C’est l’hiver et pourtant rien n’arrête le football. Le samedi 9 janvier dernier, le Stade Rennais recevait Caen, devant à peine 5000 spectateurs. A cette occasion, les dirigeants du club ont dû braver les éléments, avec des moyens ayant couté bien cher.
Toute la semaine, les organisateurs de la rencontre avaient préparé la pelouse à l’aide de bâches et de générateurs d’air chaud au fuel. Au total, la consommation s’est élevée à 5000 litres, dixit Karim Houari, le « stadium manageur » du Stade Rennais FC.
Un volume qui représente 5 ans de chauffage pour une maison individuelle, et cela pour … un match.
En outre, tout au long de l’année, le club dépense sans compter pour l’entretien de la pelouse du stade. Le club de football use en effet de lampes à sodium ultra puissantes.
De gigantesques rampes sont alors déployées, éclairant la pelouse (par luminothérapie) , et entraînant une dépense énergétique supplémentaire.
Une solution en totale incohérence avec les appels à l’économie d’énergie en Bretagne, à travers la campagne écowatt.
La Ville et le club rejettent la responsabilité de ce gaspillage
Interrogé, Sebastien Sémeril, l’adjoint aux sports de la Ville de Rennes, reconnaît que « c’est une question qui désormais interpelle le citoyen ». Sur ce dossier, la municipalité a décidé de botter en touche en « confiant la gestion de la pelouse au SRFC » en juin 2008. Une position qui se justifie par le fait que « les mairies et les collectivités locales ne peuvent pas suivre, au vu des montants de plus en plus affolants ». La question ayant fait débat lors du conseil municipal du 18 Janvier dernier. (Ouest France du 21/01)
Du côté du Stade Rennais, Karim Houari justifie ces méthodes : « en cas d’annulation (pour raisons climatiques) le club devrait payer une pénalité de 20 000 à 50 000 €, le remboursement des droits TV sur le match 250 000 € , mais aussi les frais de déplacement de l’équipe adverse et des officiels ».
Preuve en est que la Ligue de Football Professionnel (LFP) met la pression sur les clubs.
Par le passé, la pelouse était complètement changée tous les ans. Les dirigeants rennais affirment eux « que le bilan carbone des lampes à sodium est nettement inférieur au changement de pelouse annuel ».
Pour autant, le SRFC refuse de communiquer sur le cout (carbone?) d’un tel dispositif…
Quelles solutions ?
Bien que refait à neuf depuis 2004, le stade de la route de Lorient ne bénéficie pas de l’ensoleillement suffisant du fait de son orientation. En cause la tribune sud (refaite en 1999) qui masque le soleil. La pelouse synthétique reste une des alternatives au casse-tête. En outre, elle a récemment été autorisée par les hautes instances footbalistique au SRFC. Cependant, elle serait peu confortables pour les joueurs.
Autre piste, indiquée par Karim Houari, celle de « suivre le rythme naturel de la pelouse« , à savoir , éviter de jouer en période de grand froid ou de canicule, laissant la nature se reposer…
Pour Sébastien Sémeril, cela pose plutôt la question « d’organiser des matchs dans de telles conditions !« . Des exigences surtout émanant des opérateurs TV, premiers bailleurs de fond du football, à laquelle doivent se conformer la Ligue et la Fédération.
Pourtant, au sortir de la conférence de Copenhague, l’ensemble de l’opinion publique – classe politico-médiatique en tête – est consciente qu’il faut une gestion rationnelle de l’énergie. Une attitude dont les clubs de football professionnel, entreprises de spectacle par essence, devraient adopter pour donner une image positive et responsable au public.
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