La plus excitante des soirées concerts de ce mois de février aura lieu mardi 16 février au Jardin Moderne. Les lascars du label rennais Kerviniou recordz y rassemblent en effet les mancuniens de Total Victory et les rennais de Møller Plesset. Deux groupes alliant déjà grande classe mélodique et puissance sur disque et qui, comble du bonheur, décuplent encore leur force de frappe sur scène. Le tout nous promet donc rien de moins que le combo scénique parfait pour une double dose de baffe magistrale.

Lors de sa première annonce, cette date devait rassembler Total Victory et Cougar Discipline. Ces deux groupes des écuries Kerviniou Recordz nous semblaient déjà constituer une fort belle affiche. Pourtant, quand nous avons appris le remplacement des seconds par les locaux de Møller Plesset, nos attentes ont soudainement atteint un niveau stratosphérique. Voilà en effet que se trouvaient rassemblés en une même soirée, deux des groupes dont les concerts nous avaient mis joyeusement sens dessus dessous. L’aiguille de notre attentiomètre est donc désormais bloquée à la graduation maximale.

Les deux prestations incandescentes généreusement livrées par les mancuniens de Total Victory au Bar’Hic en 2013 et 2014 trônent en effet fièrement tout en haut de nos plus beaux souvenirs scéniques. Nous avions découvert ces cinq anglais en 2011 avec leur premier album The Pyramids of Privilege. Avec ce disque, le quintet faisait déjà preuve d’un sens de la composition largement au dessus du lot, qui le mettait d’emblée dans les groupes à suivre de très près. La confirmation viendra fin 2012, avec National Service, une seconde salve de 9 chansons toutes aussi dévastatrices les unes que les autres. Ils y affûtaient leur formule pour parvenir à une quintessence post-punk élégante et accrocheuse en diable. De la tétanisante ouverture Churchbuilder, en passant par l’implacable Reverse Formation, ou encore le renversant What The Body Wants The Body Gets, les gars nous faisaient une démonstration époustouflante de concision et d’efficacité. Leur alchimie est bouleversante de simplicité : des rifs entêtants, une rythmique diabolique, et au dessus de ça une des plus belles voix qu’on ait entendue depuis longtemps. Blindez le tout par une élégance sombre de paroles corrosives et vous obteniez un des disques les plus brillants de 2012.
Depuis, l’album est enfin sorti physiquement chez Kerviniou Recordz et il fait partie des disques totalement indispensables à votre discothèque. Un second album ne devrait plus trop tarder mais pour ronger notre frein, ils ont eu la bienveillance de nous livrer un excellent live et deux EP. Le second, qui vient tout juste de sortir en février dernier s’appelle If You Were There. Son hétérogénéité a un peu déconcerté certains fans de la première heure mais, pour notre part, il fait preuve d’un bel esprit d’aventure. On y retrouve ainsi  Mass Firings et Atherton Derby, deux petites bombes post punk dont ils ont le secret. Cependant, la bande y tente aussi trois belles excursions en terrains moins familiers. D’abord deux petites perles de pop solaire, mélodiquement limpides et aux refrains splendidement entêtants : Pine Cone et Countig Hill. Ensuite, il se conclut sur un épique Kalfon (pas l’acteur) de près de 14 minutes dont nous frémissons d’impatience de savourer en live la détermination farouche et les vertigineux murs de guitares.
Que les choses soient claires, soit vous les avez déjà vus et vous savez qu’il ne faudra louper cette nouvelle occasion sous aucun prétexte, soit vous n’avez pas encore eu la chance de voir ce groupe en live et vous allez vous prendre une torgnole dont vous ne soupçonnez même pas l’amplitude.

Histoire de doubler la mise, on retrouvera également ce soir là les essentiels Møller Plesset. Depuis deux décennies déjà, le groupe prouve avec classe et nonchalance que Chicago n’est finalement pas si loin de Rennes que ça. Leurs trois galettes : Rather drunk than Quantum, (2002), the perturbation theory (2005) et Hartree-Fock method (2011), font définitivement partie de nos disques de chevet. Le duo de guitare Régis Gauthier/Thomas Le Corre est aussi fascinant dans la puissance que dans des élans retors et labyrinthiques où ils font preuve d’une complicité et d’une complémentarité exemplaires. L’impressionnant jeu de chausse trappe rythmique de Fred Sorgniard à la batterie enrobe parfaitement les circonvolutions abrasives des deux six cordes et le chant déchirant d’intensité de Gilles Trotin (souvent savoureusement mis en contrepoint avec celui de Régis Gauthier) achève de rendre le tout totalement imparable. Parce que derrière la fureur et les syncopes à trois temps, les lascars vous planquent de redoutables compos qui vous accrochent par l’oreille dès la première écoute et ne vous lâchent plus.
Sur scène leur rock noise retors et classieux nous a toujours mis dedans dehors. On parie un billet sur le fait qu’ils ne dérogeront pas à la règle ce soir-là.
Retrouvez sur le site la bande en interview pour leur participation à la compilation du label In My Bed.

Mardi 16 février 2016 – Jardin Moderne, 11 Rue du Manoir de Servigné, Rennes – 20h30 – 6€

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