On savait que cette soirée s’annonçait chaude et remuante… Che Sudaka et DJ Soumnakaï auront été, pour nous, les révélations de ce festival. Et nous auront entraîné(e)(s) dans leur sillage, entre fièvre barcelonnaise et royales pépites balkanico-klezmer-rom-manouche !
Les joyeux fous furieux Che Sudaka !
Ils sont tatoués, jouent sur des guitares bardées d’autocollants de toutes sortes, ils portent des bleus de travail coupés aux épaules et des chaussettes rouges… Ces quatre gars-là ne s’embarassent pas de détails vestimentaires quand il s’agit de jouer devant un public, partiellement composé de compatriotes acquis à leur (juste) cause et de Rennais pressés d’assister à leur concert !
De l’énergie, en veux-tu en voilà ! Che Sudaka, c’est l’énergie du lion englouti au petit déjeuner. Et dès la première chanson, c’est une véritable machine à secouer le chapiteau du Grand Soufflet qui se met en branle. Ces quatre musiciens latino-américains ont des ressorts dans leurs baskets et haranguent la foule comme personne. Aidé par le remuant titre La Ley del miedo, de leur album Hoy sorti en 2014, Che Sudaka entraîne tout le public, hispanophones et bretons de souche, dans son sillage sautant, remuant et dansant. Impossible de résister à cette musique métissée !
A peine un troisième titre, Seràs feliz, de l’album Tudo e possible de 2009, et on enlève les couches des premiers frimas de l’automne. La température grimpe dangereusement sous le chapiteau ! pas de pause entre les chansons ! concert participatif où le public est obligé de chanter et de danser, en réponse à l’agitation démoniaque qui règne sur scène… Tu voulais te reposer ce soir sous le chapiteau ? c’est raté !
Parler de charisme et de vitalité concernant les deux frangins argentins Léo (au chant, à la guitare et aux sauts en tous genres) et Kacha (au chant et à la harangue des foules en liesse), c’est limite un euphémisme… Et quand Cheko, l’accordéoniste, troque sa boîte à diable contre un yukulélé, c’est bien pour la seule chanson un peu calme de la set-list : C’est plus beau, de l’album 10 sorti en 2012.
Suivra une chanson engagée contre Monsanto, Cuando sera, sorti en 2014 sur l’album Hoy. Retour à la cumbia avec une nouvelle chanson engagée sur le thème cher à leur coeur d’immigrants : les sans-papiers sur « Sin Papeles », une reprise d’Englishman in New York de Sting, reprise datant de 2006.
Virage esprit rumba – ces garçons ont le métissage dans le sang ! – avec « Que Viva la gente » ou encore « La Risa Bonita. Et nous, on ne respire plus, on saute, on danse, on chante avec eux… Ce concert se vit à 100 à l’heure et à 300%. On a rarement vu une telle énergie et un tel plaisir échangé entre artistes et public.
Une setlist qui s’achève au bout d’une heure trente d’un concert survitaminé sur une version qui n’en finit pas de Come una Bomba ! Où tout le chapiteau s’asseoit tandis que Léo saute allègrement dans le public, enjambant les uns, dansant avec les autres. Une espèce de folie furieuse règne alors quand vient le moment du jump-up général…
Gros gros succès à l’applaudimètre évidemment ! Ces barcelonais d’adoption débordent de sympathie et de gentillesse (et de sueur un peu aussi !). Ils resteront longtemps à saluer et à remercier un public à qui ils ont tout donné. Ils sont touchants ces quatre garçons qui viennent de secouer le chapiteau dans tous les sens. On ne reniera en rien tout ce qu’on avait lu et entendu sur leurs performances scéniques ; bien au contraire, on approuvera et on le répétera à qui veut bien l’entendre : Che Sudaka, rois de la fiesta !
Diaporama énergique (!) des photos du concert
Mais pourquoi aussi peu de monde pour DJ Soumnakaï ?
Certes, la fièvre barcelonaise a provoqué des soifs à étancher et des sueurs à rafraîchir ! Mais en sortant du chapiteau et en n’y revenant que très tardivement, vous avez raté un set dantesque, mesdames et messieurs du public.
DJ Soumnakaï a donc dispensé son talent de DJ balkanico-klezmer-rom-manouche devant un public plus que clairsemé. Et pourtant, la setlist était monstrueusement variée et dénicheuse de pépites qu’on entend peu souvent. Entre un An Dro à la sauce curry vaguement Bollywood, un titre rom à la sauce Rajhastan, un sirtaki grec indéfinissable, un morceau tzigane festif et valsant… Ma binôme photographe et moi-même résistons et décidons de danser au fond du dance-floor avec ces quatre ou cinq rennais qui ont fleuré, tout comme nous, la qualité musicale proposée.
Les titres proposés mélangent les genres sans étrangeté aucune, juste pour le plaisir de la danse et du métissage : une intro à l’accordéon et à la derbouka, on pense plonger dans une ambiance mille et une nuits accordéonesque… Une voix de femme surgit et on est plongé dans un univers gitan bigarré. Chaque morceau est ainsi l’occasion d’un voyage à lui tout seul. Une très belle version fanfare balkanique du célèbre Disko Boy de Shantel et nous perdons la tête…
La Russie et ses choeurs s’invitent aussi dans la danse. Ainsi que ces standards klezmer revisités. La célèbre Ya Rayah est proposée en version balkanique tendance gitane, on ne sait plus bien, emportées par la fièvre de la danse et du dance-floor…
Et même si la foule des grands soirs n’est pas présente sous le chapiteau (damned, vous avez vraiment raté un grand grand moment !), DJ Soumnakaï ne cède toujours pas à la facilité, ne programmant que des titres-perles sortis de ses valises et encore jamais entendus ! Un Bella Ciao en version accordéonesque, le célèbrissime Disco Partizani de Shantel (seul « classique » que le DJ s’est autorisé), un très beau morceau ressemblant à Ederlezi en version techno… Et on n’arrive plus à prendre de notes tant ce set nous transporte.
La setlist de 32 morceaux (ou presque car on a noté en dansant…) prend fin, pour notre plus grande tristesse. On regrette vraiment que ce Grand Monsieur, DJ résident au Cirque Romanès, n’ait pas plus de succès sous le chapiteau du Grand Soufflet… Nous en tout cas, on le remercie pour ce chouette moment passé en sa compagnie musicale. Et on le félicite bien bas d’avoir mené son set jusqu’au bout.
Petit diaporama des photos du set
Crédits Photos : Catherine Gaffiero
Retrouvez toutes les informations sur le Festival Grand Soufflet : http://www.legrandsoufflet.fr/