La manifestation des catholiques intégristes contre Castellucci

Décidément, Rennes n’arrêtera pas de me surprendre…

Depuis quelques jours, j’entendais parler d’une manifestation intégriste qui aura lieu contre le spectacle de Castellucci intitulé « Sur le concept du visage du fils de Dieu », dans le cadre du festival Mettre en scène.

Jeudi 10 Novembre, jour J pour la première représentation. J’avais décidé d’aller jeter un coup d’œil au point de rendez vous du rassemblement, place de Bretagne sur les coups de 19 heures.

Quelques centaines de personnes s’étaient ainsi retrouvées, arborant fièrement drapeaux royalistes ornées des symboles chouans. Une heure plus tard, pas loin d’un millier d’individus attendaient patiemment le début du cortège en direction du TNB.
Armés d’un camion de location et d’une sonorisation, les organisateurs ont diffusé des cantiques religieux et propagé des discours relatant le but du rassemblement. Les jeunes présents se sont petit à petit habillés de gilets fluos avec au dos le logo de « Civitas », constituant ainsi le « service d’ordre » du cortège. Civitas, se décrivant ainsi sur son site internet :

L’Institut CIVITAS est un mouvement politique inspiré par le droit naturel et la doctrine sociale de l’Église et regroupant des laïcs catholiques engagés dans l’instauration de la Royauté sociale du Christ sur les nations et les peuples en général, sur la France et les Français en particulier.

Castellucci-manif-cathos01La contestation était la même qu’à Paris, quelques jours plus tôt : la pièce de Castellucci leur est considérée comme blasphématoire compte tenu de l’utilisation du visage du Christ.

Alain Escada, secrétaire général de Civitas, et représentant de la manifestation, a saisi le micro pour présenter le déroulement de la soirée sans manquer de rappeler que le « sang Chouan coule toujours dans nos veines ! » sous un tonnerre d’applaudissement de l’assistance. Il a également regretté que dans le spectacle de Castellucci, « d’innocents enfants sont amenés à jeter des grenades factices sur le visage du Christ ». Paradoxe de l’évènement, devant Escada se trouvaient alors des dizaines d’enfants en bas âge arborant des drapeaux royalistes.

Du côté du TNB, le quartier a été totalement barricadé par les forces de police, des grilles fermaient l’accès au théâtre bloquant ainsi l’avenue Janvier.
Environ 150 manifestants du PCF, de l’Action Antifasciste et de Sud se positionnaient devant l’une de ces barricades. Un catholique intégriste y a d’ailleurs été démasqué et lynché contre les grilles du lycée Émile Zola par une dizaine de personnes, nécessitant l’intervention de la police.

Parti de la place de Bretagne, le cortège a emprunté le boulevard de la Liberté sous les regards ébahis des passants. 1300 manifestants, dont 300 enfants, d’après les renseignements généraux. Slogans radicaux, crucifix gigantesque, cantiques… Peu courant dans les rues.

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Arrêté par une barricade, Alain Escada était navré de constater que l’État, représenté par les forces de l’ordre, bloquait le mouvement.
Seulement, ces mêmes forces de l’ordre leur ont été très utiles pour stopper l’arrivée sportive à revers de la contre manifestation.
Alain Escada a orchestré une « prière réparatrice ». Quelques 700 participants ont ainsi prié à genou sur le boulevard pendant une vingtaine de minutes.

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50 mètres derrière eux, les contre manifestants scandaient des slogans tels que « Les C.R.S avec les fachos ».

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Soudainement, au cours de la prière, quelques cris, des mouvements. Trois personnes se seraient insérées futilement pour bouleverser la cérémonie. La bagarre éclate. Les individus sont vites écartés, puis extirpés et mis à l’écart par les C.R.S. avant un éventuel réel lynchage. Quelques dizaines de minutes plus tard, les contre manifestants s’étaient dispersés. La prière était terminée et les manifestants ont promis qu’ils réitèreraient la contestation tant que la pièce aura lieu, quelque soit l’endroit.

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En définitive, toute cette agitation était franchement surprenante. Et… Les prières de rues n’ont-elles pas été interdites récemment ?
Aussi, comment interpréter cette franche poignée de main -presque chaleureuse- entre Alain Escada et un ( très ? ) haut gradé de la police présent sur les lieux ?

Le comble dans cette histoire, c’est que les intégristes religieux ont omis de faire une « prière de réparation » à l’encontre du concert d’Alice Cooper qui avait lieu au Liberté au même moment. Pourtant, les vibrations des basses étaient bien palpables…

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