Le label rennais In My Bed sortira le 26 octobre 2013 sa 13ème référence : Embedded, une superbe compilation gravée sur vinyle. Elle regroupe bien sûr les formations présentes sur le label, mais aussi toutes celles qu’ils aiment dans Rennes. La sortie du disque sera dignement fêtée le samedi 26 octobre au Jardin Moderne lors d’une soirée gratuite où vous pourrez acheter cette merveille et voir les 13 groupes présents sur le disque : Formica, 13th Hole, Sudden Death of Stars of Stars, Mozzarrela’s Funeral Parlor, Downtown Cuckoo, Mistress Bomb H, Saïtam, Laetitia Shériff, Møller Plesset, Chatterbox, Lonely Tunes, Santa Cruz et Prosperi Buri.
Alter1fo participe à la fête en vous proposant les 13 interviews des groupes de la compilation, accompagnées des titres inédits gravés sur la compilation.
On la verrait tout à fait hurler à pleins poumons : Je ne suis pas un numéro ! Je suis une femme libre ! et pourtant elle porte bien le n°6 de la compilation. On retrouve en entretien Hélène alias Mistress Bomb H qui signe avec Money Shit un détonant blues bancal, lancinant et rageur.
Alter1fo : Depuis combien de temps maintenant existe ton projet Mistress Bomb H ?
Hélène : Je dirais depuis le début des années 2000. J’ai commencé dans des trucs plus rock’n’roll/hardcore. Après on a monté un groupe avec mon frère Thomas (Le Corre, un des deux guitaristes de Møller Plesset) qui s’appelait Third Pole, et quand le truc a commencé à s’éteindre parce que Møller Plesset prenait de plus en plus de place pour Thomas, j’ai eu envie de continuer à faire des choses toute seule. Du coup, j’ai monté Mistress Bomb H, avec ce nom qui était au départ plutôt une blague d’ailleurs. Les choses ont démarré doucement et puis ça c’est accéléré à partir de 2003-2004. J’ai sorti un disque appelé « les 7 fenêtres de Mistress Bomb H ». C’était une auto-prod. C’était un CD mais il y avait avec 7 petites gravures. Il y avait cette idée de faire de la musique électronique, parce que c’était quand même beaucoup plus simple pour tout faire toute seule. Il y avait moyen de faire mon propre petit home studio avec un simple ordinateur. J’ai toujours eu envie de faire quelque chose de très artisanal et du coup je trouvais que ça allait bien avec ces gravures. Les 7 fenêtres, c’était parce que j’habitais rue le Bastard à l’époque et que j’attrapais des sons tous les jours. Chaque son quotidien était retraité ensuite pour devenir un morceau et ensuite à chaque jour correspondait une gravure qui explicitait ce que j’avais fait musicalement. Ça a été suivi par un split avec Altar K (Wild Animals kill your punk stars sur le label Dayblind) où on retrouvait un des morceaux des 7 fenêtres et un inédit. Et ensuite il y a eu le 9 pictures en 2011.
Toujours avec ce principe d’un dessin et une histoire par chanson.
Les 9 pictures, ça vient d’un soir où je me suis faite arrêter dans ma voiture par les flics pour un contrôle. J’ai été traitée plus que moins bien. J’ai dû passer la nuit au poste alors que je n’étais pas si alcoolisée que ça. C’était un peu comme si les flics qui m’avait ramené avait attrapé le pompon. Tout le monde venait me regarder dans le couloir. J’ai vécu le truc comme une expérience assez humiliante. C’est sûrement le cas pour tout le monde, mais quand tu es une fille, ça l’est particulièrement. T’es obligée de te désaper etc… J’ai eu envie de le raconter après coup et les 9 morceaux correspondent à 9 moments de la soirée et à chaque morceau correspond une gravure.
Quand tu as démarré, tu avais des artistes références en tête ?
Oui et non. J’ai commencé à m’intéresser à la musique électronique avec des gens comme Mick Harris de Scorn qui lui aussi venait du rock pour aller vers des choses plus dub mais très sombres. Et puis il y a eu aussi le mouvement breakcore de la fin des années 90 qui a vraiment été le facteur déclenchant de mes envies. Je citerais un magasin qui s’appelait Cyborg Station à Rennes qui a été une vraie mine d’or et qui m’a permis de découvrir plein de gens. Il y a aussi un label comme Peace off qui a permis que beaucoup de choses sortent : les Rotator, les Slam… On faisait partie de cette scène là avec Third Pole et ça fait partie de ceux qui m’ont donné envie d’y aller.
Dans l’interview des gens d’In My Bed, ils ont classé les gens qui sont sur la compil en trois catégories : la famille, les compagnons de boissons et ceux dont ils aiment bien la musique. Tu te classes dans quelle catégorie ?
(Rires) Est ce que je prétendrais qu’ils aiment bien ma musique, j’en sais rien. Je ne suis pas de leur famille directement mais on se connaît fort bien, plus que simples compagnons de bar en tout cas. C’est marrant parce c’était un disque plus pop et rock’n’roll, avec des vrais instruments, et ils m’ont appelé en me disant « Hélène, on sait que tu es aussi bassiste. Est ce que tu te sentirais de faire un morceau spécial pour la compil ? ». Je pense donc qu’ils étaient un peu intéressés par ma musique mais ils ne voulaient pas que ce soit un morceau électronique.
Le souci de cohérence du disque semble effectivement une des priorités pour le disque. Ton morceau Money Shit passe d’ailleurs nickel avec ce côté blues bancal bien énervé qu’on aime beaucoup. Comment ça s’est passé la création du morceau ?
Je suis donc partie toute seule avec ma basse et puis très vite j’ai appelé Thomas (Le Corre de Møller Plesset) pour lui demander s’il ne pouvait pas ajouter des petites grattes. Ensuite le choix de Fred (Sorgnard, toujours de Møller Plesset) s’est fait rapidement. D’abord parce que je le connais bien et puis aussi parce qu’il a un jeu de batterie qui me semblait parfaitement correspondre à l’esprit du morceau. Pour le côté énervé, de toute façon, c’est toujours très revendicatif, tout ce que je fais. Je suis aussi comme toujours dans le downtempo. Un truc lent, qui me correspond plus et qui correspond aussi à ma respiration et à ma façon de poser mon chant. Quand j’ai su les artistes qui participaient à la compilation, c’était pour moi une autre lecture de la scène rennaise. Après l’idée ce n’était pas dans l’idée de débiner qui que ce soit mais je voulais juste dire que je me sentais, comme je pense que se sentaient les autres participants, dans un truc qui se revendiquait pas comme mainstream. Que je ne faisais pas les choses pour de l’argent mais par conviction et avec mes tripes. Que je n’ai pas besoin d’avoir un beau brushing ou d’être impec sur la photo. C’est pour ça que ça s’appelle Money Shit et je suis très remontée. Parce que c’est toujours avec beaucoup de morgue que je me moque, mais gentiment quand même.
Comment tu vas gérer la soirée où les 13 groupes passeront ?
On est en train d’en discuter. Ce n’est pas sûr qu’il y ait les 13 groupes parce que Mathias (Saïtam) est aussi régisseur au Jardin Moderne. Du coup, ça va être assez difficile pour lui de jouer alors qu’il risque d’être sollicité toutes les trois secondes par qui aura besoin d’un câble, qui aura besoin d’un outil… Ce sera sans doute un backline commun mais comme on ne joue pas que notre titre et qu’on jouera quelques morceaux en plus, je vais me retrouver avec du matériel dont les autres n’auront pas besoin. Je suis aussi encore en négociation pour savoir si mon compagnon de route Jean Ferraille pourra être là. Je voudrais présenter deux ou trois nouveaux morceaux du prochain album.
A part ça, c’est quoi le futur pour Misstress Bomb H ?
Le 19 octobre, je joue à la Carène à Brest. C’est une date qui me tient d’autant plus à cœur, parce que c’est un peu une soirée revival hardcore, et qu’il devait y avoir un garçon qui s’appelait Yann Dub, qui m’a fait les masterings et les lacks de tous mes disques, qui devait y jouer. Il vient juste de mourir. Comme il habitait à Barcelone, on avait eu peu l’occasion de le revoir et on tiendra beaucoup avec Jean Ferraille à donner le meilleur de nous même ce soir là.
Il y a une tournée qui est prévue dans le sud-ouest. Elle devait se passer sur la fin d’année mais elle va plutôt être décalée en 2014. Il y a aussi la sortie d’un nouveau disque. Il y a aussi le projet Daniel Paboeuf Unity, avec Daniel Paboeuf au saxophone, Jérome Bessout de Fago Sépia à la batterie, et dans lequel je participe et avec lequel il devrait y avoir quelques dates. Et puis aussi un autre projet avec Régis Guégan et Saïtam… Il y a des choses en cours donc.
Pour conclure, peux-tu nous citer trois des albums sans lesquels tu ne pourrais pas vivre ?
Je dirais : Hunky Dory de David Bowie… Wow, trois seulement, c’est un peu raidos ! Goat de Jesus Lizard et Thirteen Songs de Fugazi.
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Plus d’1fos sur le facebook de Mistress Bomb H.
Événement de la soirée du 26/10 au Jardin
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