Vidéo par Damien Stein,
Photos par Gildas Raffenel.
Le Punk est bien vivant, mais quelques cheveux blancs.
Rennes 1981 a créé l’évènement la semaine dernière. Une ambition : faire renaître trente ans après l’âge d’or du punk-rock breton. Au programme, une exposition à la DMA Galerie des artistes punk de l’époque et une soirée concert à l’Ubu pour faire revivre la très chère musique punk des années 1980. Les curieux et les avertis ont pris place à la galerie rue de Châteaudun pour le vernissage de l’exposition Rennes 1981, dont beaucoup de jeunes venus honorer l’art du mouvement punk. Le jeu était de comparer les portraits de rockeurs cloués au mur, en photo ou en peinture, avec les originaux plus occupés à déambuler clope au bec et à fêter leurs retrouvailles. Le doute n’était pas permis : malgré quelques rides et cheveux blancs, ces oiseaux là sont toujours des rockstars. Tout ce beau monde a investi les lieux, du fond de la galerie au trottoir d’en face, un mélange des générations qui a discuté musique, art, santiags et blouson de cuir.
La tension était palpable et on attendait avec impatience le volet concert à l’Ubu. Et pourtant, difficile de retrouver cette diversité à la soirée : pour la plupart des spectateurs, tenez vous biens les enfants, papa et maman étaient de sortie avec des étoiles plein les yeux. Et parmi ces fans de la première heure, quelques jeunes punk-rockeurs probablement bercés depuis tous petits au rythme des vinyles de leurs parents. A l’arrivée, la salle affichait déjà complet et s’est reconvertie en quartier général pour une communauté punk, heureuse de rattraper le temps perdu après quelques décennies. Si cette soirée s’annonçait « destroy », elle avait aussi un côté touchant en permettant au public et aux artistes de se retrouver pour revivre les tous premiers concerts des Trans.
Rennes 1981 : entre amertume, excitation et nostalgie.
On pouvait se demander si trente ans après, certaines choses avaient changé. Alors non, le Punk n’est pas mort. Mais il n’est pas tout jeune. En apparence, le temps semblait s’être arrêté au beau milieu des années 1980 : quelques altercations ont fait voler les bières dans le public, c’était aussi l’occasion de ressortir son intemporel blouson perfecto et quelques uns ont osé arborer une crête des plus saillantes. C’était sans compter les grands absents, ceux qui n’ont pas survécu aux abus de la drogue, sans oublier les ravages du sida dans les années 1980. La fête avait par conséquent une saveur particulière, entre l’excitation de revoir jouer les groupes d’une génération, la nostalgie de sa folle jeunesse passée, mais également la tristesse et l’amertume.
L’Ubu a réussi à faire revivre le mouvement punk pour une nuit, mais dont il était difficile de s’imprégner pour ceux qui n’ont pas vécu cette grande époque (comme vos aimables alter-serviteurs ce soir là). Wart, P-38, Frakture, Trotskids et Kalashnikov, tous ont assuré une excellente prestation. Des groupes comme P-38 s’étaient reformés pour l’occasion alors que d’autres comme Frakture n’ont jamais vraiment lâché le micro pour cultiver un rock garage au style très sombre. Les cinq groupes ont offert des ambiances toutes différentes et pourtant chacun pouvait compter sur son public. Beaucoup connaissaient encore les paroles des chansons de Trotskids, même les plus jeunes, alors que les Kalashnikov, plus que jamais précurseurs, ont fini par électriser les spectateurs en dernière partie de soirée. Avec toujours autant de classe et de charisme sur scène, ils nous ont même fait la surprise d’inviter le Marquis de Sade sur une reprise de « Little Doll », des Stooges.
Alors pour ceux qui ont raté cette soirée d’anthologie, voici un retour sur la soirée Rennes 1981 en vidéo :