Dans la pléthore de concerts du moment, une annonce nous a particulièrement fait plaisir : celle du retour organisé par l’indispensable association Kfuel, du trio helvète Ventura, samedi 18 mai au Sympatic. Parce qu’on les suit à la loupe depuis leur superbe deuxième album. Parce que leur troisième ne quitte plus nos platines depuis sa sortie en avril dernier. Parce que ces gens là font une musique intense, essentielle et bouleversante. Immanquable donc !
En ouverture de soirée, nous pourrons découvrir ensemble, le quatuor rennais Central Massif, dont on avoue ne pas savoir grand chose. Les quatre titres de leur démo malicieusement intitulée « Compost-rock », laisse augurer d’un rock enlevé, porté par la voix grandiloquente de la chanteuse. A voir sur pièces donc.
Nous n’avions découvert le groupe Ventura qu’en juin 2010, avec leur second disque We Recruit sorti sur le formidable label de Julien Fernandez : African Tape. Avec ce disque, le trio composé de Philippe Henchoz au chant et à la guitare, de Diego Goehring à la basse et Mike Bedelek à la batterie, avait frappé très fort. Rien à jeter dans ces neuf perles de rock rageur, incisif… et mélancolique à la fois. De la puissance atomique des même pas 2 minutes de «24 000 people», en passant par la redoutable montée en force émotive de «Will kill for love» jusqu’à l’ébouriffant et écorché «Demons» final, l’album nous avait complétement mis dedans-dehors et continue obstinément depuis, de tenir une place toute particulière dans nos discothèques. Un grand disque tout simplement.
Nous avions ensuite rattrapé, le moins maitrisé, mais tout aussi recommandable Pa Capona sorti en 2006 chez Get A Life! Records dont le seul vrai défaut serait peut être, que les influences soient beaucoup plus visibles directement.
Ce qui avait fini d’enfoncer le clou, c’est ce superbe 45t sorti dans la foulée de We Recruit, où le groupe se payait le luxe d’inviter l’immense David Yow (voir vidéo ci-dessous), sans que la comparaison ne leur soit défavorable avec ses prestations chez les séminaux Jesus Lizard.
Le petit bémol dans ce concert de louanges, c’est que les prestations scéniques du groupe s’avéraient frustrantes. Trop timoré, trop intérieur, le trio peinait à retrouver en live la charge émotionnelle de leurs compos. Ce qui rend le concert de samedi aussi diablement excitant, c’est que deux éléments changent la donne.
En premier, le trio s’est adjoint sur scène les services d’un quatrième larron : Olivier Schubert qui apporte désormais une seconde guitare. On compte bien sur cette ajout pour aiguiser le propos de la bande.
En second, les suisses arrivent avec sous le bras un troisième disque qui a mis tout le monde d’accord. La crainte de la panne d’inspiration après un second album aussi brillant s’est vite dissipé dès les premières écoutes. Le titre du disque : Ultima necat, de l’expression latine « vulnerant omnes, ultima et necat » soit « Les heures blessent toutes, la dernière tue », vous prévient d’emblée que l’on n’est pas là pour rigoler. Car pour prolonger la voie ouverte par le disque précédent, sans volte-face ni redite, le groupe a choisi de pousser encore plus loin le côté sensible de leur musique. Un album émouvant, ample, sombre, dur, mais toujours aussi puissant et redoutable dans son sens mélodique. Le genre de disque qu’on écoute (très) fort, les poings serrés et les yeux fermés. La précision d’une tuerie indy-rock comme «Nothing else mattered», alliée au magistral entêtement de l’épique et sublime « Amputee » font à nouveau merveille. La confirmation donc, que ce groupe restera dans ceux qui comptent pour nous.
Avec ces deux nouveaux atouts de taille dans leurs manches, on compte bien se prendre une monumentale volée au Sympathic ce week-end. On vous conseille de venir tôt si vous voulez espérer apprécier la chose de pas trop loin.
Samedi 18 mai-le Sympatic Bar (11 Rue Saint-Michel, Rennes)-21h00-6€