Après une rentrée (très) réussie avec le ciné-concert de Lætitia Sheriff (Sa Majesté des Mouches – Peter Brook, 1963) qui clôturait la journée portes-ouvertes organisée à l’Antipode le 9 septembre dernier et un premier concert qui permettait au passage de fêter les 20 ans de la Ferarock avec Man Man, Juvéniles, Piano Chat et Petit Fantôme, on rencontre Gaétan Naël (programmateur de l’Antipode) pour une présentation des temps forts de la programmation de ce dernier trimestre 2011. Il fait beau, chaud, on est en terrasse et on finit l’entretien en se disant qu’on va passer un paquet de soirées à l’Antipode d’ici décembre ! Explications.
De nouvelles rencontres entre les publics et les artistes
Après une heure de présentation, une chose est en effet d’ores et déjà sûre : l’Antipode continue de tracer son sillon en sortant des sentiers battus. Plus qu’une simple salle de concerts « classique » proposant de venir voir des artistes de passage à Rennes pour leur tournée, l’Antipode continue de redéfinir notre rapport au spectacle, au concert et a envie de nous surprendre, de nous emmener vers des formes différentes. Une nouvelle fois, la salle rennaise se donne pour but de permettre de nouvelles rencontres entre les publics et les artistes. En plus des dates plus « traditionnelles » , la salle est à l’origine de temps forts qui bougent les lignes de l’offre plus classique proposée chaque saison.
Avatars et Cie
On commence par évoquer les quatre jours dédiés aux Avatars et Cie. D’abord prévue au premier trimestre de cette année, cette semaine se déroulera finalement du 2 au 5 novembre et s’articulera autour de jeux urbains, de la diffusion de documentaire, de clubbing débridé, de rencontres et d’installations participatives. Co-initié par l’association Bug et l’Antipode, ce temps fort interroge les identités multiples que nous nous créons, qu’il s’agisse de réseaux sociaux, de jeux en ligne ou en réseaux, etc… Nos identités, nos avatars se multiplient. Les mondes plus ou moins virtuels se télescopent et Avatars et Cie nous invite à jouer avec nos doubles multiples : on pourra donc venir déguisé pour une soirée Play ! qui n’en est pas une, avec la soirée « Amène ton avatar ! » , jouer à un Human Snake grandeur nature, a priori place de la Mairie (l’écran sera la place de la Mairie, le serpent, ce sera vous !) ou aux abeilles avec ses enfants à l’Antipode MJC. Mais aussi voler tel superman dans une maquette de Rennes en 3D, ou assister à la projection de The Reverend, The Cat and the Slave qui entremêle délire et réel et questionne l’extrême de l’avatar. Vous pourrez d’ailleurs rencontrer les réalisateurs du film pour en débattre avec eux.
Durant toute cette fin de semaine dédiée aux avatars, vous aurez également la possibilité de réagir et de participer par le biais d’un twitter wall en envoyant des sms ou des tweets sur le mur électronique installé dans l’Antipode. Vous pourrez également partager photos et vidéos, ce qui risque d’être particulièrement drôle lors de la soirée « Amène ton avatar ». Si vous avez toujours rêvé de vous déhancher sur des sonorités électro dans votre costume de Magic User ou de Thief d’OD&D, si votre double de Second Life a de longues dreads alors que vous ressemblez plutôt à Dominique A et que vous voulez vous montrer au monde entier (enfin au public de l’Antipode) avec votre chevelure dansante, n’hésitez pas : amenez votre avatar le 5 novembre. D’autant que les artistes programmés seront parfaitement raccord avec la problématique de la semaine.
Commençons par Danger, le Stéphanois, qui a la particularité d’être en même temps musicien et graphiste et qui est en pleine création de son propre jeu vidéo. Son live à l’Antipode sera tout autant musical que visuel et donnera autant à voir avec ses animations et ses vidéos, qu’à entendre, avec ses aspirations 8-bits boostées à la Justice et Daft Punk. Ce live devrait d’ailleurs être une mise en bouche de ce que sera son jeu vidéo. Le très bon Mondkopf frottera ensuite sa techno percutante et excitante aux ambiances graphiques du collectif expérimental Trafik, tandis que le trio briochin Rafale devrait secouer le dancefloor à coups d’hymnes disco et electro survitaminés. Notons enfin que Kogura Mustache ouvrira la soirée avec un show spécialement conçu pour l’occasion : le jeune producteur électro rennais a en effet décidé de relever le défi en amenant son projet dédié à la problématique de la soirée. Comme on aime beaucoup son Midnight Requiem par ici, on se dit que sa prestation devrait valoir le détour.
De la carte blanche à la carte noire
Autre projet, autre ambiance le 19 novembre. Toujours dans le but de permettre de nouvelles rencontres entre les publics et les artistes, l’Antipode a initié un nouveau type de soirée : les cartes blanches. Le principe est simple : un artiste invité choisit toute la programmation de la soirée, il prend les commandes et compose même le menu qui sera cuisiné pour les musiciens et l’équipe de l’Antipode avant la soirée. Pour Gaétan Naël, c’est un moment essentiel qui permet vraiment de laisser un espace pour entendre ce que l’artiste a à dire, un temps qui permet d’aller davantage au fond des choses. Au printemps dernier, Gablé avait ainsi opéré un décalage contrôlé dans un Antipode complet. Leur carte blanche mettait aussi bien en scène Grégaldur et ses vélos dans un coin de la salle que la noise surpuissante mâtinée de synthés électro vintage à la Trans Am des Marvin, et proposait à la fois leur propre délire bricolé et une prestation de Pneu, au centre de la salle, entouré par ses amplis. On avait adoré, crié, exulté. On attendait la suivante avec impatience. La voici annoncée ce trimestre : ce sont les Mansfield TYA qui seront mises à l’honneur.
Le changement d’ambiance par rapport à la Carte Blanche de Gablé devrait être radical, mais on doit avouer qu’on est carrément emballé à l’annonce de la venue de Mansfield TYA. Les deux Nantaises ont un univers vraiment à part, personnel, complexe, qui ne ressemble à rien d’autre et l’idée de pouvoir en profiter toute une soirée, d’avoir du temps pour comprendre toutes ces directions différentes qu’elles développent, entre noirceur et mélancolie, mais aussi, souvent, pleines d’humour et de moments déjantés.
On aime voir les deux filles sur scène, ce fil toujours tendu entre leurs regards qui ne jamais se rompt, ces instants suspendus et ces éclats de rire. D’ailleurs Mansfield TYA qui ne fait véritablement rien comme les autres a demandé à transformer cette « carte blanche » en « carte noire » . On est d’autant plus impatient de savoir qui les deux filles inviteront pour cette soirée qui s’annonce, c’est sûr, comme un moment fort de la saison, dans tous les sens du terme.
Nuit de pleine lune, thé et banane
Dans la famille « Proposer des spectacles inclassables dans des configurations changeantes », je voudrais maintenant Les curiosités du Docteur Fullmoon… Bonne pioche ! Celles-ci clôtureront cette année le trimestre le 16 décembre. Pour ceux qui ne seraient pas coutumiers de ce type de soirée, sachez que l’Antipode ce soir-là, est totalement repensé, revisité : les spectacles, performances, concerts et toutes autres formes imprévues (et incongrues) peuvent se dérouler dans les endroits les plus surprenants et non plus seulement sur la scène. Chaque soirée du Dr Fullmoon est unique et on ne sait jamais trop de quoi la nuit sera faite une fois qu’on pénètre dans l’Antipode… Que diable vont-ils inventer cette fois-ci ? On ne le sait pas encore mais Gaétan Naël nous promet de nous en parler davantage quelques temps avant cette « monstrueuse soirée » .
Une ligne directrice semble donc sous-tendre toutes ces propositions de l’Antipode MJC : il s’agit à chaque fois d’expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public. Dans le même mouvement, la salle propose depuis l’an dernier des rendez-vous familiaux autour de thés, de gâteaux et de concerts, L’instant Thé afin d’aller à la rencontre de tous les publics et de permettre aux familles de sortir ensemble le dimanche après-midi (des animations sont proposées aux enfants sur le temps du concert). Sur le programme, on espérait donc FM Belfast malheureusement ils ont annulé une partie de leur tournée française. Le concert du 20 novembre est donc annulé. Tant pis, il y aura peut-être deux Instants thé au premier trimestre 2012, qui sait… Pour les plus gourmands d’entre nous, bien sûr !
On évoque aussi la soirée du 8 octobre pour laquelle Gaétan Naël souhaite que le public « ressorte avec la banane ». L’envie au départ, c’est de proposer une soirée pour s’amuser, qui dure un peu plus tard, mais qui ne soit pas forcément électro. On retrouvera donc les I’m From Barcelona sur scène (ce soir-là, une vingtaine des musiciens du collectif sera présent !), avec leurs cordes, leurs cuivres et leurs canons à confettis, pour un moment qui promet d’être coloré et doucement déjanté, mais aussi l’électro mâtinée de sonorités sixties de La Femme, sorte d’Elli & Jacno actuels. Pour clôturer ce moment que Gaétan Naël souhaite festif, on retrouvera un set de Dj Ced (qu’on ne présente plus par ici) associé à GrandDgéant. Un seul mot d’ordre au final pour ce 8 octobre : venez simplement vous amuser !
Du Black Death Metal à Arthur H.
En plus de ces différentes soirées et moments forts, la programmation offre plusieurs concerts qu’on est curieux d’entendre. Qu’il s’agisse de talents confirmés, comme Arthur H qui sera à L’Étage le 8 novembre, Herman Düne le 10 novembre à l’Antipode (à noter qu’en parallèle, David Ivar d’Herman Düne proposera aussi une expo de ses œuvres picturales à l’Antipode du 10 au 25 novembre) ou bien de reformations très attendues avec la venue des mythiques Mass Murderers le 7 octobre après 11 ans d’absence, ou qu’il soit question de « découvertes » avec les prestations d‘a.P.A.t.T. et Secret Chiefs 3 le 17 octobre, de TEZ le 14 octobre et de Gong Gong en apéro concert le 23 septembre à 19h30, il y en aura pour tous les goûts !
Les amateurs de Black Death Metal auront aussi leur soirée (Production Garmonbonzia Inc.) avec Samael, Melechesh et Keep of Kalessin et ceux de dub la leur (Rennes Dub Club 2 produit par International Skankers & Dance Hall Attitude). Les fondus d’électro pourront s’éclater avec le live de Yuksek le 9 novembre (pour l’anecdote, nous raconte Gaétan Naël, la première venue du Rémois avait eu lieu dans le hall d’entrée de l’Antipode en 2006 durant Cultures Electroni[k], c’est donc plutôt chouette de le retrouver aujourd’hui sur la grande scène), mais aussi avec La première soirée organisée par l’excellent blog Midi Deux avec Portable aka Bodycode, Tevo Howard, Http et Arnaud. Les petits clous ne seront pas oubliés non plus avec la présentation de la nouvelle création de Mami Chan, cette fois-ci en solo, dans Le village des petites boucles le 27 octobre, qui devrait valoir le détour.
On est, hum, plus dubitatif sur la venue de Yelle. Gaétan Naël confirme : l’artiste a ses adorateurs et ses détracteurs. Il nous invite donc, avant de se laisser aller à un jugement hâtif, à venir la découvrir sur scène. Pour lui, le combo est avant tout un groupe de scène et on aurait tort de cataloguer trop vite ces mélodies pop-électro naïves. Alors, rendez-vous le 29 octobre. On en reparle après !
De notre côté, on a aussi marqué le 22 novembre d’une croix blanche pour la venue des Pinback et leur pop-rock indie qu’on ne raterait pour rien au monde. On ne manquera pas non plus La nuit américaine 2 avec Arandel, Purform et l’Orchestre de Bretagne au Triangle le 12 octobre dans le cadre de Cultures Electroni[k]. D’ailleurs, on vous en reparlera très bientôt.
Au final, on se dit que ce trimestre encore, on pourrait bien passer beaucoup de soirées du côté de Cleunay de l’Antipode. Et peut-être qui sait, vous y croiser.
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Plus d’informations sur la programmation, les dates, les tarifs, etc. sur le site de l’Antipode :