Dernière tournée de Musiq’Alambic à la Bascule : Trois fois deux, fait parfois bien plus que six

Pour leur ultime soirée au Bar la Bascule, les histrions de l’association Musiq’Alambic avaient bien fait les choses. Étaient donc invités trois duos d’artistes habitués des lieux, et qui ont offert une émouvante et somptueuse conclusion à ces belles années de complicité entre l’asso et le lieu.

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Voici donc venu le temps des dernières fois pour le bar la Bascule. La fermeture définitive approche et il ne vous reste plus qu’une poignée de dates jusqu’à cette fin d’année pour profiter de l’ambiance unique de l’endroit. L’association Musiq’Alambic (ou précédemment Interzones) faisait partie des fidèles du lieu et y avait organisé un sacré de paquet de concerts. Nous en aurons vu des sublimes, des bizarres, des sidérants, des tordus, des barjots, des déstabilisants, des euphorisants… mais jamais de barbants. La soirée du samedi 23 novembre ne fit pas exception.

LeBitter/Chau@LaBascule-alter1fo_04

Le premier duo Le Bitter/Chau ouvre la soirée vers 21h30. Ce sera le plus singulier du lot. Assis à droite de la scène, Hervé Le Bitter enserre délicatement dans ses bras un poste de radio dont il va commencer à jouer en modulant les fréquences et le volume dans un micro. Le résultat est un doux vrombissement, dissonant mais pas agressif pour deux sous, qui s’insinue plus qu’il ne s’impose. A gauche, derrière son micro se tient Vi Khanh Chau. Elle interprète sur ce fond sonore des textes de l’écrivain suédois Stig Dagerman. Le propos est dur, impitoyable même, et la comédienne apporte une vibrance douloureuse supplémentaire aux mots de cet auteur. La radio laisse place à un luth électrifié dont les notes de cordes pincées seront passées à la moulinette de pédales d’effets. Phrases et sons s’entremêlent délicatement avec une force d’émotion assez remarquable. Les premiers rangs se sont assis sur le plancher et le public savoure la prestation avec attention et recueillement. Une ouverture qui file déjà des frissons et qui met d’emblée la soirée sur les standards les plus élevés.

MorganeHoudemont/MarcSens@La Bascule-alter1fo_01

C’est ensuite au tour de Morgane Houdemond et de Marc Sens de prendre place. La violoniste et le guitariste vont bien faire monter la pression et la température. Le duo démarre bille en tête et va nous offrir une prestation intense et vivifiante. Pendant que le violon nous hypnotise à grand renfort de boucles lancinantes, Marc Sens explore avec jubilation les sonorités les plus exotiques qu’il puisse sortir de sa guitare électrique savamment déglinguée. A la manière d’un Fred Frith survolté, il frappe avec force son instrument comme s’il était en train de dompter un piano sauvage, ou tord les clés pour en triturer les larsens à loisir. Un beau moment de musique libre et sauvage, que nous aurions peut être voulu un peu plus long, mais qui nous file une patate d’enfer pour le final.

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C’est au tour de The And de conclure et ils vont le faire en beauté. Nous nous interrogions un peu sur ce que pouvait donner la moitié des excellents Cannibales et Vahinés mais nous allons vite être rassurés. Le grand GW Sok au chant, et le plus jeune mais pas trop mal non plus, Nicolas Lafourest à la guitare vont nous faire une superbe démonstration de classe. Le duo joue des versions épurées mais limpides de morceaux de Sok mais aussi un joli paquet de reprises. On y entendra des paroles de Dylan, Captain Beefheart, Joe Strummer et même David Bowie. Des grands classiques (Masters of Wars, Rock’n’Roll Suicide ou encore Five Years…) totalement réinterprétés, réduits à leur strict minimum mais qui pourtant grâce au jeu subtil de Lafourest et à l’inimitable parlé-chanté de Sok retrouvent une force émotionnelle neuve qui nous donne l’impression de les entendre pour la première fois. La voix de ce type, et l’état dans lequel elle peut vous mettre, n’en finit pas de nous stupéfier. Comme à son habitude, le gars est en plus désarmant de simplicité et de gentillesse. Quelques mots très touchants pour Gilles et son équipe de la Bascule et voilà qu’il est tant de terminer ce généreux set par un superbe This is the end de circonstances. Le tout aura été joué devant un public envouté, savourant avec délice chaque note de ce magnifique moment.
Ce fut donc une splendide conclusion, à la hauteur de la chouette complicité liant la Bascule et l’association Musiq’Alambic. Nous vous tiendrons bien sûr au courant des quelques occasions qui vous seront encore données de profiter du bar-concert et nous retrouverons avec plaisir la bande Musiq’Alambic en février au Mondo Bizarro et puis plus tard en mai avec une troisième tournée fort alléchante de leur superbe festival.

Photos : Franck Belloeil

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