Pantha du Prince, qui figurait cette année dans la (généralement très pertinente) programmation de la Route du Rock est un peu la « fée clochette » de la house/techno minimale. Quasiment depuis ses débuts, la signature musicale de l’Allemand consiste en l’ajout de tintements divers et variés qui se mêlent aux sons électroniques caractéristiques du genre. Cette tendance a connu son apothéose en 2013 avec Elements of light, l’avant-dernier album d’Hendrik Weber (son nom à l’état civil) réalisé en collaboration avec The Bell Laboratory, un collectif de percussionnistes norvégiens maniant les carillons de trois tonnes avec dextérité.
Pour son successeur, paru avant l’été, Weber a réduit les effectifs sans revenir à la formule « enfermé seul avec un portable » de ses débuts: ce nouvel album a été produit conjointement avec deux autres musiciens (dont un membre de The Bell Laboratory), d’où son titre : The Triad.
A l’instar d’Apparat, autre fer de lance de la musique électronique berlinoise passé de la techno minimale à des productions plus amples et chaleureuses, Pantha du Prince s’est également mis au chant sur certains titres de son nouvel album… Malheureusement avec beaucoup moins de réussite que son compatriote: alors que Sascha Ring (le musicien œuvrant sous le nom d’Apparat) est progressivement devenu un vrai chanteur en plus d’être un compositeur/producteur talentueux, force est de constater qu’Hendrik Weber n’a pas la moitié du talent vocal de ce dernier, et que ses vocalises un peu ternes n’apportent pas grand chose à ses musiques.
The Triad est à néanmoins à classer dans les bons crus des productions de Pantha du Prince (qui n’a jamais vraiment sorti de mauvais crus à proprement parler). Là où Elements of light était un peu boursouflé de gros sons de cloches, The Triad revient à une utilisation moins emphatique et plus subtile des percussions chromatiques, comme Weber l’avait très bien réussi dans les deux albums précédant Elements of light dans sa discographie. On remarquera également que le travail à trois, effectué dans un esprit live/improvisation, apporte aux morceaux une structure plus mouvante, moins linéaire, et invite plus à la rêverie que certaines compositions plus martiales des premiers albums. Parmi les titres les plus réussis, on citera You what? Euphoria!, Frau im mond Sterne Laufen, In an open space ou encore Lichterschmaus. Sans qu’aucun titre n’égale les meilleurs morceaux de This Bliss ou de Black Noise, et malgré une production un peu en deçà de ces deux albums, The Triad n’en reste pas moins un disque très plaisant à écouter.