Orval Carlos Sibélius & Jacco Gardner à l’Ubu : Comme un songe en hiver

La belle soirée brodée par l’Association des Trans Musicales samedi 25 janvier à l’Ubu aura ravi les amateurs de pop onirique et baroque. Retour sur les classieuses prestations d’Orval Carlos Sibélius et de Jacco Gardner qui, si elles faisaient preuve d’un amour commun du meilleur de la musique psychédélique des sixties, auront offert une soirée plus bigarrée qu’on ne le subodorait.

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En arrivant rue Saint Hélier, nous savions au moins que la soirée était au moins une réussite en terme d’entrée puisque la billetterie affichait complet depuis déjà mardi dernier. Il y a donc fort logiquement un peu de monde dès l’ouverture. Si le gros de la foule semble bien être venu pour le jeune Hollandais, il y a néanmoins déjà pas mal de curieux à se presser devant la scène pour la première partie.

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La splendeur et la richesse de Superforma, le très réussi 3ème disque d’Orval Carlos Sibélius n’y est sans doute pas pour rien. Nous avouons volontiers que nous faisions parti de ceux qui attendaient fébrilement de découvrir ce que valait sur scène la bête.
Nous découvrons Axel Monneau, maître d’œuvre du projet, arborant fièrement moustache et chemise galactique recréant de façon troublante la magnifique pochette du fameux album (Il avouera après le concert l’avoir tout simplement trouvée sur le Bon Coin!). Le monsieur est bien entouré puisque l’accompagnent une claviériste, un batteur, un bassiste et un tromboniste. L’entrée en matière place le concert sous les meilleurs auspices. On retrouve avec grand plaisir trois titres de Superforma : l’instrumental Huong en ouverture, suivi de l’irrésistible guitare surf cosmique d’Asteroids et enfin le tubesque et vaguement menaçant Desintegraçào. Interprétée dans des versions discrètement retravaillées pour le live, la triplette montre d’emblée la variété de palette du bonhomme. L’accueil est plus que chaleureux et Monneau se permet une petite digression pour annoncer un petit détour par son premier album. Il explique que la sautillante chanson I don’t want a baby raconte avec humour que si la vie est bien sûr injuste, la mort peut l’être également et qu’il peut arriver, selon certains, de finir en enfer par hasard ! Pour notre part, ce soir là on ne la trouvera pas si dégueulasse que ça, la vie, pour une fois. Axel Monneau nous offre une prestation malicieusement hallucinée au chant comme à la guitare. Le quatuor l’accompagnant assure aussi méchamment et offre à ses compostions juste ce qu’il faut de digressions pour éviter le calque du disque, sans en trahir le foisonnement et la variété.
Le groupe revient donc par la suite au dernier album avec notamment une version savoureusement cuivrée de Good remake (notre morceau favori du disque), les arpèges irrésistibles de Super data ou encore une très chouette interprétation de Bells agrémentée d’une somptueuse intro au trombone. Le groupe conclura sur un rappel, visiblement ravi du bel accueil qui lui est fait, avec un autre titre du premier album.

JaccoGardner@ubu-alter1fo (3)C’est donc devant un auditoire bien chauffé (et une salle bondée) que débarquent Jacco Gardner et sa bande. L’accueil est tout aussi chaleureux et ça tape même le bout de gras avec le jeune homme pendant l’installation du matériel. Sur scène on retrouve non seulement la marinière qu’il arborait à la Route du Rock, mais également les mêmes batteur, guitariste et bassiste qu’à Saint Malo. Un second clavier vient en plus compléter la bande. Le concert s’ouvre en beauté sur l’instrumental et inquiétant Cabinet of Curiosities et ses rires d’enfants fantomatiques. D’emblée, on sent les garçons plus à l’aise dans l’ambiance feutrée de l’Ubu qu’en plein soleil à Saint Malo. Les titres plutôt brefs, s’enchaînent sur un rythme d’enfer avec toujours une qualité d’interprétation assez remarquable. Le duo de clavier, et surtout les harmonies vocales, sont d’ailleurs de vrais plaisirs. Le ton est à la délicatesse et à la subtilité, ce qui met vraiment en valeur le redoutable sens de la composition du monsieur. On retrouve bien sûr les imparables Clear The Air ou Puppet Dangling mais les ballades vaporeuses sont aussi superbement mises en valeur. On appréciera notamment une version de Lullaby avec son pont bruitiste et hypnotique étiré et amplifié à souhait. Le set est très généreux et l’intégralité de l’album Cabinet of Curiosities sera interprété ce soir là, agrémentée de quelques inédits devant un public conquis. La prestation durera une bonne heure et le seul petit bémol sera un certain manque de variété qui contraste avec le côté virevoltant du set d’Orval Carlos Sibélius.

Au final, une chouette soirée délicate et hors du temps, où on aura eu le plaisir de se faire confirmer que l’inépuisable Superforma tient diablement bien la route en live et que le talent de compositeur du jeune Gardner se double d’un interprète enjôleur et subtil.

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