Récit d’une soirée en décalage contrôlé avec Gablé and friends à l’Antipode

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L’Antipode laissait carte blanche ce samedi soir à Gablé pour nous concocter une soirée de leur cru. A l’occasion de la sortie de leur troisième album « Cute horse cut », le trio Gablé (retrouvez l’interview de Gablé ici) a donc invité tous ses amis à l’Antipode pour une soirée que Captain Beefheart aurait adoré. Outre Cheveu et Marvin qui jouissent cette année d’une montée de leur cote de popularité, il y avait aussi en plus underground Gregaldur, Pneu et Le Singe Blanc.

Au delà de mon admiration pour Gablé, que j’ai eu l’occasion de voir plusieurs fois sur scène, il faut noter que c’est en live que leur univers prend réellement ce relief incroyable qui fait de ce groupe quelque chose d’unique en son genre (sorte de folktronica punk); au delà de tout ça, c’est surtout que, sur Deezer, quand on clique sur Gablé et puis sur la case « Artistes Similaires » et bien, il n’y a rien, le néant. C’est le vide autour de Gablé qui rend ce trio caennais totalement unique, leurs bruitages, synthé cheap et guitare percussive donnent à l’univers qu’ils ont créé un son qui leur est propre.

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En live comme hier soir, le rythme soutenu par des ruptures, des accélérations, des pauses maintient le spectateur dans un état de soumission que la justesse des mélodies finit par terrasser. Il y a de tout dans Gablé (sans compter les bruits d’aspirateur et de cagettes sacrifiées), mais ce qu’il n’y a pas et c’est certain, c’est une seule seconde d’ennui !

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Ainsi donc le reste de cette soirée était un peu à l’image de Gablé ; décalé, insensé, noisy, surprenant avec parfois un soupçon d’algorithmie et de cacophonie burlesque ou inintelligible. En fait, je ne me rappelle pas vraiment avoir entendu une seule phrase compréhensible musicalement ou littéralement dans la soirée même si ce n’est pas trop grave au final.
Cet espèce de rêve (ou cauchemar) éveillé a commencé par Gregaldur, son synthé, sa guitare et ses pédales d’effets pour un concert jubilatoire et déjanté au milieu du parterre de l’Antipode, le tout tranquillement éclairé par deux forçats de la bicyclette à tri-dynamo sur les têtes desquels avaient été judicieusement placés des masques de catcheurs mexicains qui étaient du plus bel effet. On peut dire que le ton était donné…

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Suivait Gablé sur la grande scène, dont je vous ai déjà parlé précédemment et pour lesquels il n’y avait rien à redire. Pour enchaîner avec Pneu sur le parterre, sorte de course musicale et mathématique jouée en duo guitare/batterie. Cette musique est un brin survoltée, pour le bonheur des gens qui vivent dans l’instant et qui étaient présents, agglutinés autour de ces deux garçons. Une performance véritable avec toute l’énergie que cela puisse nécessiter, on y trouve un échappatoire bruyant mais réconfortant, un math rock puissant et efficace.

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Retour sur la grande scène pour un autre groupe de matheux, cette fois-ci c’est Le Singe Blanc qui s’exécute en trio double basse + batterie. L’un d’entre eux, dont je tairais le nom mais qui portait une barbe, avait l’air plus atteint que les deux autres. Probablement les premiers symptômes de cette musique qu’on pourrait taxer de rock industriel à deux voix, l’une aiguë et l’autre grave pour un conte moderne rock et déjanté. Et déjà je sens que mon corps reprend le dessus pour entrer dans cette transe insensée…

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Les deux derniers groupes de la soirée, Marvin et Cheveu, étaient probablement les plus attendus (sans compter Gablé bien évidemment!), et l’Antipode ne se sera pas trop désempli malgré l’horaire du dernier bus. Marvin a donc pu asséner sa noise violente et psychée. Ce trio post-punk de Montpellier n’aura pas non plus déçu les fans du genre avec sa batterie furieuse, guitare enragée et vocodeur dans ce live bruitiste mais dansant.

On terminera la soirée avec Cheveu, et si je travaillais pour Ouest France (en même temps je serais rentré chez moi à 21h30…) j’aurais dit « le groupe qui décoiffe » mais je me passerais de ces calembours et bons mots pilosiques pour dire que ce groupe bordelais fans de Laurie Anderson et Devo a une nouvelle fois assuré son cachet avec un live post-rock electro psyché à couper le souffle, underground et explosif!

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Une soirée des plus agréables, un peu moins pour les tympans cependant, tout le monde avait le sourire y compris les groupes, ravis d’avoir été invités par Gablé, qu’on remerciera également pour cette carte blanche à la mesure de nos attentes.

Retrouvez ici les interviews de Pneu, Marvin, Grégaldur et bien sûr de Gablé

Site de l’Antipode

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