Les festivaliers ont découvert un peu surpris un millier de gros sacs de sable sur le site du Fort St Père. Floqués de la cassette/tête de mort symbolisant la Route du Rock, et en parallèle, d’un nom d’artiste, ils occupaient aussi bien l’espace public que la partie réservée aux artistes et aux médias.
En réalité, si on observe bien, les noms imprimés sont ceux de tous les groupes passés à la Route du Rock en 20 éditions. A chacun de retrouver son groupe culte dans l’enceinte du Fort… On entend donc depuis 19h, des : « t’as pas vu le sac de The National ? » « Ben CSS, elles sont coincées sous Arno », ou des exclamations du type : « ben, ils sont passés à la Route du Rock, eux ? ».
Cette invasion de sacs de sable, c’est l’oeuvre d’un collectif de jeunes diplômés d’architecture, LABOR/DUR. A travers ce média, les jeunes gens ont envie de s’intéresser à un aspect plus ludique du travail sur l’espace, en marge de leur expérience professionnelle, forcément plus formatée. Leur projet : questionner les limites de l’architecture en laissant le public s’approprier leurs créations.
Ces sacs, au départ, sont donc une sorte de mobilier à utiliser comme on le souhaite : tables, fauteuils, lits, salons complets, canapés en U, en L, à vous de choisir… C’est là pour être vivant, bouger, appartenir au festivalier (euh, cela dit, c’est lourd, quand même 50 kg de sable…). A vous de modeler l’espace comme vous le souhaitez.
Très vite, on a vu les festivaliers s’asseoir, s’adosser, s’allonger sur les structures pré-préparées et investir l’espace. En revanche, difficile à bouger ces sacs ! Comme nous le faisait remarquer un festivalier plutôt costaud « faut se le traîner son pouf ! »
Mais pourquoi avoir choisi des sacs de sable qui font penser aux tranchées ou aux épisodes guerriers (surtout dans un Fort !) me direz-vous ? Et bien, LABOR/DUR nous l’explique : pour eux, La Route du Rock, c’est un festival résistant. Qu’il s’agisse du festival qui résiste contre vents et marées pour continuer à exister, ou de ses festivaliers qui s’acharnent souvent face à la pluie ou aux tempêtes et restent stoïquement pour applaudir les groupes, les mèches dégoulinantes et les pieds dans la boue, la Route du Rock est une histoire de résistants.
Le collectif a donc choisi de jouer sur ce symbole. « Parce que cette année encore, qu’il vente, pleuve ou neige, argent ou pas argent, le public tiendra le siège trois jours de plus » affirment les Labor/dur. Les festivaliers se reconnaîtront-ils dans ce manifeste ? A eux de le dire… En attendant, l’aspect mobilier a l’air de fonctionner…
Bien plus prosaïquement, une question nous turlupine encore… Pour un groupe venu plusieurs fois, y a-t-il un seul ou plusieurs sacs ? Allez trouver la réponse, vous, avec des sacs qui bougent tout le temps ou qui sont couverts de festivaliers…
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Retrouvez notre dossier sur la Route du Rock.