Angil & The Fucking Hidden Tracks : De l’art de mériter son qualificatif

 Doublé gagnant pour la rentrée de l’association Kfuel. Après la magistrale dérouillée infligée par Big’N la semaine dernière au Mondo Bizarro, ils nous ont proposé, vendredi 6 septembre dans le chaleureux bar-resto l’Avant-Scène, une #$%@ de soirée qui restera gravée dans les annales grâce à la prestation enflammée et généreuse d’Angil & The Fucking Hidden Tracks.

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On se mord un peu les doigts de ne pas avoir pu assister à l’excellente émission qui avait lieu à 18h30 en préambule à la soirée, et qui regroupait deux de nos programmes favoris de Canal B : Freeson et Kérozène. On a quand même eu le plaisir de l’écouter et de savourer en plus de l’excellente alchimie entre les deux fines équipes, une excellente interview de Mickaël Mottet, le chanteur et chef d’orchestre d’Angil & The Hidden Tracks.

C’est la première fois que nous avons l’occasion de nous rendre au bar-restaurant l’Avant-Scène. Ça fait toujours plaisir de découvrir un nouveau lieu de concert sur Rennes. Nous avions cependant quelques inquiétudes sur les possibilités de parking boulevard de la Tour d’Auvergne. Nous nous garons finalement avec une étonnante facilité, ce qui nous permet d’avoir largement le temps de serrer les louches des têtes connues avant de découvrir les lieux. Première impression, c’est spacieux et très accueillant avec sa déco sympa et son joli plancher. La scène en retrait dans une pièce, et en contrebas de quelques marches, est un peu surprenante de prime abord mais on va vite s’y faire.

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La soirée s’ouvre en douceur avec Dotsy Dot, soit Schérazed O. charmante chanteuse accompagnée par son fiancé, Mickaël Mottet, le Angil de la troupe qui va suivre donc. Une voix (et quelle voix), quelques notes de guitares, des rythmiques aériennes… un dispositif minimal mais qui ne manque pas d’allure. Car s’il se dégage de ces ritournelles pop dépouillées, une émotivité qui vous file le frisson, les intonations de la belle savent aussi se faire plus cajoleuses ou malicieusement soul sans jamais trop en faire. En une demi-heure, on retrouvera l’intégralité de son excellent premier album ainsi que trois magnifiques reprises reflétant bien éclectisme de la demoiselle. On a retrouvé avec un grand plaisir sa version classieuse du Temptation Tide de Sebadoh et en superbe conclusion son interprétation du Feeling Good de Nina Simone qui n’a pas manqué de nous foutre les poils. En bonus parfait, nous aurons même droit au Little Trouble Girl de Sonic Youth (la perle de leur mal aimé album Washing Machine, où on retrouvait en sublime duo Kim Gordon avec Kim Deal des Pixies/Breeders). Une ouverture délicieusement délicate, qui aura permis un très plaisant contraste entre ce duo épuré et la luxuriance des arrangements du sextet qui va suivre.

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Après un court entracte, on retrouve donc Angil mais cette fois accompagné de cinq de ses Fucking Hidden Tracks. Le monsieur Mottet expliquait en début de soirée qu’ils pouvaient être jusqu’à neuf en enregistrement mais que la complexité à tous se réunir les limitait à la formule sextet en live. Quand on passe de deux à six artistes sur cette petite scène, ça fait pourtant son petit effet.

La bande commence bille en tête par l’enchaînement de deux des quatre tueries de leur dernier maxi. Le flow acide d’Ideas s’enchaîne parfaitement avec l’irrésistible refrain du tube en puissance I need an enemy. En deux morceaux, tout ce qu’on espérait du groupe en live est d’ores et déjà là. La bande réussit parfaitement et avec une classe folle à transposer la méticulosité des compositions. La suite va confirmer et même dépasser ce constat. Parce que les stéphanois vont tout simplement exploser toutes nos espérances. Car ce qui frappe et ravit chez ces gens, en plus de leur talent de composition et d’interprétation, c’est leur épatante complicité. Un lien palpable passe entre eux et donne encore une chaleur supplémentaire à leurs merveilleux morceaux. Une si belle bande mérite bien qu’on les cite tous. Honneur aux dames, Estelle Farine à la flûte et Pauline Dupuy à la contrebasse et au chant, apportent une touche discrète mais très classieuse aux chansons. Juste à côté Jean-Christophe Lacroix jongle avec maestria et flegme entre chant, violon et trompette. Le tonitruant trombone du déchaîné (normal c’était son anniversaire) Thomas Boudineau apporte sa chaleur et sa flamboyance. Le jeu de batterie étonnant et chaloupé de Flavien Girard charpente l’ensemble avec une savoureuse touche jazzy. Enfin, Mickaël Mottet lie tout ça avec sa présence, son jeu de guitare gracieux et son inimitable phrasé dont les accents hip hop ressortent avec force en live. Le chanteur racontait en interview qu’il avait ajouté le seyant fucking à l’appellation du groupe pour montrer à quel point il l’épatait. Ils auront largement prouvé ce soir qu’ils le méritaient plus qu’amplement.

Logiquement, le public réagit en leur offrant un retour à la hauteur du cadeau qu’il nous font et ça devient un de ces moments magiques où artistes et spectateurs s’éclatent avec un plaisir aussi ineffable qu’équitable. Le groupe livre une généreuse prestation d’une bonne heure et quart qui fera la part belle au dernier maxi et à l’album Now mais qui ira aussi piocher du côté de The And et d’Oulipo Saliva. Et quand ils pensent s’en sortir en liant l’ouverture et la conclusion de leur quatrième album, le public en réclame encore. Ils concluront tout en émotion par un superbe et feutré Took no drugs, had no drink (it was all in our minds) où le batteur au bord de l’épuisement tambourinera en douceur ses toms du bout des doigts.

l’intégrale (en 11 parties!) de tout ce bonheur filmé par l’indipensable Appolosmouse.

Ce fut donc une superbe soirée et surtout une magnifique revanche sur le coup du sort qui nous avait privé de leur venue à Noël dernier. Le genre dont on repart en se disant « Wow, j’y étais » et dont on chérit le souvenir tout en guettant la prochaine occasion de revoir le groupe. Surtout que la petite causette qu’on a eu avec eux après le concert confirme qu’en plus d’être talentueux, ils sont aussi adorables.

Merci encore mille fois à Kfuel, à Freeson, à l’Avant-Scène et à tous ceux qui ont rendu ce moment magique possible.

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