Cet hiver, alter1fo vous fait voyager de façon régulière sur l’île de la Réunion, autrement surnommée l’île intense. Deux enquêteurs sur place, vos serviteurs, sont partis sur la trace des sons de l’île. En découvrant ces artistes en spectacle, en les rencontrant directement chez eux ou dans des lieux qu’ils affectionnent particulièrement, nous vous proposons de partager avec nous leur histoire, leur expérience, leur actualité et bien plus encore…
A l’heure où Rennes frémit déjà au rythme Transmusicales (…et aux températures hivernales), l’île de la réunion rentre en plein dans sa période festive – si tant est qu’il existe une période calme-. Retour sur les Transmusicales : la salle de la Cité a déjà accueilli un plateau réunionnais regroupant El Diablo, Pat’Jaune, Françoise Guimbert et Salem Tradition. C’était le cru 2005 et on reviendra dessus dans un prochain post.
Même s’il est toujours délicat (et parfois peu apprécié par eux-mêmes) de cataloguer les artistes dans un genre musical, on peut néanmoins regrouper ces 4 formations sous l’étiquette « maloya ».
Le maloya justement : c’est le 1er et unique genre musical à avoir été classé en 2009 patrimoine mondial de l’UNESCO dans la catégorie patrimoine immatériel. Cela pourrait simplement apparaitre comme un honneur et une distinction méritée mais la classification de l’UNESCO ne va t-elle pas de pair avec un risque de dégradation voir de disparition? …les temples d’Angkor ont été classés certes parce que c’est magnifique mais aussi pour pouvoir les préserver…
En tout cas, les grammoun (il faut entendre grand-père) maloya qui véhiculent cette culture se comptent aujourd’hui sur les doigts d’une main. On peut citer en fer de lance Firmin Viry. La tradition maloya veut que cette culture se transmette entre générations par voie orale. Cela est sans doute lié au fait que ce maloya était étroitement lié au Parti Communiste Réunionnais et jusqu’à l’arrivée du parti socialiste en 1981 et l’apparition des radios libres, cette musique était frappée d’une sorte de veto sévère de la part des autorités, même si non-officiel.
Le classement à l’UNESCO va avoir le mérite de faciliter -tant qu’il en est encore temps- le travail déjà bien entamé par Alain Courbis et son équipe du Pôle Régional des Musiques Actuelles de la Réunion au travers de sa mission patrimoniale (Collectage et archivage de documents sonores, photographiques, vidéo, etc…, sur les musiques de l’océan Indien).
Depuis cette distinction de l’UNESCO, la musique réunionnaise et plus précisemment Danyèl Waro a tout récemment été mis à l’honneur : en effet, il s’est vu remettre en octobre de cette année le Womex (world music expo, la plus grosse rencontre professionnelle autour des musiques du monde) Artist Award. Une fierté pour la musique réunionnaise et une consécration pour ce musicien et poète du maloya. Nous devrions avoir l’occasion de le rencontrer et donc de vous en parler plus longuement. Pour l’anecdote et le lien transmusicalien, il faisait partie de l’affiche rennaise 1999.
Mais tous ces artistes précédemment cités, ce sont les quelques arbres qui cachent l’immense forêt du paysage musical réunionnais. Plus de 300 disques par an sont produits sur l’île chaque année ; pour une île de 800 000 habitants et 3 fois plus petite que la Corse, il n’existe pas en France une région aussi « productive »…Au menu, on trouve de tout : du traditionnel bien sûr avec le maloya, le sega mais aussi du seggae, reggae, ragga, dancehall, du hip-hop, de l’électro, du rock, du metal, du jazz, du funk, de la soul, des fanfares…et les représentations de toutes ces musiques ne manquent pas. Pas facile de trouver ces albums souvent distribués de façon informelle.Pas simple non plus pour les concerts, les journaux et internet ne les annoncent pas clairement.
En tout cas, ça fait partie du plaisir, on parcourt l’île avec enregistreur et sac à dos, à la recherche de pépites musicales et humaines…au plaisir de vous en faire partager quelques unes, oté!!