Bonus N°6 : « ÇA S’ÉCRIT T-C-H » par la compagnie Lumière d’août

La compagnie rennaise « Lumière d’Août », créée en 2004, trouve régulièrement une place de choix dans la programmation du festival BONUS, à Hédé. Nous avions pu découvrir ainsi en 2014 une très chouette pièce « Homère Homer » avec aux manettes Alexis Fichet et Nicolas Richard (NDLR : pour en savoir plus, c’est par ici). Cette année, la compagnie revient avec un polar théâtral, « ÇA S’ÉCRIT T-C-H ». Un texte écrit et mis en scène par Alexandre Koutchevsky. L’histoire d’un homme à la recherche de ses racines dans un champ…

Ca s’écrit T-C-H / Texte et mise en scène d’Alexandre Koutchevsky, Compagnie Lumière d’août – avec Elios Noël et Marina Keltchewsky. Fouesnant, le 16/05/17
► Alter1fo : Pouvez-vous nous expliquer le genèse de ce projet ? 
Ça s’écrit T-C-H constitue initialement la réponse à une commande de Roland Fichet, auteur et directeur du Théâtre de Folle Pensée. La commande, adressée à plusieurs auteurs en 2009, s’intitulait « Portrait avec paysage ». Il s’agissait pour chaque auteur de faire le portrait d’un habitant de Saint-Brieuc qui ne soit pas originaire de cette ville.
J’ai alors rencontré le descendant briochin d’un grand compositeur russe. A partir de ce qu’il m’a raconté j’ai commencé à écrire son portrait. Puis, au fil du travail, j’ai modifié les noms, les faits, et j’ai fini par faire ma propre histoire en me nourrissant également de nos recherches généalogiques et discussions avec les deux interprètes Marina Keltchewsky et Elios Noël. Entre 2011 et 2016 nous avons ainsi mené tous les trois plusieurs chantiers de quelques jours. C’est un projet au long cours, qui nous a accompagnés pendant quelques années, comme un rendez-vous régulier avec nos histoires de famille, la question des origines familiales, du nom que l’on porte.
En 2014 j’ai décidé d’en faire quelque chose, de cristalliser nos recherches et le matériau initial du portrait avec paysage en une pièce unique de théâtre-paysage.
► Alter1fo : Est-ce une réflexion sur notre existence sur terre et sur le thème de la filiation ?
Oui, pourquoi nous sommes là, ou, à cause de qui, ou grâce à qui. Ce sont les questions que se pose Jean-Jacques Tchaïkovsky. Ces questions sont banales mais pour lui elles sont obsédantes, notamment parce que son nom ne cesse de lui rappeler ses origines russes et célèbres. Son nom ne cesse de le renvoyer à cette question du pourquoi de l’existence. Il y répond de manière concrète et quasi-littérale en devenant paysan. Il travaille la terre pour comprendre pourquoi il est sur terre.
► Alter1fo : Quels sont les liens que vous entretenez avec le compositeur russe Tchaïkovski ?  Pourquoi lui ?
Je n’ai aucun lien particulier à Tchaïkovsky, si ce n’est que nous avons des lettres en commun dans nos patronymes. D’où le titre aussi. J’ai choisi Tchaïkovsky car il était plus connu du grand public que le compositeur ancêtre de la personne-source qui habitait Saint-Brieuc. Comme cette pièce a pour impulseur une personne réelle dont je devais faire le portrait, il y a des matériaux que je n’ai pas voulu changer parce qu’ils me plaisaient, comme le fait d’être briochin et de porter le nom d’un grand compositeur russe. Il ne m’est donc pas venu à l’esprit de changer d’ancêtre car je ne souhaitais pas traiter des questions comme « l’existence » ou « les origines » mais bien partir du vécu singulier d’une personne réelle pour ensuite faire émerger ces questions.
► Alter1fo : Comment donner envie de venir voir la pièce ?
Le théâtre que nous pratiquons avec mes camarades se déroule à ciel ouvert. C’est ce que j’ai appelé Théâtre-paysage. Nous le mettons en œuvre depuis une dizaine d’années, en France, mais aussi en Afrique. C’est un théâtre qui tente de nouer les textes, les histoires, au paysage, qui s’appuie sur ce qui est déjà là, qui ne demande qu’à être vu, senti, écouté. Un théâtre qui tente de dire le monde sans le cacher par les murs d’un bâtiment théâtre.
Ça s’écrit T-C-H c’est l’histoire d’un homme à la recherche de ses racines dans un champ. Le public est invité à partager à la fois cette histoire et le paysage où elle se déroule.

Photographies © Caroline Ablain


 

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à Hédé-Bazouges, près de Rennes. Renseignements sur le site de l’événement.

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