Grand Soufflet 2014 : une histoire de bulles, de magot, de textos, de biscuits et de décibels

Un joli pied de nez aux mauvaises langues qui considèrent le Festival du Grand Soufflet uniquement comme un festival d’accordéon. Dommage pour eux ! ils n’auront pas repéré, niché discrètement au beau milieu de la programmation, ce BD-concert de The Hyènes, groupe né des cendres de Noir Désir (des trois, il n’en restera qu’un). Une interprétation explosive et touchante de ce road-movie Au Vent Mauvais de Rascal et Thierry Murat. 

The Hyènes Ciné soufflet

Ambiance feutrée et calme au Thabor ce mercredi soir. Le Chapiteau est en configuration salle de cinéma : chaises, instruments qui encadrent l’écran. La pénombre puis l’obscurité se font. On entrevoit à peine les silhouettes des musiciens. Regarder et écouter, telle semble être la consigne.

Les dessins si singuliers de Thierry Murat défilent sur l’écran, de gauche à droite, du haut vers le bas, en marquant parfois des pauses. Le récit, comme dans la BD, apparaît au-dessus du texte en typo machine à écrire. Le public a les yeux rivés sur l’écran, comme les musiciens. Même les tipules semblent aimantés par la projection et ajoutent des ombres gracieuses et fragiles sur le dessin…

The Hyènes Ciné soufflet

Étrange sensation d’assister à la projection cousine d’un film muet en NB. En version beaucoup plus rock néanmoins. Et portée par la batterie puissante de Denis Barthe, la basse obsédante d’Olivier Mathios, les deux guitares de Jean-Paul Roy et Vincent Bosler, le violon un brin nostalgique d’Hervé Toukour et l’harmonica désabusé de Kiki Graciet. Si le diaporama-bande dessinée se joue en voix-off, la partition musicale accompagne Abel Mérian à travers son road-movie désabusé. Lui qui sort de taule, qui a perdu son magot, qui adopte le chien d’une voiture volée, qui emmerde l’art contemporain, qui tombe raide dingue d’une voix de femme sur un portable et qui entreprend de rejoindre l’Italie pour rapporter à la belle ce téléphone égaré. « Alors, mon vieux Lucky, ça te dirait de voir l’Italie ? »

Si l’histoire d’amour de la belle est chapitrée en textos, celle d’Abel prend vie sous les décibels de The Hyènes : « Bang bang » dans l’autoradio et en écho sur scène. Nostalgie amère des retrouvailles avec un coin d’enfance croisé sur la route ; tristesse de la mort au violon avec une grâce toute naturelle… Et c’est reparti, pied au plancher. On reprend la route avec Abel et les décibels de The Hyènes. Kevin, aide-Michelin fait son apparition, au pied d’un Jésus. L’histoire s’écrit sur des biscuits, emportant Abel et Kevin au pied de l’Adriatique pour s’y baigner. Rêve de gosse(s) et décontraction toute relative du bassiste qui joue les pieds sur le caisson de retour !

Pause musicale pour laisser les notes un brin kitsch de Ti Amo, la chanson pop italienne chantée depuis 1977 par Umberto Tozzi et consoeurs, résonner sous le chapiteau. Un concentré d’amour et de romantisme à la mode italienne que The Hyènes a tôt fait d’éteindre à grands coups de riffs de guitare et d’explosion de décibels. La Faucheuse frappe quand on s’y attend le moins, et c’est toujours violent.

Un final tout en décibels donc, les yeux dans les nuages. Un fondu au noir pour clore Au Vent Mauvais. Retour à la réalité en lumière, un brin aveuglante. Des applaudissements soutenus, mérités devant ces six musiciens qui font preuve d’une très grande humilité.

The Hyènes Ciné soufflet

Une très belle performance, où musique et images se partagent la vedette. On comprend aisément pourquoi Rascal et Murat ont confié leur road-movie à ces gars-là. Si la lecture de la bande-dessinée est en soi touchante, cette couche supérieure musicale y inscrit une sensibilité encore plus exacerbée. Un grand merci messieurs.

Crédits Photos : Politistution (dont la tâche fut délicate…)


Retrouvez toutes les informations sur le 
Festival Grand Soufflet : http://www.legrandsoufflet.fr/

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