusé des choses dans le cadre. C’était un one shot aussi, avec l’idée de présenter encore quelque chose de différent. Et on va le refaire. Le mot soundtrack, c’est vraiment les images.

Pour moi, avant, ce n’était pas possible de mettre des images car c’était un coût, un gros travail, il fallait prendre une personne en plus. Il m’a prouvé que non, que c’était faisable depuis la scène, avec un petit rétro-projecteur. Il a aussi travaillé sur la mise en scène, l’espace, comment agencer les choses, les mettre en scène. C’est finalement super important. Je suis sorti de là complètement grandi. Je travaille encore là-dessus et je vais aussi beaucoup travailler cette semaine à l’Antipode sur ma façon d’être sur scène. A l’origine, je suis batteur. J’ai pris l’habitude de me cacher… Sauf que je ne peux plus vraiment et je ne l’assume pas encore. C’est un gros travail sur moi à faire. Mais c’est en train de se faire.

Dans notre première interview, tu nous avais dit que tes influences se situaient du côté de Damien Rice, Death Cab for Cutie, Bon Iver ou Sufjan Stevens. Tu ajouterais d’autres artistes aujourd’hui ? Tu nous parlais de minimalisme tout à l’heure…

J’ai écouté beaucoup de choses ces derniers temps sans vraiment trouver un album qui me transporte. Le dernier album à m’avoir transporté, c’est vraiment le Bon Iver. L’album de Damien Rice, O, c’est un disque qui a changé ma vie. C’est fou. Bon Iver, c’est pareil. En plus j’adore la démarche : le mec qui va s’enfermer dans une cabane plusieurs mois pour composer un album pour une fille. Je trouve ça absolument merveilleux.

Le dernier Sufjan Stevens est vraiment un chef d’œuvre. Mais il ne m’a pas transporté comme le Bon Iver ou le Damien Rice. Le dernier Chris Garneau ne m’a pas non plus transcendé. Le premier par contre est absolument merveilleux.

Ces derniers temps, rien ne m’a vraiment transporté. J’écoute beaucoup de choses. Je me suis mis à Elliott Smith que je n’avais pas vraiment écouté…

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning Soundtrack 7… C’était ma question suivante, te demander si Elliot Smith avait été une influence, je pense aux voix doublées sur ton album…

Non, ce n’est pas quelque chose que j’écoutais quand j’ai écrit les premières chansons. Mais maintenant, je suis devenu fan. Pareil pour Sparklehorse que je ne connaissais pas non plus, des choses un peu plus anciennes. Il y a quand même l’album d’Agnès Obel qui est pour moi le meilleur disque de 2010. Je l’ai vue en live à l’Antipode. Je trouve ça merveilleux. C’est simple. Ils sont deux sur scène. Et pourtant ça fonctionne. Je crois que les gens sont de plus en plus près à aller voir ce genre de choses sur scène. Quand on voit que c’est complet un dimanche après-midi à l’Antipode…

Quand on est sur scène, on se dit, je vais les ennuyer avec mes chansons toutes douces. Et finalement non, les gens écoutent, se taisent et apprécient le moment. Je m’en suis vraiment rendu compte pour Agnès Obel.

Tu disais que ton disque sonnait comme une «bande son de ta vie »… Un soundtrack, justement. Tu peux nous expliquer ?

Pas de ma vie, mais de trois années passées dans la solitude. Je n’ai pas passé les trois meilleures années de ma vie… Et en même temps, heureusement qu’il y a eu ce projet. Ça m’a certainement un peu sauvé la vie. Il a fallu matérialiser la solitude. C’était un besoin. J’avais besoin de dire les choses. C’était une sorte de thérapie. Ça n’a pas vraiment marché à trois cents pour cent (rires), mais ça fait du bien. Les nouvelles chansons parlent toujours de solitude, parce que j’aurai toujours besoin de ça. La solitude, je l’aime autant que je la déteste. J’adore être seul. J’ai besoin d’être seul pour écrire et en même temps je déteste ça. La solitude, c’est aussi ce qui cultive ma mélancolie et j’adore ça.

Focus sur la scène rennaise - Interview de The Last Morning Soundtrack 6Soundtrack fait forcément penser au cinéma. Tu as fait une composition pour un court métrage. Est-ce que c’est une voie que tu veux continuer d’explorer ?

Oui, bien sûr. C’est une de mes buts, de composer à partir d’images. J’ai composé un morceau pour un court métrage, Some Girls qui est en cours de montage. A priori, je devrais pouvoir écrire d’autres chansons pour ce court métrage. C’est étrange parce que c’est une commande avec un thème précis, celui de la désillusion. La désillusion d’une fille qui a beaucoup d’espérances. Elle croit au Prince Charmant petite et finalement, elle se rend compte que ça ne passe pas du tout comme ça, que la vie ce n’est pas ça, qu’elle est finalement seule. On m’a imposé un thème, mais qui me parlait énormément. La désillusion, c’est un thème que je voulais aborder et ça donne une plutôt jolie chanson, qu’on va, je pense, bientôt enregistrer et qu’on a un peu transformée aussi en live avec les cordes. C’est agréable de l’entendre comme ça. Je crois que c’est une chanson triste. C’est la première qui est vraiment triste. On n’est plus dans la mélancolie. On est vraiment dans le regret. Dans la tristesse. Je ne sais pas si ça va donner la couleur des prochains titres. C’est marrant, je suis moins triste qu’avant mais j’écris pourtant des choses un peu plus tristes.

Pour finir, tes projets à venir ? Comme beaucoup de choses se passent en ce moment, quelles sont les choses que tu voudrais souligner particulièrement ?

Il y a des jolis concerts qui arrivent, les Embellies le 17 mars, notamment, avec Cascadeur que j’ai découvert il n’y a pas longtemps et que je trouve absolument magnifique.

Il y a aussi la Maroquinerie à Paris. J’ai rêvé de jouer dans ce genre de salles à Paris….

Et puis on va faire la première partie de Cocoon à la Luciole… Et mine de rien, Cocoon, ils ont vraiment démocratisé la folk en France, peut-être un peu trop même (Rires). J’ai beaucoup écouté aussi leur premier ep. Leur premier album, c’est un de mes disques préférés même si je suis un peu moins fan du deuxième. Ils ont une qualité d’écriture qu’on ne peut pas nier même s’il y a eu un matraquage. Je me souviens, lorsque j’ai mis mon premier morceau sur myspace… Quelques semaines plus tard je suis allé voir Cocoon à l’Antipode. J’ai juste eu envie d’être à sa place… Quelques mois plus tard, j’étais sur la scène de l’Antipode et maintenant, je fais la première partie de Cocoon !

Merci !!

Merci à vous.

Interview : Isa /Photos, prise de son : Caro


Carte blanche The Last Morning Soundtrack (avec The Delano Orchestra en invité) – Festival Les Embellies d’Hiver, Ubu, vendredi 16 mars 2012, 20h30.

Myspace de The Last Morning Soundtrack : http://www.myspace.com/thelastmorningmusic

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