Deux belles soirées, les 7 et 8 novembre aiguisent notre appétit de musiques aventureuses et dévergondées. Retrouvez nos chouchous d’Eshôl Pamtais et les non moins recommandables Corbeaux et Dead Swallows au bar’Hic vendredi soir. Ne loupez pas non plus samedi au Jardin Moderne la fête anniversaire des 30 ans des frappadingues de la STPO.
La première étape de notre périple aura lieu vendredi 7 novembre à l’indispensable Bar’Hic, dont la programmation du moment ne cesse de faire des étincelles. Vous aurez la chance d’y voir pour une somme ridicule un trio de groupes assez croquignolet.
On n’arrête pas de vous en dire du bien sur ces pages. Pourtant, on n’en avait jamais entendu parler avant la sortie de ce premier album : Je respire très peu, merci en janvier 2013. Un disque alors confidentiel qui s’avère être un diamant brut dès la première écoute. Une de ces découvertes rares que vous partagez instantanément avec tous vos amis mélomanes. Car cette musique se joue des étiquettes et s’amuse des évidences avec une fluidité déconcertante. Le talent du gars pour se balader dans les structures, les culbuter en quelques mesures, sans jamais perdre en fluidité vous prend à la gorge. Cette insolente facilité à garder le sens de l’équilibre en faisant le grand écart, sans jamais renier les mélodies vénéneuses, nous a laissé totalement abasourdis. Oui, Eshôl Pamtais (ça se prononce quasi comme ça s’écrit) a sorti rien de moins qu’un des meilleurs albums de l’année 2013.
On l’a retrouvé en live il y a quelques mois pour un premier concert au Jardin Moderne fort bien accompagné puisque sur scène se sont joints au monsieur : Christophe (guitare/Totorro), Matthieu (batterie/Mermonte, Korkoj), Ronan (basse, barytone/Korkoj), Thierry (trompette) et Aline (claviers). Et pour un premier concert avec cette formation, autant dire que les zigues ont mis la barre très haut. Quasi quarante minutes de bonheur assez inédit, pleines de trouvailles aussi bien scéniques que musicales qui nous ont fait écarquiller les oreilles bien grand. Les arrangements cubistes conduisent à appréhender continuellement ces morceaux à l’âme pop sous de nouveaux angles. Portés par une paire rythmique impeccable, les entrelacs des deux guitares mêlés aux claviers sont ainsi parfois rehaussés par de magistraux contrepoints à la trompette. Alors certes, la musique d’Eshôl Pamtais est loin d’être simple et flirte tout autant avec le jazz que la no wave, la musique balinaise ou … Et on reste loin du compte. Mais les prémisses de cette aventure sont plus que bigrement prometteurs. Ce serait donc fort dommage d’en louper l’éclosion.
Pour en savoir retrouvez Eshôl Pamtais en interview dans nos colonnes.
Dans le registre « belles promesses », les rennais de Dead Swallows font aussi bonne figure. Guillaume Mouillet (guitare, voix), Geoffroy Langlais (batterie, percussions), Nicolas Terroitin (basse, choeurs) et Antoine Garrec (claviers, choeurs) sont les quatre membres de cette toute jeune formation qui n’a que quelques concerts à son actif mais qui compte en son sein plusieurs musiciens issus du conservatoire.
Entre pop progressive, shoegaze et psychée, leur musique navigue entre des ambiances musicales qui nous rappellent Virgin Suicides avec un titre comme Anyway, mais peut aussi mélanger dans un même morceau break de pop planante et sons plus crades (Dirty Moan) par exemple.
Après deux mini-albums digitaux, ils viennent de sortir sur leur bandcamp l’excellent Rise in Sleep, un ep 6 titres dont nous avons totalement succombé au charme vénéneux. Une pop sombre et onirique, aux mélodies racées et orageuses, qui devrait faire des merveilles en live.
Le troisième larron de la foire sera le groupe Corbeaux. Ce quatuor s’est formé en 2009, a sorti un album en 2011, Terrain Blanc et revient avec les morceaux de leur toute nouvelle galette mixée, excusez du peu, par Amaury Sauvé (Birds in Row, As We Draw, …) et masterisée par Magnus Lindberg (Cult of Luna, Kruger, Abraham…). Composé d’une section rythmique (Johanne à la basse et Joris à la batterie) et de deux guitares (Mickaël et Maël), le groupe propose des mélodies post-rock particulièrement sombres. Le tout se teinte de quelques touches de prog, de métal et de math-rock, mais conserve la spécificité de n’être qu’instrumental. Pas étonnant donc d’apprendre qu’ils sont influencés par des groupes comme Mogwaï ou Fordamage. Un groupe qui n’a pas oublié que dans post-rock, il y a rock, et qui devrait gentiment mettre le feu à un Bar’Hic ne demandant qu’à s’embraser.
Pour en savoir plus, retrouvez Corbeaux en interview dans nos colonnes.
Vendredi 7 novembre – Bar’Hic, place des lices, Rennes – 20h30 – 5 €
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Depuis 1984, la belle bande de la Société des Timides à la Parade des Oiseaux (ou STPO pour les intimes) trace inlassablement un sillon absolument pas rectiligne dans les terres en friche du post-punk, du rock in opposition ou de la musique progressive. Ce groupe a géométrie variable, pouvant aller jusqu’à 12 dont une trompette, de la clarinette, du saxophone, du synthétiseur, du violoncelle (et parfois même trois basses !) ont tissé au fil des ans, une discographie riche d’une douzaine d’albums. Ils y brassent avec une jubilation contagieuse langage, sonorités, rythmiques et genre dans un grand collage dadaïste. Leurs influences vont de Pere Ubu aux Residents en passant par Wire sans oublier des références plus littéraires comme André Breton ou le Marquis de Sade. Sur scène, attendez-vous à une tornade free rock qui vous emmènera partout, sauf où vous vous attendez à aller. La soirée sera l’occasion parfaite de découvrir ou célébrer ce groupe discrètement indispensable dans la vie musicale rennaise.
Pour en savoir plus, on vous conseille fortement l’écoute de l’excellente émission 90B de Canal B où ils sont invités.
KDB records organise donc fort judicieusement samedi 8 novembre au jardin Moderne, une belle soirée marquant ces 30 années d’inlassables explorations.
On y retrouvera en plus de la STPO en formule quintet, deux autres groupes pas vraiment plus dans les clous. Déficit Des Années Antérieures est une formation tout aussi emblématique puisqu’elle fait parti des pionnières de la musique industrielle française depuis 1977. Locusta Migratoria est un duo qui ne sévit lui « que » depuis 2009, et qui brode des drones extraterrestres plutôt impressionnants. Un des deux membres affiche une liste spectaculaire de collaborations et autres improvisations avec notamment Faust, David Fennec, Ghédalia Tazartès, Régis Huby, Maggie Nichols, Seijiro Murayama ou Phil Minton.
Une soirée qui s’annonce haute en couleur et joyeusement foutraque et pour laquelle, histoire que la fête soit totale, on nous annonce moults surprises.
Samedi 8 novembre – Jardin Moderne, 11 rue du Manoir de Servigné Rennes – 20h – 10€