Métro, boulot, photo ! Une exposition dédiée au photojournalisme…

Depuis quelques temps déjà, nous alimentons une rubrique « Un jour, une photo ». Cette dernière laisse une place importante à l’instantané, à l’immédiateté liée à l’actualité quotidienne. Bien sûr, dire qu’il s’agit là de photojournalisme serait galvauder l’essence même du métier. Les professionnel⋅le⋅s, les vrai⋅e⋅s, indépendant⋅e⋅s par choix ou par contrainte, sont aujourd’hui une composante essentielle de la presse.  Rare sont les articles publiés sans une photo pour illustrer les propos tenus.

C’est leur travail et leur talent que le Club de la Presse de Bretagne souhaite mettre en avant durant ces trois prochains mois à Rennes.  Pour cela, une exposition de plus de 70 clichés issus du travail de 16 photojournalistes bretons se tiendra dans les stations de métro Fréville, République et Sainte-Anne  à partir du 15 octobre ! Levez donc les yeux, arrêtez vous quelques instants pour les admirer. Un métro, ça peut se rater… une photo, c’est déjà plus gênant !

 

INTERVIEW avec Julie Lallouët-Geffroy,
co-présidente du Club de la Presse de Bretagne

► Alter1fo : Pouvez-vous nous parler de cette exposition ? 

Julie Lallouët-Geffroy : Nous avons voulu mettre en valeur les photographes indépendants car bien souvent leur nom est inconnu du grand public. C’est d’autant plus vrai pour les indépendants. On a souvent l’image du journaliste rattaché à un journal, à un magazine ou complètement à l’inverse, qui part seul sillonner le monde, l’appareil en bandoulière.Les indépendants travaillent à la pièce, par choix ou par contrainte. Cela induit des conditions de travail particulières, et souvent complexes.

La presse est en crise, et la photo de presse est en première ligne. Malgré cela, les photographes sont nombreux et ont du talent. C’est ce que nous voulons mettre à l’honneur. C’est dans cette volonté de mettre en lumière les photographes que nous avons choisi les murs du métro, là où de nombreuses personnes passent et attendent. Un bon moyen de valoriser et de faire connaître le travail de photographes locaux qui ne travaillent pas dans une rédaction.

► Le choix était-il difficile pour sélectionner ces 16 photojournalistes ?

Nous avions pour critère d’être un photojournaliste professionnel, ce que nous avons défini par la publication régulière de ses photos dans les organes de presse reconnus comme tels. Le second était de travailler en Bretagne. 
Le choix a été difficile lorsqu’il a fallu réduire pour certains photographes le nombre de clichés à cause de la disposition sur les murs.

► Qu’est-ce qu’une bonne photo de presse ?

Venez à la conférence-débat du 16 octobre (18h, espace Ouest-France) où plusieurs photographes professionnels seront présents comme Vincent Jarousseau, auteur du roman-photos L’illusion nationale ou Jacob Khrist, photographe indépendant du collectif Hans Lucas. Ils sauront vous répondre avec précision et complexité.

Dernièrement, une photo a fait sensation lors d’une manifestation anti-macron à Rennes. Elle montrait un policier pointer son arme sur un manifestant. Une vive polémique s’en est suivie mettant en lumière plusieurs interprétations. La photo seule ne peut donc pas exister sans un contexte ?

Une photo est toujours prise dans un contexte et il est nécessaire qu’il soit présent, d’où l’importance des légendes. Une photo est prise à un instant précis, mais il y a un avant, un après et un autre pendant. C’est une question de cadre, de légende et de l’article (lorsque l’on parle de presse) qui contextualise la ou les photos. Même pour les plus grands photographes, comme Eddie Adams, la part hors champs est importante. C’est ainsi qu’il a expliqué avoir des regrets quant à sa photo de l’exécution à Saïgon durant la guerre du Vietnam, car il y avait un contexte, contexte qui n’était pas dans sa photo. https://www.polkamagazine.com/eddie-adams-le-photographe-qui-eveillait-les-consciences/

► No futur ?… Aujourd’hui, avoir un smartphone connecté permet de mettre à disposition au plus grand nombre une photo d’actu. Quel est l’avenir du photo-reporter ?

C’est tout le problème. Il n’y a jamais eu autant de photos en circulation et elles n’ont jamais été aussi mal payées. Pourtant, il y a des photographes qui sont derrière ces clichés. Il ne suffit pas d’un téléphone et d’un filtre Instagram pour être photojournaliste. Mais en parallèle d’Internet, se développent des médias consacrés à la photographie de presse, Polka magazine, 6 mois par exemple.
Probablement que le photojournalisme suit la ligne de faille présente dans l’ensemble de la presse. Une offre gratuite sur Internet qui n’est que du copier-coller avec un intérêt d’analyse et de contextualisation faible, et une offre payante sur internet ou sur papier qui mise sur la qualité, l’approfondissement et le temps long, à rebours de l’immédiateté du Web.

► Une photo de presse peut-elle changer le cours de l’histoire ?

Elle peut ouvrir les yeux, offrir un tremplin pour faire évoluer des choses, mais seule, elle ne suffit pas. Regardez la photo d’Aylan, cet enfant syrien mort sur les côtes turques en 2015. Elle a choqué, fait réagir, où en sommes-nous aujourd’hui?

capture

Pour rappel du calendrier : http://www.clubpresse-bretagne.com/temps-fort-clic-clac-lexposition-photo-club-a-rennes/

15 octobre – 15 décembre : exposition dans le métro

16 octobre : « L’appareil-fait-il le photographe », conférence-débat, 18h30, à l’espace Ouest-France, 38 rue du Pré-Botté, Rennes.

 

 

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