GDF – Suez, une fusion qui sent le gaz

Le feuilleton dure depuis déjà 18 mois et vient enfin de trouver une issue. Le 3 septembre dernier Suez et Gaz de France ont officialisé leur union, donnant ainsi naissance à un nouveau géant de l’énergie (4ème rang mondial). Cette mesure avait été voulu au départ par le gouvernement Villepin, une nouvelle mal accueillit à l’époque par l’opposition et les syndicats.

Sur le plan technique, il s’agit en fait d’une absorption de Suez par GDF. Le groupe GDF/Suez sera dirigé par un PDG, Gérard Mestrallet, actuel patron de Suez, et un vice-président, Jean-François Cirelli, patron de GDF. Le nouvel ensemble signifie aussi la privatisation de GDF. En effet, l’Etat ne détiendra plus qu’une minorité de blocage avec 35% des parts. Et c’est là que commence tout le problème de ce dossier. On se souvient en effet qu’en 2004, Nicolas Sarkozy alors simple Ministre avait déclaré : Concernant EDF/GDF, on ira pas à la privatisation, c’est clair, c’est net!. Il suffit d’ailleurs de se connecter sur Dailymotion pour retrouver ces images.

Au delà ce ces considérations d’engagements, le nouveau statut du géant du gaz arrive dans une période charnière. En effet, en raison de la crise du pétrole, les tarifs ne cessent de grimper. Le tarif du baril de pétrole brut a encore battu son record à la bourse de Wall Street durant l’été. Se pose ainsi pour les économies nationales, la question de la maîtrise du tarif des énergies, dont dépendent souvent les entreprises. En France, le marché de l’énergie est ouvert à la concurrence depuis juillet. Il vous est alors possible de quitter EDF et son marché de l’énergie régulé par l’Etat. Le chemin inverse n’est cependant pas possible. Le risque est alors de voir votre facture augmenter fortement en fonction du prix du marché. Dans ce contexte, l’Etat n’aurait alors pas la possibilité de réguler les prix de Gaz de France, n’étant plus majoritaire. Pour les partisans de la fusion, c’est au contraire en créant un grand groupe de l’énergie que la maîtrise des coûts peut être plus importante.

Les réactions syndicales ne se sont pas faîtes attendre. La Cgt prépare d’ors et déjà le lancement d’une pétition nationale pour exiger l’arrêt du processus de privatisation de Gaz de France et l’examen de nouvelles solutions. Pour le syndicat de Bernard Thibault cette privatisation conduirait à une réduction de la maîtrise publique sur l’ensemble des outils énergétiques de la France. La conséquence principale de cette opération serait une hausse rapide des prix pour les usagers et les services associés
Par ailleurs, un autre point de l’accord fait débat. Il prévoit en effet que Suez filialise 65 % de son pôle « environnement », qui regroupe ses activités de traitement de l’eau et des déchets. François Chérèque, de la CFDT, y voit alors un démantèlement de Suez : On est en train d’abandonner la partie environnement de Suez : l’eau, les déchets. L’engagement fort qui avait été pris vis-à-vis des 60 000 salariés de Suez, c’était qu’on ne couperait pas leur entreprise en morceaux

La rentrée s’annonce donc chargée sur le plan social, les syndicats ne devant pas en rester là. Le porte parole de l’Elysée, n’a quant à lui pas été en mesure de préciser la position du Président sur le dossier. On attend donc des précisions pour les prochains jours. Au milieu de tout cela c’est le consommateur qui devra trancher, en démontrant si la facture de gaz aura augmenté ou non dans les prochains mois.

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