[Repéré] : Tempête sur la fibre – la Bretagne connectée, mais fragile

Alors que la région Bretagne s’efforce de raccorder l’ensemble de son territoire à la fibre optique d’ici fin 2026, un autre défi tout aussi crucial se dresse devant elle : celui de la résilience de ses infrastructures face aux aléas climatiques. Et l’alerte est sérieuse ! Dans son dernier rapport, la chambre régionale des comptes de Bretagne appelle le syndicat Mégalis à traiter cette vulnérabilité, sans attendre l’achèvement du déploiement.

Locaux raccordables (source Mégalis)
Locaux raccordables (source Mégalis)

Le réseau Bretagne Très Haut Débit (BTHD), l’un des plus vastes réseaux d’initiative publique de France, s’étend sur 36 726 km. Mais… 62 % de cette infrastructure est aérienne : une configuration qui le rend beaucoup plus sensible aux tempêtes que les réseaux enterrés ou posés en façade. Selon les chiffres de mi-2024, le rapport de la CRC indique que près de 60 % des points de branchement optique (PBO) sont installés sur des poteaux, ce qui place la Bretagne sur la première marche du podium des 24 réseaux gérés par Orange Concessions pour leur exposition au vent. Loin devant la moyenne nationale de 53 %. Au jeu du qui perd gagne, on est pas mal…

Pourtant, l’automne 2023 aurait dû servir de révélateur. Rappelez-vous, les tempêtes Ciarán puis Domingo ont violemment frappé la région. Résultat : des dizaines de milliers de foyers privés d’Internet pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Les médias en ont fait largement écho. Début décembre 2023, il restait encore 12 500 clients d’Orange privés de téléphone et d’internet en Bretagne. +d1fosÀ Peumerit, dans le Finistère, une trentaine de foyers est restée sans connexion internet ni réseau téléphonique pendant onze semaines après la tempête+d1fos. « Nous nous sentons oubliés, pire, méprisés. Comment expliquer autrement les méthodes pour nous faire languir ? », dénonçait Maryse, une des habitantes du hameau de Kervoélic face aux retards et aux méthodes des opérateurs. À Plouzané, toujours dans le Finistère, une cinquantaine de foyers étaient encore privés d’internet et de téléphone quatre mois après la tempête.+d1fos  Les dégâts ont été d’autant plus longs à réparer que le réseau dépend aussi du réseau électrique et du réseau téléphonique aérien, lui aussi mis à terre par les vents violents. Pire : ces réparations ont retardé de neuf mois la phase 2 du déploiement de la fibre, déjà à la traîne par rapport au reste de la France.

www.20minutes.fr
www.20minutes.fr
www.letelegramme.fr
www.letelegramme.fr

Le rapport préconise ainsi de lancer dès 2025 l’élaboration d’un schéma de résilience du réseau, en s’appuyant notamment sur les recommandations de la Banque des territoires. Ce document de référence aiderait à identifier les zones les plus vulnérables, sécuriser les segments critiques et anticiper les futures réparations. En deux décennies, la Bretagne a été frappée par plus d’une dizaine de tempêtes majeures+d1fos : Lothar et Martin (26-27 décembre 1999), Klaus (24 janvier 2009), Xynthia (27-28 février 2010), Joachim (15-16 décembre 2011), Dirk (23-24 décembre 2013), Ulla (14 février 2014), Zeus (6-7 mars 2017), Dennis (16 février 2020), Alex (2 octobre 2020), Ciarán (1-2 novembre 2023). Avec des vents dépassant parfois les 170 km/h, ce climat instable rend forcément impératif un réseau robuste.

 

organisation spatiale du réseau BTHD.
organisation spatiale du réseau BTHD.

Pour lire le rapport de la Chambre Régionale des Comptes : c’est ici

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires