[chroniques confinées] The Golden Button de POING

Reconfinées mais pas mortes, les scènes musicales rennaises continuent de vivre malgré la morosité ambiante et les autorisations de sorties. Histoire de soutenir celles et ceux qui se se bagarrent pour continuer de défendre une vision frondeuse et indépendante de la musique, nous vous proposons quelques chroniques de disques plus ou moins locaux à découvrir dans le respect des gestes barrières. Nous vous invitons cette fois à presser The Golden Button de POING pour vous offrir un vivifiant voyage musical.

Nous avions d’abord découvert le brestois François Joncour au sein du duo Pastoral Division. Leur premier album sans titre, sorti en septembre 2014, est un vrai bonheur d’electropop aux arrangements tout en finesse qu’on vous conseille plus que chaudement. Nous l’avions d’ailleurs rencontré à l’époque pour parler du disque plus en détails. Nous découvrons aujourd’hui tardivement que, quand il n’officie pas dans son autre formation pop I come from pop, ce prolifique monsieur bidouille également en solo d’étranges machines sous l’alias POING.

Derrière ce patronyme bien rentre-dedans et, pour l’anecdote,  tiré au hasard parmi les 400 pages d’un livre, il laisse parler son amour de la musique minimaliste américaine (Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass…) et de la techno des origines. Après deux premiers disques semble-t-il plus « ambient » et  expérimentaux, il sort fin septembre 2020 The Golden Button un troisième album qui nous a beaucoup séduit. Sorti digitalement et sous la forme d’un disque vinyle à la sobre pochette géométrique jaune et bleu grâce aux efforts conjoints des labels Karen Koltrane Records et Editions Cage, il regroupe six titres d’une musique électronique aventureuse mais à l’architecture hautement mélodique. A l’exception des 7 minutes 47 de Pen, les morceaux de l’album flirtent plutôt avec des formats plus « ramassés » de 3 ou 4 minutes dans lesquels l’auteur condense ses idées avec une inventivité et une efficacité redoutables. Mode III démarre ainsi le voyage tout en orgues célestes, boucles cosmiques et basse ronde. Le malicieux No Architecture enchaine avec sa rythmique cahotante et ses délicates dissonances qui décollent à mi-chemin pied au plancher vers le dancefloor. Pen prend ensuite le temps de doucement perdre son irrésistible gimmick synthétique dans des brumes sonores d’où émergent des reliefs assez grandioses. Direction ensuite vers un futur Berlin où résonne encore les échos hypnotiques et baroques de la grande époque du Krautrock. Le disque fait semblant d’hésiter sur sa destination finale avec l’électro bruitiste  et redoutable de Pourquoi pas le Japon ? avant de boucler sa route avec les vertiges lumineux de Sacrum.
En ce temps où il nous faut un papier dûment rempli pour pouvoir parcourir notre kilomètre personnel, l’escapade spatiale offerte par la musique vaste et onirique de François Joncour fait un bien fou. pour notre part, nous en avons déjà maintes fois explorer les sillons sans nous lasser nullement  d’en découvrir les multiples paysages.
Côté son c’est là aussi un vrai bonheur. François Joncour s’est en effet acoquiné au mixage avec l’impeccable explorateur musical Thomas Poli (ESB, Dominique A, Laetitia Sheriff), dont la capacité  à broder des orfèvreries synthétiques a été maintes fois célébrée dans ces colonnes. Le mastering a été confié à Al Carlson (qui a travaillé sur les disques d’Oneohtrix Point Never, St-Vincent ou encore Weyes Blood). La petite bande nous offre du vrai velours pour les oreilles tout en finesse, à explorer de préférence au casque ou à volume déraisonnablement fort. Invitez donc vos voisins au voyage.

Plus d’1fos sur :
le site de François Joncour
le bandcamp de POING
La page FB du groupe

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