Pamphlet utopiste sur la charentaise. 

Nous y sommes , la haute période d’activité des méga-organisations bat son plein.
Les festivals de musique en tout genre dictent à coup de cachets faramineux le bien pensé de la culture variété et alternative.
Les mairies dépensent des fortunes pour un feu d’artifice spectaculaire.
Tous les moyens sont bons pour épater la galerie.
La tendance « gigantisme » serait-elle toujours la clef d’une fête réussie ?

Une fête différente…

Pour preuve que non, je me suis rendu à la traditionnelle fête de Saint Symphorien à coté d’Hédé.
La « Saint Sym » pour les fidèles. Des « collègues » d’alter1fo , m’avaient rencardé, ils y vont déjà depuis 8 ans.
De retour du Festival des 3 éléphants, après avoir timidement dansé sur Birdy Nam Nam, Digitalism et South Central, autant vous dire que j’avais besoin de me ressourcer.

Il fait beau , je suis un peu fatigué mais je pars content.
J’arrive sur le site : un champ, des stands pour se restaurer, une scène,
un manège et un stade improvisé pour les activités qui suivront.
Je m’installe à une table pour siroter une bière. De la musique est diffusée sur la sono…
Un morceau de JUSTICE est en train de passer…
j’apprécie le décalage et finalement je me dis qu’ils ne sont pas populaires sans raison ces JUSTICE,
alors je fonce m’acheter une galette saucisse.
Les DJettes qui mixent les galettes sont très sympa et je repars m’asseoir avec une galette saucisse et une barquette de frites pour 3 euros.
Je me dis que j’ai bien fait de passer par Saint Symphorien.

Le lancer de charentaise

Une course cycliste avait été organisée dans l’après midi, et les amoureux de la « Petite Reine » étaient au rendez vous. La remise des prix a lieu sur la scène, et l’animateur extorque aux sportifs essoufflés leurs impressions sur la course. Les champions sont aussi des fidèles de la compétition annuelle.
Cependant je n’avais été attiré à la « Saint Sym » ni pour ses frites succulentes ni pour son critérium réputé mais bel et bien par l’activité phare de la fête:
l’épreuve du « lancer de charentaise » à pied nu.
Le but consiste à enfiler une charentaise sur son pied, de s’élancer sur quelques mètres
et de balancer la pantoufle le plus loin possible en évitant de marcher sur la ligne terminant la piste.
Le record toutes années confondues est d’environ 29 mètres. Une performance hors du commun!
Ici point besoin de gestes musclés, il faut plutôt développer subtilité et précision.
On est 3 de la bande à vouloir s’inscrire. Nos looks de clubbers sur le réveil ne trompent personne,
mais peu importe, nous lançons le concours … la foule retient son souffle.
Je suis le premier à ouvrir la discipline.

Mon camarade, un fidèle de la « Saint Sym », m’avait quand même informé d’une astuce. Il me conseille de prendre une charentaise pied gauche pour favoriser l’accroche lors du lancement.
Et oui ! C’est pas facile du tout.
L’animateur met la pression et me fait prendre conscience de la foule attentive. Je suis prêt à lancer une pantoufle et ça me donne un petit coup de stress.
Je me ressaisis car le public en demande.
Je m’élance, décidé à pulvériser le record, je brandis mon pied et le chausson s’élance à plus de 30 mètres …..

 

 

 

 

 

 

…mais vers le haut malheureusement.
La foule rodée par le spectacle , s’élance dans un portamento accompagnant la charentaise jusqu’au sol … tout le monde rigole.
C’est bon, je l’ai fait ! J’ai lancé mon premier chausson en orbite.
Putain ! Qu’il faisait bon d’être vivant, en ce dimanche de Juillet à Saint Symphorien.
J’ai le droit à 3 autres essais. Les suivants seront plus concluants, mais d’avance, pas assez pour gagner la compétition. C’est fini pour moi, mais peu importe, j’imagine déjà des plans d’entraînements intensifs pour m’améliorer.
L’animateur annonce l’arrivée du tenant en titre, un jeune du coin, qui a l’avantage sûrement d’avoir hérité de l’expérience des plus anciens pour cette spécificité locale.

 

Chacun termine ses lancers, pas de record cette année, on rigole bien. Je suis comblé.

Le tiercé de lapins

Mon escapade dominicale se poursuit et j’assiste au « tiercé des lapins ».
« Une sélection de pouliche exceptionnelle cette année » s’enthousiasme l’animateur.
Des participants déguisés en lapin se distinguent par des détails ostentatoires rappelant leur titre de Pouliche.
Lapin polaise, lapin-up, lapin-tade, laping pong, et j’en passe ….

 

 

 

 

 

 

 

 
C’est une course où l’on doit pousser une brouette avec un lapin posé dessus…
Cependant, « curieusement », depuis 2 ans maintenant ,la tradition s’est vue légèrement modifiée.
A la grande déception du public, une association de protection des animaux à interdit la participation de lapins vivants affirmant que ceux ci pouvaient être blessés. Les lapins sont désormais remplacés par des ballons tout ronds.

Et c’est avec nostalgie qu’on me raconte l’époque où les lapins refusant de rester sur la brouette partaient à l’autre bout du champ, et rendaient la course bien plus attrayante.
Une pensée obscure traverse mon esprit et j’imagine l’effet obtenu si la charentaise pouvait être remplacée par une chaussure de sécurité. Passons…
Le tiercé des lapins reste quand même une course de haute voltige, et les participants se laissent applaudir par les gens venus supporter leur pouliche.

Une fête très réussie et je terminerai ce billet par ceci :
Au diable le déballage de moyens, alors qu’une paire de charentaises et une brouette suffisent techniquement à l’éclate collective.
Merci à la fête de Saint Symphorien pour son accueil et sa convivialité.
Rendez vous l’année prochaine, pour assister au nouveau record de lancer de charentaise, que je vais pulvériser …