Chanceux Rennais qui ont pu ou vont assister aux quatre représentations d’Omphalos du chorégraphe Damien Jalet dans le cadre du Festival TNB : seules dates en France dans le cadre d’une tournée internationale ! Un public conquis lors de la représentation jeudi soir par cette scénographie vertigineuse et cette chorégraphie hypnotique.
Sons, antenne parabolique et lumières
Ambiance sépulcrale pour cette chorégraphie de Damien Jalet inspirée des grands mythes fondateurs. Omphalos en grec signifie rien moins que nombril du monde. Une musique (de Marihiko Hara et Ryuichi Sakamoto) qui dès les premières secondes fige les corps et les esprits. C’est inquiétant et angoissant. Une seule lumière verticale provient du centre d’une antenne parabolique monumentale installée sur scène. Il s’agit de la réplique d’une antenne construite en Grande-Bretagne durant la seconde guerre mondiale nous apprend le flyer papier du spectacle. Et elle tourne cette antenne, nous entraînant dans son sillage hypnotiquement inquiétant.
Tantôt éclairée par un seul trait de projecteur central, tantôt éclairée via un côté de la scène, cette antenne entre ombres et lumières est majestueuse mais donne le vertige. Et le chorégraphe de s’en inspirer pour poser ses danseurs en gravitation instable perpétuelle durant toute l’heure que dure Omphalos. En déséquilibre, en suspend, les danseurs glissent, s’accrochent, se jouent de cette gravité étonnante et la subissent de plein fouet.
Strapping et paillettes
Quatre danseurs-créatures pour démarrer Omphalos. Mi-hommes disco, mi-grands condors, ils se déplacent avec la lenteur qu’on imagine dans l’espace. Damien Jalet a puisé son inspiration au fil de plusieurs voyages au Mexique et cela se traduit notamment dans ces costumes. Franges et paillettes sur tout le corps qui prennent forme différemment selon la gravité et les mouvements. Tantôt suspendus à l’envers dans la structure métallique, tantôt en mouvement sur cette parabole, les franges à paillettes s’animent pour donner vie à ces êtres mi-hommes mi-animaux.
Ces quatres cosmonautes ouvrent le coeur de l’antenne et laissent apparaître de drôles de créatures. Ils seront ainsi seize danseurs à chercher leur équilibre sur cette parabole instable. Seize créatures qui se libèrent un temps de leurs « cordes » pour apparaître à demi-nus, couverts de straps colorés. Un beau moment chorégrahique où les mouvements en opposés génèrent des figures géométriques fascinantes. Des souffles, une lenteur qui deviennent énergies hypnotiques. Cette seconde partie est vraiment impressionnante !
Les danseurs (au nombre de vingt venant du Centre mexicain de Production de Danse Contemporaine CEPRODAC) ont travaillé au sommet d’un volcan lors de la création d’Omphalos, dans un studio situé à 3500 mètres d’altitude. Des conditions qui transpirent tout au long de la chorégaphie : ça souffle, ça inspire, ça expire, c’est lent tout en étant d’une énergie folle…
A cette seconde partie exaltante succède une troisième partie comme un retour angoissant vers l’insondable infini de l’espace. La machine s’enraye, les danseurs disparaissent, les cosmonautes reviennent (et leurs visages angoissants au fond des casques éclairés aussi). Et quand tout s’arrête, on reprend son souffle, subjugué par cette proposition, par l’énergie vorace des danseurs, par cette antenne monstrueuse et déstabilisante…
Une belle sélection du TNB dans sa programmation 2019-2020.
A voir absolument (si vous arrivez à trouver une place – complet à priori pour les deux soirs) :
Vendredi 08 novembre à 19h00
Samedi 09 à 20h00
En savoir plus sur le site du TNB