L’impeccable association Kfuel faisait enfin son retour sur les scènes rennaises jeudi 1er novembre. Rentrée tardive mais explosive pour nos experts en dynamitage de son, ils conviaient en effet au Bar’Hic le trio noise rock Frankreich mais surtout une petite bombe new-yorkaise appelée Bambara.
Ce jeudi 1er novembre respectait parfaitement la longue tradition grise et pluvieuse associée à ce funèbre jour férié. Nous avions cependant subodoré qu’il vaudrait amplement la peine de prendre la peine de décoller le fondement de son canapé pour braver la grisaille, tant la soirée de rentrée de l’impeccable association Kfuel, organisée au Bar’hic, semblait prometteuse. Nous ne nous sommes pas trompés.
La soirée démarrait avec le trio Frankreich. Nous n’avions rien écouté de ce trio formé près de Cherbourg et dans lequel on retrouve les deux membres de L’Oraille. Nous découvrons donc en direct leur noise rock au ambiances bien pesantes. Rythmiques lourdes et lancinantes, guitare et chant bien agressifs, on navigue, pour notre plus grand plaisir, entre dissonances noise-rock et pesanteurs plus stoner. La classique formation basse-guitare-batterie sied parfaitement au style et on apprécie la montée en puissance du set jusqu’à un final bien sympathiquement furibard. Le groupe manque encore peut-être un peu de puissance et de variations sur le set mais il ouvre parfaitement la voie pour ce qui va suivre.
C’était ensuite au tour des très attendus Bambara d’investir la scène. On retrouve le duo de frangin Reid (chant, guitare) et Blaze Bateh (batterie) avec leur fidèle William Brookshire (basse), désormais flanqué de deux guitaristes dont on n’a pas le nom alors qu’ils le mériteraient amplement. Ils ont un peu de mal à tous tenir sur la scène mais le chanteur va se faire un plaisir d’en descendre pour venir au contact d’un public nombreux et ravi du jeu ultra physique et expressif du monsieur. Nous avions espéré du très bon. Nous n’allons pas être déçu.
Le groupe place d’emblée la barre très haute avec une énergie folle et une présence scénique remarquable. Les titres s’enchaînent sur un rythme infernal qui semblent pourtant enfler à chaque nouveau morceau. Le son est terrible et ils jouent tous comme si leur vie en dépendait. Porté par une section rythmique hallucinante, le chant enfiévré de Reid et le duo de guitares magnifiquement sonique font merveille. Chaque titre de leur splendide dernier album Shadow On Everything sorti chez Wharf Cat Records en 2018 est amplifié et magnifié en live. Le subtil équilibre entre la voix d’outre-tombe de Reid, la puissance du squelette rythmique et les sonorités abrasives et fiévreuses des guitares est miraculeusement parfaitement conservé malgré la débauche d’énergie dont ils font preuve. Ils seront tous très bons ce soir là mais nous tenons à porter une mention spécial à Blaze Bateh dont l’ahurissante force de frappe derrière les fûts aura amplement participé à propulser le public conquis vers les plus haut cieux. Pour pinailler, on pourra peut-être leur reprocher d’en faire parfois un peu trop, défaut assez répandu chez les groupes new-yorkais d’ailleurs, mais quand on a une fougue et une classe mélodique et scénique pareilles, on ne va pas leur en tenir rigueur. D’autant plus qu’après un set ultra-généreux (dont on retiendra en climax une version survolté de l’imparable Monument), la nuit manque de s’achever un peu brutalement pour cause d’ampli basse en rade. L’intervention expresse de magic-Mathias au son ce soir là, nous sauvera la mise et nous vaudra une dernière fournée de morceau tous aussi explosifs les uns que les autres (dont un Backyard mémorable) qui nous laissera aussi exsangues que ravis.