L’avis de sirocco prévu sur le Chapiteau du Grand Soufflet hier soir a tenu ses promesses ! le vent de neo-burlesque a soufflé, le mistral érotique a titillé le public, le souffle de paillettes a jailli, la tornade effeuilleuse a scotché nos rétines… Un coup de vent jouissif à guichets fermés pour un public heureux, privilégié et converti au new burlesque ! Alter1fo s’est dévoué pour assister au spectacle Porte-Jarretelle et Piano à bretelles et a missionné trois envoyés spéciaux sur place : un photographe qui a immortalisé pour vous ces stars à plumes et à paillettes et deux reporters, l’un mâle l’autre femelle, pour un compte-rendu à deux voix…

Attention toutefois, certaines allusions dans cet article ou certains photographies peuvent choquer les âmes jeunes ou sensibles. On vous avait dit qu’il s’agissait d’un spectacle pour les grands. Merci d’éloigner les jeunes enfants des écrans… 😉

Une meneuse de revue survitaminée

Elle : Jasmine Vegas est un spectacle à elle toute seule. Menant d’une main de maître ce show, elle a distillé avec humour un souffle survitaminé toue la soirée. N’hésitant pas une seule seconde à se faufiler dans le public pour haranguer la foule ou à se saisir de cet instrument laissé au hasard sur scène pour jouer « un p’tit coup d’accordéon »… Un vrai défilé de mode à elle toute seule également : un nombre incalculable de tenues toutes plus affriolantes les unes que les autres : plumée, pailletée, aguicheuse, citronnée, transparente, coquine…

Mais derrière cette façade de meneuse de revue un peu excentrique, on trouve une véritable artiste : chanteuse, comédienne, accordéoniste. Un «O sole mio» à la sauce paillettes ahurissant contrastant avec «Canada-Cannabis», intermède musical calme et mélancolique dans cette fureur déplumée et dépoilée…

Lui : Etienne Grandjean nous avait confié avoir trouvé en Jasmine une meneuse de revue fantasque pour le show burlesque en gestation, elle qui s’était déjà produite au festival. Elle était effectivement drôle dans ses interventions ou touchante quand elle chantait. Apparemment styliste à ses heures, elle nous a gratifié de ses dernières créations « fémininistes » avec beaucoup de dérision.

Chicken Flavor : ambiance poulettes à plumes !

Elle : Quand le burlesque voit la Vie en rose et colle des nippies partout, rien à dire, le monde devient tout de suite bien plus réjouissant ! Les performeuses se succèdent, avec leurs formes pulpeuses, leur plumes, leurs paillettes, leurs tenues affriolantes, leurs sourires et leur joie de s’effeuiller (presque) communicative.

Des numéros jubilatoires, flirtant avec les ombres chinoises, le bâton de majorette ou les éventails géants en plume d’autruche. Une leçon de cuisine hardrockeuse sur le mode chantilly mémorable ou quand les parfaites ménagères de moins de cinquante ans se révèlent être des Bree Van de Kamp délurées à souhait !

Deux effeuillages toniques et rock’n’roll de la guest-star Kitten De Ville, grande reine du Burlesque californien… Un vrai régal pour les yeux !

Des accessoires glamour en veux-tu en voilà : talons hauts, éventails à plumes, faux-cils pour yeux de biches, robes moulantes à paillettes qui se dégrafent d’un coup d’ongles et glissent sur le corps grâce à des vibrations bien emmenées, porte-jarretelles sexy et affriolants, gants en satin pour mains de velours et caresses toutes douces, bas résilles pour gambettes voluptueuses, corsets mettant en valeur des tailles de guêpes et des poitrines généreuses… Et point de burlesque sans nippies ! A paillettes, de toutes les couleurs, à pompons ou non, affriolants à souhait.

Plein les mirettes

Elle : Le public ne veut pas en perdre une miette : ceux qui sont restés debout se haussent sur la pointe des pieds, les bénévoles coincés derrière le bar prennent pied sur les casiers à bouteilles pour se surélever et les marmules qui assurent la sécurité assurent à tour de rôle la surveillance près de l’entrée du chapiteau, à la minute près.
S’en mettre plein les mirettes, objectif premier de la soirée. Suivi de près par le léchouillage sans pudeur de la sucette distribuée à l’entrée du spectacle… Ne surtout pas perdre une miette des courbes généreuses, des paillettes et des effeuillages so sexy.

Lui : Avant le spectacle, la salle se remplit à la vitesse d’une bouteille au robinet. Une dame poursuit le premier technicien qui passe pour se plaindre bruyamment du manque de places assises. Dès la première note d’accordéon et le premier bout de plume, les corps se tassent et se tendent, mire placée entre les deux épaules des voisins du devant. L’humour potache et les chorégraphies friponnes font mouche, l’attention ne baisse jamais et les gorges se déploient. Avec sa concoction d’effeuillages imaginatifs en mode salsa, surf music ou hard-rock, de sketches pliants et d’intermèdes délurés, l’équipe remporte la franche adhésion.

D’ailleurs, entre nous soit dit, notre reporter photo a mis sa vie en péril pour vous hier soir… Mais le coup d’éventail à plumes de Kitten de Ville lors de son passage dans le public n’aura laissé que peu de traces, il a juste un peu chamboulé les sens de notre valeureux alter1phile !

Rire et s’amuser

Elle : Un spectacle de new burlesque, c’est coloré, humoristique et érotique. Et cette soirée «Porte-jarretelle et piano à bretelles» du Grand Soufflet n’a pas dérogé à la règle… On a ri des facéties de Franky O. Right en guerre – humoristique – contre les « fucking communists » et le « fucking accordeon ».

On s’est esclaffé de la leçon d’anglais de notre meneuse de revue préférée. On a applaudi quand les ballons gonflables de Miss Anne Thropy se sont dégonflés, percés d’une simple plume, laissant apparaître les formes voluptueuses de la demoiselle… On a fait hiiiiiiiii avec mes voisines quand on a reconnu le Johnny’s Mambo de Dirty Dancing, fond sonore d’un numéro de Miss Anne Thropy et on a vraiment commencé, gagnées par la fièvre, à se trémousser au son du mambo !

Et l’accordéon dans tout ça ?

Elle : Le fil rouge de cette soirée tout de même ! La meneuse de revue Jasmine Vegas le manipule avec douceur, délicatesse et dextérité et a distillé sa maîtrise de l’instrument tout au long du show. Les performeuses ont joué le jeu également, l’utilisant en version instrumentale (une jolie version de La vie en rose pour Miss Anne Thropy par exemple) ou en version effeuillage pour Louis(e) de Ville, transformant l’accordéon en boudoir voyeur où le soufflet, toile blanche tendue et illuminée, nous a offert un très joli tableau d’ombres chinoises.

Lui : malgré toute la qualité des interprétations de Jasmine Vegas et les vannes de Frankie, de « Vegas », qui fustige le goût des français pour l’accordéon, difficile parfois de voir le rapport du burlesque avec l’accordéon. Notre américain, lui, réussit l’épreuve de force de jouer un dialogue librement inspiré de Roméo & Juliette avec son seul bras comme interlocutrice, avant de terminer à un niveau d’effeuillage jamais atteint par ses congénères, dans un final assez délirant, après distribution générale de psychotropes.

New burlesque, quand tu nous tiens…

Lui : il paraît que toutes les capitales européennes fondent pour le burlesque et son renouveau. Avec son arsenal de sketches désopilants ou affriolants, avec cette fine équipe-là, on comprend pourquoi. Pas une seconde de temps mort, beaucoup de décalage et d’auto-dérision, un public qui ressort au bord du torticolis !

Elle : Un spectacle cabaret affriolant ! Une belle brochette d’artistes et de performeuses, des paillettes plein les mirettes, des idées d’effeuillage (et c’est de saison ! jouons aux feuilles d’automne !), et une furieuse envie de se moquer des conventions et des normes physiques.

Car le new burlesque au delà de l’aspect pailleté et joyeux, c’est aussi un mouvement artistique et féministe. Faire fi des formes de son corps et en même temps le montrer en spectacle, tout revendicatif soit-il. Un choix de programmation étonnant mais ô combien réjouissant pour nous ! merci le Grand Soufflet…

Le tout en images…

Enfin, pour vous régaler les mirettes, THE diaporama concocté par notre reporter-paparazzi qui n’a pas hésité à braver les plumes et les paillettes, au péril de sa vie,  pour vous rapporter ces quelques clichés…

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