Edmond Hervé en guest star lors d’un café-citoyen…

Mercredi 10 février, nous nous sommes aventurés à aller découvrir un café-citoyen organisé par le quartier Fransisco-Ferrer-Landry-Poterie. Le thème de la soirée tournait autour de cette question quasi-philosophique : « Que peut encore le politique ?».

A l’heure où la défiance des citoyens vis-à-vis de sa classe dirigeante est à son paroxysme, à l’heure où l’Europe, le monde de la finance, la mondialisation sont pris comme des excuses par certains professionnels de la politique pour se défausser de leurs responsabilités, la question collait parfaitement à l’actualité. Pour nous livrer quelques pistes de réflexion, le conseil de quartier sous la directive de Raymond Paulet⁽¹⁾ a décidé d’inviter Edmond Hervé.

C’est donc dans le café « Les p’tis clous » de la rue de Chateaugiron qu’un public plutôt homogène et plutôt senior s’est massivement réuni pour écouter sagement notre maire honoraire de rennes, ancien ministre, ancien député, ancien sénateur et ancien secrétaire d’Etat. Quitte à parler politique, autant choisir quelqu’un qui connaisse le milieu… la seule contrepartie et non des moindres étant d’entendre un discours, somme toute, assez classique et plutôt timoré durant la soirée.

Quelques extraits choisis de la soirée :

Edmond Hervé : « Nous ne connaissons pas bien le passé du coup nous ne nous représentons pas les évolutions que l’on a connues. Nous voyons que la connaissance de notre histoire n’est plus adaptée à la vie et à la société actuelle. »

Edmond Hervé : « Je suis fondamentalement hostile à l’expression de ‘société civile’ et je n’accepte pas que l’on parle de ‘classe politique’. Je ne connais qu’une société, c’est la société civique où l’on retrouve la notion de citoyen. Et dans notre démocratie qui est la notre, chaque citoyen a un pouvoir et une grande question se pose : que faisons nous de notre pouvoir ? »

Edmond Hervé : « Aujourd’hui, les hommes politiques s’en prennent plein la figure. Il y a à l’égard des organisations politiques tout un discours et une critique qui n’est pas acceptable. Il se peut que tel ou tel responsable politique commette telle ou telle erreur mais il ne peut pas y avoir de démocratie si vous n’avez pas de corps politique. »

Edmond Hervé : « Le vote doit etre libre. A nous de faire comprendre que le bulletin de vote n’est pas une abdication et qu’il faut l’utiliser. »

Edmond Hervé : « Si nous avions attendu l’accord des habitants de Cleunay ou de Maurepas, il n’y aurait eu jamais de réhabilitation de ces quartiers. »

Edmond Hervé : « La préparation de quelqu’un pour exercer une fonction quelle qu’elle soit est une absolue nécessité. Lorsque vous êtes au pouvoir, vous êtes pris par la quotidienneté des décisions. La légitimité d’un élu local se trouve dans ses permanences et dans sa proximité avec ses administrés. »

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Même si certaines pistes furent intéressantes à explorer notamment l’hommage rendu à l’action de Jean Saz, ancien ministre de l’Education Nationale ou sur l’inégalité de traitement entre les religions ou bien encore sur la nécessité de démystifier nos politiques, un peu de contradiction aurait sans doute permis d’animer un peu plus la soirée⁽²⁾. On aurait aimé approfondir certains sujets comme les relations qu’entretiennent ou subissent les élus nationaux et locaux face à certains lobbies⁽³⁾, de la capacitéd’un Etat à réguler les jeux de puissances des mastodontes industriels ou médiatiques. De même, le fait qu’Edmond Hervé n’envisage aucune remise en cause du mode d’élection présidentielle ne laisse finalement entrevoir que peu de perspectives de changement.

Edmond Hervé : « Pierre Mendès France était hostile à cette élection du président de la République au suffrage universel mais j’ai la conviction que nous ne pouvons plus revenir sur ce genre de chose. »

Ainsi, tous les 5 ans, la France semble destinée à se complaire dans l’Homme providentiel, celui qui lui fera les plus belles promesses et qui les reniera sans nul doute au lendemain de sa victoire. Les communicants auront alors gagné une nouvelle bataille, la monarchie présidentielle affaiblira de nouveau le travail parlementaire et les autres scrutins et l’on se reposera encore la question du pouvoir du Politique.

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Alter1fo : Edmond Hervé, qu’est-ce que pour vous le politique ?

Alter1fo : La question « Que peut encore le politique? » dénote implicitement une perte de pouvoir du Politique. Est-ce lié à une perte de conviction au profit d’une destinée personnelle⁽⁴⁾ ?

Alter1fo : La municipalité actuelle ne cesse de mettre en avant sa volonté de faire participer de plus en plus les habitants à l’élaboration des politiques publiques rennaises (Démocratie locale, Fabrique citoyenne, Budget participatif, Etats Généraux de la culture…). Est-ce que finalement le pouvoir politique et le pouvoir citoyen peuvent coexister ?

Alter1fo : Au lendemain de la polémique sur l’absentéisme des députés lors du vote de l’article 1 de la révision constitutionnelle sur l’état d’urgence, ce genre de comportement ne serait-il pas une des raisons de la défiance de la population vis à vis de ses élus et de la perte de crédibilité des politiques ?