Vers un « Tsunami humanitaire ».

« Quand le riche maigri, le pauvre meurt »

Nous avons tous remarqué la hausse des prix, notamment des denrées alimentaires dans nos magasins. Suivant notre revenu, cette gène est plus ou moins forte, les étudiants et chômeurs mangent un peu moins de viande, et prennent un demi au lieu d’une pinte au bistrot du coin, les autres feront quelques heures supplémentaires et partiront une journée ou deux de moins en vacances. Mais si nous, les riches européens, sommes gênés dans nos habitudes quotidiennes, les conséquences pour les populations pauvres des pays pauvres sont catastrophiques.

Conséquences de la crise alimentaire :

100 millions de personnes dans le monde sont touchés gravement par la crise alimentaire. C’est le chiffre de la population pouvant être touché par une disette, voir une famine dans les semaines qui viennent. Nous ne sommes pas dans une configuration qui toucherait seulement un ou deux pays, comme on a si tristement l’habitude de le voir, mais dans une catastrophe humanitaire qui touche 33 états, dont les populations peuvent potentiellement mourir de faim dans les mois qui viennent. 33 états dans le monde, qui à cause de la montée brutale des prix des produits agricoles et énergiques, sont menacés de troubles politiques et de désordres sociaux. On à déjà assisté à quelques mises en bouche à Haïti (6 morts), au Cameroun, en Côte d’ Ivoire… mais, c’est bien de guerres et de famines dévastatrices dont il peut s’agir d’ici quelques mois. Les prix des denrées alimentaires ont doublés dans les pays les plus pauvres ces trois dernières années, les prix du blés ont augmenté de 183% pour la même période. Les stocks alimentaires mondiaux sont très faibles, et peuvent disparaître à la première mauvaise récolte. Cet état de faits a de multiples causes.

Ses causes :

L’une d’entre elles se situe dans les milieux de la finance.
Il y a un peu plus de 200 ans les accapareurs étaient pendus. Ces accapareurs étaient de riches bourgeois, investissant dans le blé lorsque les stocks étaient pleins, et vendaient lorsque les stocks étaient vides, suite à une mauvaise récolte. Bien sûr ils profitaient de la pénurie pour revendre leur stock de blé à des prix prohibitifs. Ainsi ils s’enrichissaient sur le dos de la famine.

Aujourd’hui un nouveau terme désigne ses accapareurs, ils s’appellent spéculateurs. L’augmentation des prix alimentaires s’est accélérée notamment depuis la crise américaine des subprimes. Les fonds d’investissements qui investissaient dans l’immobilier, avec la crise financière que l’on connait, investissent dans les matières premières. Les denrées alimentaires sont devenues de véritables valeurs refuges pour les investisseurs. Ceux-ci font donc grimper les enchères par multiplication de la demande face à une offre déjà très faible. La substance de la vie, la nourriture, devient un instrument de placement ! Bienvenue dans l’Ancien Régime.

Mais on aurait tord de limiter le problème frumentaire à ces bandits en col blanc.

Le problème du rapport de l’offre et de la demande est lié aussi à l’émergence de certains pays, dont le niveau de vie augmente et donc la demande en nourriture riche aussi . L’accroissement de la consommation de viande par exemple à une conséquence directe sur les prix des céréales, le cheptel mondial équivaut à environ 60 milliards de têtes, autant de bouches à nourrir, qui consomment autant de céréales que 4 milliards d’habitants. Du coté de l’offre la hausse des coûts de production (augmentation du prix du pétrole…) et la concurrence des pays riches, dont les agricultures sont aidées (la Politique Agricole Commune en Europe), découragent les paysans des pays en développement, dont les produits coûtent plus chers à l’étalage que les produits américains ou européens.

Champ au Sahel

La hausse des prix du pétrole a une autre incidence sur celle des denrées alimentaires.

Les biocarburants deviennent de plus en plus populaires. S’ils ne représentent qu’environ 5% de la consommation d’énergie, ils détournent cependant autour de 20% de la production mondiale de maïs et de colza de l’usage alimentaire. Des pays déjà en déficit alimentaire, comme l’Indonésie ou le Sénégal, se mettent à produire des biocarburants et sacrifient des terres arables.

Des solutions ?

On pourrait encore décliner presque à l’infini les causes de cette crise qui ne fait que commencer, on peut chercher les causes dans les Politiques d’ Ajustement Structurel, dans l’incompétence (quasi structurelle elle aussi) des pouvoirs africains, une démographie galopante…. Celles-ci doivent servir à trouver des solutions à moyen et long terme. Mais aujourd’hui que faire pour régler un début de crise pouvant prendre des proportions jamais atteintes?

M. Bush a déclaré le déblocage de 200 millions de $, l’Europe a suivi derrière avec la promesse de 160 millions d’€, afin de renflouer notamment le Programme Alimentaire Mondial qui nourrit chaque année 73 millions de personnes.

L’Europe prévoit aussi de s’attaquer à la PAC… mais quel morceau, la France traine déjà des pieds, en effet la moindre réforme la concernant et nous aurons du lisier plein les rues (ça fait plus désorde que quelques lycéens en colère). J. Chirac veut s’attaquer aux problèmes de fond l’agriculture africaine, développer une agriculture vivrière, réorienter les investissements de l’industrie vers le développement agricole, briser la concurrence compétement inéquitable entre les produits Européens et les produits Africains… L’ancien fervent défenseur de la PAC, celui qui monopolise plusieurs milliers d’hectares en Afrique destiné à la canne à sucre et au café prend aujourd’hui allure d’altermondialiste, on ne peut que l’en féliciter et espérer que la voix du vieux sage sera entendue, peut être le croiserons nous bientôt à la fête de l’Huma.

Mais en parallèle à toutes ces promesses des milieux décisionnels, c’est à nous, en tant qu’ individus, de ce demander, comment l’on peut agir. Dans un pays comme la France où l’état omniprésent à pris en charge toute forme de solidarité, et où depuis peu l’enrichissement personnel est érigé en valeur absolue, ce mot est assez fumeux pour nombre de nos con-citoyens. Le Programme Alimentaire Mondial enregistre un déficit cumulé de 500 millions de $, on peut donc l’aider à renflouer en envoyant un don sur http://www.wfp.org/french/, ou encore à action contre la faim : http://www.actioncontrelafaim.org/. On peut aussi s’intéresser à sa consommation personnelle, introduire la notion de conso-action dans son caddie, en achetant des produits labelisé commerce équitable, en diminuant sa consommation de viande… La terre possède la capacité de nourrir 9 millliars d’âme et ce dans le respect de l’environnement, on ne peut accepter que des populations meurent encore de faim.

Loïc G.

5 commentaires sur “Vers un « Tsunami humanitaire ».

  1. youl

    quand je pense que Nicolas Sarkozy et la droite ont été présenté lors des dernières élections présidentielles comme un candidat et un parti moderne, seuls garants d’un renouveau économique.On se rend compte aujourd’hui de l’archaïsme intellectuel du programme des "riches" et du "français moyen"(j’en fait parfois parti).
    Travailler plus pour gagner plus, pour consommer plus est en fait le chemin inverse qu’il fallait prendre.

    Finalement Marx aussi ringard qu’il puisse paraitre avait quand meme raison, l’économie de marché(capitalisme)n’est pas la bonne solution pour pérenniser un avenir stable.Car on ne peut concevoir un système qui demande toujours plus.
    Plus de pétrole, plus de viande, plus de maïs, toujours plus…..

    Il va falloir aller chercher loin dans notre instinct de survie pour trouver une solution mondial à cette chute idéologique qui va finalement se terminer en catastrophe(pour notre confort de pays du nord).
    L’intelligence collective contre le darwinisme sociale.

    Maman j’ai peur …..

  2. Loïc

    Deux enjeux majeurs s’ouvre pour l’humanité : le réchaufement climatique et nourir 9 miliards d’individus pour 2050. L’humanité à depuis plus de 3 millions d’années sut s’adapter pour survivre aux aléas de l’extérieur. C’est cette adaptation même, que l’on à si bien réussie, qui est aujourd’hui l’origine de défis sans commune mesure à ceux du passé. Le défi ne vient plus de l’extérieur, il vient de l’intérieur, de l’humanité même. L’homme en sortira t-il vainqueur?

  3. Larousse

    Bien mais sans les fautes d’orthographes !!

  4. Robert Bled

    Zorba Larousse !
    élève le débat …
    bravo pour cet article.

  5. Mael

    Bon sujet ! Malheureusement, encore une fois, il faut qu’un problème devienne général et nous touche nous, petits occidentaux, pour que l’on en parle et que l’on s’en inquiète…Un poil tardif donc, mais mieux vaut tard que jamais.

    Mais non voyons j’exagère, on avait également parlé, à l’époque de la catastrophe du Sahel (qui, en passant et encore une fois, était dû à l’activité industrielle occidentale, et non à une agriculture mal gérée comme on a voulu nous le faire croire) …pauvres petits africains…ce qu’ils restent nobles dans leur pauvreté!…tiens Ghislaine prends une photos…

    Donc oui il est grand temps que nous réagissions, car c’est bien le système de production/consommation occidental qui est en cause aujourd’hui. Et comme le rappelle Loïc G., c’est également à nous en tant qu’individu de réagir, d’agir…chose plus simple à dire qu’à faire me direz-vous. Car encore faut-il avoir les moyens d’agir, et ces moyens passent tout d’abord par l’information. Or, combien de personnes ont aujourd’hui le privilège d’être correctement informées des questions d’ordre mondial, de leurs mécanismes, de leurs enjeux et conséquences ? trop peu.

    Il faut donc être prudent quant à la responsabilisation du citoyens lambda. Car oui nous sommes tous responsables, encore faut-il nous en donner les moyens. Individuellement (on peut l’espérer en tout cas), personne de souhaite ce qui se passe, mais collectivement c’est une autres histoire.

    "L’intelligence collective contre le darwinisme social" nous dit Youl. Je suis entièrement d’accord. Mais quel est donc le relais de cette intelligence collective ? Car l’on voit bien aujourd’hui que les dynamiques collectives sont mues par les logiques individuelles qui les sous-tendent.

    J’en appelle donc ici au rôle de l’Etat (et des Etats). Quel est le rôle d’un Etat, si ce n’est celui d’imposer, parfois, une politique forte lorsqu’il est question de l’intérêt général?

    "Reformez vous, reformez vous" qu’il disait il y a un an. Et bien reformons, oui, mais dans le bon sens cette fois.

    Mael

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