Derrière la fenêtre du Melody Maker ? DLF et Kino Eyes

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Des fois, on a envie de passer de l’autre côté, de quitter le virtuel et de passer derrière la fenêtre…  de nos écrans. C’était le cas de nos copains de DLF (le blog Derrière la fenêtre, donc) qui avaient décidé de mettre les mains dans le cambouis, pour aller à la rencontre de leurs lecteurs, en organisant leur premier concert ce samedi 27 novembre au Melody Maker avec Kino Eyes à l’affiche. Et tout ça avec une entrée gratuite !

On doit le reconnaître, on n’avait pas entendu grand chose de Kino Eyes avant d’arriver au Melody Maker. Très peu de sons sur la toile (un mashup sur soundcloud, c’est tout ce qu’on a pu trouver…), pas de bio, ni d’articles ou d’interviews.

On a donc décidé de faire confiance à la patronne (Disso de DLF, donc) et son équipe. Et on doit bien être une grosse quarantaine à avoir fait la même chose -on est devant et on ne voit pas trop le monde derrière-. L’affluence est fort honorable pour une première soirée, avec un groupe quasiment inconnu à l’affiche. Et même, se dit-on, heureusement que l’arrière salle du Melody Maker où se déroule le concert n’est pas plus petite, sinon on aurait été comme des sardines.

Du groupe, donc, pas d’idées précises, si ce n’est une déclaration d’intention lue sur leur facebook : « intention new wave mais esprit post-punk » parfaitement raccord avec ce que l’on va découvrir ce soir. Ils sont trois : un bassiste, un guitariste et un chanteur qui tâte aussi du clavier et lance la boîte à rythmes.

Le concert commence sur des sons de guitare claire typique de la cold wave (on pense à New Order, Leave me alone, pour vous donner une idée, à Joy Division aussi bien sûr, la référence est immédiate), une boîte à rythmes sèche comme un coup de trique et une basse aussi martelée que mélodique. Le tout nous plonge tout de suite dans une ambiance froide et électrique. Et très vite, la voix du chanteur (le monsieur a fait du chant lyrique et ça s’entend !) grave et profonde, noyée dans la delay, produit son effet, à la fois distancié et habité.

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On doit avouer qu’on n’a aucun recul avec la cold wave, qu’il s’agisse de ce son de guitare, de cette basse mélodique ou de ce chant désespéré et lointain. On a trop écouté Joy Division, Cure, Tuxedomoon et tous ces groupes obscurs de minimal wave européens pour ne pas apprécier Kino Eyes. On peut donc comprendre que d’aucuns qui n’aiment pas le style ne soient pas rentrés dans le concert.

Mais il faut d’ores et déjà reconnaître que le groupe a plusieurs talents à son actif, dont une qualité indéniable pour proposer des morceaux variés, qui s’ils restent minimalistes dans l’esprit (on pense à Suicide, en moins épileptique) et toujours dans le style cold wave, mutiplient les petites trouvailles qui font mouche.

La guitare n’est pas seulement claire et eighties, elle peut aussi se distordre et jouer sur les larsens (on apprécie également la progression des sons clairs aux larsens dans la construction du set). Le guitariste est également aussi à l’aise sur les rythmiques que sur les développements mélodiques, parfois clairs, parfois noyés dans une pédale de disto (ou plutôt passant par un bon nombre de pédales, le rack étant bien plein !)

La musique de Kino Eyes n’est pas seulement mélodique, elle joue aussi sur les nappes, les ambiances et les textures. Ainsi, lors d’un long morceau plein de tiroirs cachés, une bande sonore en russe ou autre langue de l’est (??) donne encore un autre ton aux compositions du trio, leur donnant ce petit côté déglingué à la Tuxedomoon, qui n’est pas non plus pour nous déplaire.

Nos seuls bémols concerneraient plutôt la balance avec une boîte à rythmes un peu trop en retrait (le chanteur tournera d’ailleurs légèrement l’enceinte durant le concert pour l’entendre un peu mieux) qui causera quelques décalages entre les musiciens et l’instrument, un clavier au son un peu cheap (et qu’on ne trouve, pour notre part, pas toujours judicieux) qui se détache beaucoup sur les autres nappes sonores.

Mais l’ensemble est quand même diablement convaincant, (pour peu, bien sûr, qu’on adhère à ce genre de musique), surtout si l’on songe que ce n’est ce soir que le deuxième concert de la formation (de l’aveu même du chanteur pendant le set). Aussi, peu importe que la pédale du chanteur lui joue des tours et ne fonctionne plus, le trio déroule ses morceaux avec autant d’humilité que de classe. D’autant qu’ils finissent par une relecture froide et glacée d’un de nos morceaux préférés, Behind the wheel de Depeche Mode, qu’on reconnaît dès la première mesure, malgré un traitement loin de coller à l’original. Au final, une fort agréable découverte !

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La soirée se termine ensuite en beauté avec la sélection impeccable d’Happy Soup, qui reste dans le ton pour notre plus grande joie, avec, entre autres, Joy Division ou The Organ (on adhère !). Alors, merci DLF !

Photos sans lumière : Caro


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