Ce dimanche 31 mars, l’immanquable Bertrand Belin sera en concert au Cabaret Botanique dans le cadre du festival Mythos. Toujours insolemment classe, le musicien et sa belle bande risquent encore de nous vriller l’oreille et l’âme.
Les dernières fois qu’on a vu Bertrand Belin sur scène, c’était il y a deux ans. En soirée d’ouverture pour Mythos, invité et accompagnant Rodolphe Burger (le compte-rendu ici) pour un concert savoureux et de haute tenue. Mais également en janvier 2017 aux Champs Libres, pour la lecture musicale (aux odeurs de gasoil et de houle) de Littoral, son second roman, moment suspendu qui marquera encore durablement nos esprits (le compte-rendu de la soirée là). Ce dimanche 31 mars, c’est en concert que revient le Breton, toujours accompagné par sa belle bande de musiciens.
On connaît (et on aime) d’abord Bertrand Belin pour ses disques, pour cette musique qui sait en même temps tutoyer les hauteurs aériennes en restant profondément organique, minérale. Une musique qui a la solidité du granit des côtes d’ici et la limpidité de l’eau qui y ruisselle. Un chant profond, où l’on pourrait se lover en cas de tempêtes maritimes, une voix-phare qui résiste aux embruns et aux marées et qui pourtant, ne renonce pas à la fragilité. On en devine, parfois, la gorge serrée, les remous sous la surface.
Des morceaux rock, folk avec une touche d’americana, qui flirtent aussi avec le jazz, tout en humilité. Les arrangements, sans artifice, sont d’une limpidité et d’une simplicité qui touchent, à l’émotion, à la justesse. Là, un piano, là des claquements de mains, une voix féminine, ici des cordes, une batteuse certifiée or massif, un orgue. Des petites touches. De celles qui sans bruit et sans tape à l’œil, font ces grands disques intemporels (Parcs, Cap Waller, Hypernuit, s’il faut donner leur état civil). Son sixième album, Persona, est sorti il y a quelques semaines, et il figure déjà en bonne place dans cette singulière discographie. Une musique qui rappelle aussi, en dedans, les vastes plaines américaines, les lumières mordorées sur leur immensité. On sait ce que Bertrand Belin dit devoir à ces musiques de cet autre ouest. Par-delà les ports de pêche bretons : les Johnny Cash, Hank William ou Will Oldham.
On se souvient également de ses mots aux Inrocks en 2010, à propos d’Hypernuit. « En faisant ce disque clair, dégagé, c’est une façon d’émerger de quelque chose qui serait biographiquement visqueux, nocturne. Je suis né dans une famille de pêcheurs, famille nombreuse. J’ai grandi dans un environnement extrêmement violent et alcoolisé. Comme beaucoup de familles autour, ça avait l’air d’être un petit peu la mode à cette époque. Petit, j’imaginais que j’allais rester vivre à Quiberon et devenir pêcheur » (…) « Grâce à la musique, je me suis senti capable de m’extraire de ce qui pouvait me déterminer. Je me suis retrouvé musicien parce que je me suis accroché à la musique comme à une bouée (…) Travailler la guitare, ça me mettait dans une sorte d’hypnose, c’était un endroit de paix. » Ainsi, années après années, les disques du grand bonhomme sont devenus compagnons, refuges, baies… Baies dans lesquelles il fait bon parfois s’amarrer. Ce dimanche on gardera donc le cap sur le Cabaret Botanique.
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Festival Mythos (du 29 mars au 07 avril 2019)
Descriptif du spectacle
Où ? Cabaret Botanique (Parc du Thabor)
Quand ? Dimanche 31 mars à 18h
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