7 [Monologues] pour 7 facettes ou quand Pépito Matéo jongle avec la noirceur du monde pour raconter cette société qui fragilise. 7 [Monologues] est un coup de poing, un one-man show au cœur des mots et des maux…

7 [Monologues], ce sont 7 personnages enfermés dans leurs bulles et interprétés tour à tour par Pépito Matéo. Ce dernier s’est inspiré des fous littéraires, de leurs langages marginaux et bruts. Et comme cet artiste de la langue est fan de contraintes, il a proposé à 6 metteurs en scène et une chorégraphe de participer à ce projet. En leur imposant des contraintes, 7 plus précisément, de mise en scène. Le spectacle est donc composé de 7 bulles, 7 mises en scène singulières, 7 univers dans lesquels on entre à pas feutrés ou violemment, et où l’on rencontre 7 personnages en proie aux tourments de la société.

Première rencontre : un SDF dans une laverie. Il parle seul, donnant à écouter une logorrhée étrange où les mots se mêlent, s’entremêlent et se perdent. La machine à laver devient œil cyclone et l’argent sale fustige la propreté des pauvres… Une mise en scène de Sylvain Maurice.

Deuxième rencontre : le chauffeur de taxi. Dans un décor oppressant imaginé par Fabrice Murgia, deux écrans vidéos diffusant des images de circulation citadine, on fait la connaissance d’un chauffeur de taxi. Un même personnage pour deux voix : un monologue intérieur, au présent ou les râleries et remarques consécutives au parcours pour emmener un client à l’aéroport. Et un monologue au passé, composé de souvenirs de guerre, de milice, d’alcool, de folie et de remords familiaux. Deux monologues qui finissent par entrer en collision…

Troisième rencontre : l’amnésique. Une mise en scène très gestuelle, écrite par la chorégraphe Nathalie Pernette. A la base, une histoire vraie : celle d’un homme qui n’a pas retrouvé sa mémoire pendant 20 ans. Ici, Pépito Matéo joue deux personnages : l’amnésique, dont les neurones sont perturbés et qui est une tour de Babel à lui tout seul, passant des phrases en français, aux mots en anglais, allemand ou espagnol. Mais aussi le psychiatre, qui perd la raison face aux paroles de son patient. Une histoire d’échiquier entre Fou et Roi de la vérité. Ou au final, l’un remplace l’autre, voire l’un est l’autre…

Quatrième rencontre : l’assiette. Anne-Laure Liégeois a conçu une mise en scène ultra-minimaliste, très sobre. Pépito Matéo, en costard noir, s’installe au centre de la pièce ; il porte une assiette blanche. Seul son visage et le haut du corps sont éclairés, de façon très mystique. Il y est question d’une femme, en robe rouge, de sancerre, de foie gras, de moutons. Comme une facétie de Barbe-Bleue à la sauce contemporaine.

Cinquième rencontre : Meuble en kit. Le plus triste et le plus drôle des 7 [Monologues]. Voici Franck, 53 ans, qui a de l’expérience. Il semble être l’animateur d’un groupe de bricolage et mène son atelier tambour battant. En fait d’atelier, on assiste surtout à la survie chaotique et sous Tranxen et Xanax d’un cadre brisé par les techniques managériales. Qui s’agite tel un agent de piste d’aéroport, poupée qui reproduit à l’extrême les gestes et leçons apprises dans l’entreprise… Une mise en scène de Renaud Cojo.

Sixième rencontre : Le sous-pull orange. Encore une mise en scène très sobre et très visuelle mise en place là par Julien Mellano. Le monologue d’un être mutant qui dit des mots pour les autres. Des jeux de langage qu’on ne saisit pas forcément en totalité mais qui laisse une impression étrange de « bouc et misère »…

Septième rencontre : et non des moindres ! Celui du redresseur des âmes, mise en scène par David Gauchard et David Moreau. Dans Mystic, Pépito Matéo est absent physiquement mais présent par la vidéo et l’image. Et quelle image ! Celle du crucifié de l’ordre du scalpel qui négocie le marché de la mort avec Dieu, tout en sous-traitant avec le Diable. Une histoire de mots et de steak haché…

On sort de ce spectacle un peu remué, un peu transi. Mais ô combien exalté par la langue et la performance. Une grande noirceur certes dans le propos mais une parole jubilatoire, qui permet de soigner les maux par les mots. Un spectacle Mythos créé à L’Aire Libre sous la coordination de Maël Le Goff lors d’une résidence en Janvier 2013.
Un spectacle à ne rater sous aucun prétexte ! Il vous reste ce soir pour le voir !

Retrouvez tous nos articles sur le festival dans le Dossier Mythos 2013

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7 [Monologues] – Pépito Matéo

Où ? Aire Libre (St Jacques-de-la-Lande)
Quand ? Jeudi 18 à 20h30
Tarifs  ? 15 / 10 / VIF 10 euros – Autres tarifs : consulter la salle