Jeudi soir avait lieu la finale du Tremplin LabelMozaïc à l’Etage au Liberté. Quatre talents prometteurs, sélectionnés sur l’envoi de maquettes par un jury présidé par Jimme O’Neil, se produisaient sur la scène de L’Etage, dans des conditions professionnelles pour un concert gratuit ouvert à tous. A l’issue des prestations des quatre lauréats, le jury devait désigner le gagnant de cette année, mais les quatre finalistes repartaient tous avec un prix. Les années précédentes, des groupes aussi divers que The Popopopops, Tahin, Pleyäd, Lugo ou M. Roux avaient été lauréats. Cette année, la sélection est d’une qualité impressionnante. Compte-rendu et palmarès de cette finale…

On est d’abord agréablement surpris par l’affluence au Liberté ce jeudi soir. Le public a répondu présent, et l’Etage est déjà bien rempli dès la première prestation. Un accueil impeccable, une très belle organisation et l‘entrée gratuite  qui rend la soirée accessible à tous les budgets ont favorisé cette très belle affluence. Beaucoup de lycéens, d’étudiants sont présents et on se réjouit que ce soit pour découvrir et soutenir la jeune scène rennaise.

Les organisateurs ont prévu une montée crescendo dans l’ordre de passage des groupes : d’abord la folk épurée de Ladylike Lily, puis la pop ensoleillée des Manceau, suivie par l’énergie rock des Greta Garbo et l’electro-punk-clash des Russian Sextoys.

Ladylike Lily et sa folk épurée :

C’est donc Ladylike Lily qui ouvre le bal en montant sur scène seule avec sa jolie robe et sa guitare folk. On salue déjà son courage : pas facile de commencer la soirée, d’autant plus lorsqu’on est seule sur scène ! Pourtant la jeune femme propose un set fort bien mené, porté par ses chansons folk épurées. Ses arpèges de guitare et sa voix captivante font penser aux univers d’Alela Diane, Emily Jane White, et même à Cat Power, le côté écorché vif en moins… On est plutôt stupéfait par la qualité de la prestation de la jeune femme. Elle réussit à capter l’attention du public. Elle parvient  à l’emmener dans son univers intimiste et offre de jolis moments de grâce… Elle évoque Dylan comme source d’inspiration entre deux morceaux  et achève sa prestation sur une reprise d’Emiliana Torrini dans des applaudissements admiratifs et très fournis. On se dit que si la soirée commence aussi bien, elle risque d’être d’une grande qualité. Autour de nous, le public est conquis.

Avant chaque prestation, le clip-teaser réalisé par la société rennaise La Dent du Géant, pour présenter chacun des candidats est projeté sur l’écran géant derrière la scène.  Cela permet ainsi au public d’appréhender les quatre artistes d’une manière plus complète que par le seul biais de la prestation scénique qu’ils vont réaliser.

Manceau et sa pop ensoleillée

C’est au tour des quatre Manceau d’investir la scène avec leur pop ensoleillée et bucolique pleine de finesse. On les sent un peu tendus lors de leur arrivée sur scène, mais très vite, ils se libèrent et donnent toute leur mesure à leurs compositions.  On l’a déjà dit, mais sous ses faux airs de pop bricolée, la musique de Manceau recèle des trésors d’arrangements finement ciselés… Des petites touches,  de ci, de là, un glockenspiel ici, quelques notes de trombone un peu plus loin, un refrain à deux ou à trois voix par là, qui vous attrapent les oreilles et vous font sourire de béatitude pop… On entend les Zombies, les Beatles, ou les Beach Boys dans leurs suites d’accord ou dans leurs choeurs à plusieurs voix. Julien, le chanteur, nous parlera après le concert de problèmes techniques, mais très sincèrement, dans le public, on ne s’en rend pas compte et un groupe de fans qu’on devine essentiellement venu pour Manceau se charge de mettre l’ambiance. Le set reprend certains morceaux de leur ep « On a mellow day » et on assiste à de jolis moments de communion avec le public. La pop du quatuor est acclamée et beaucoup de personnes autour de nous s’avèrent conquises… Certains se demandent même comment le jury va réussir à départager les deux très bonnes premières prestations… et se réjouit de ne pas être à leur place !

L’énergie brute de Greta Garbo

Après les sets intimistes et pop des deux premiers lauréats, c’est Greta Garbo qui va donner une intensité plus rock à la soirée. Greta Garbo est un duo basse, guitare. Pour les beats, c’est un ordi qui les envoie. Ils ne sont que deux sur scène, et pourtant, on ne sent pas la scène trop grande, elle semble juste à leur taille. Le guitariste-chanteur paraît à l’aise dès le premier morceau et n’hésite pas à donner de sa personne en prenant des poses  rock’n roll et en levant le poing… Energie brute, beaux amplis Vox, guitares vintage et charisme scènique sont au rendez-vous. Devant la scène les plus jeunes bondissent et miment les riffs du guitariste. Les deux Greta Garbo n’ont pas donné beaucoup de concerts, et pourtant, ils assurent ! Le début de leur prestation est tonitruant. On note aussi l’excellent travail des ingé-lumières qui proposent des ambiances différentes pour chaque groupe. Pour Greta Garbo, on alterne entre le blanc, l’or et le noir et tout ça rend le show encore plus efficace. Au bout de la demi-heure réglementaire, le duo quitte la scène en laissant l’impression d’avoir parfaitement défendu son rock brut et défini son son. Une bonne partie du public adhère et les quelques uns moins enthousiastes avouent que c’est davantage parce qu’ils ne sont pas proches de ce style de musique mais que la prestation était vraiment de qualité. Greta Garbo est un très jeune projet. Gageons que les mois qui viennent vont leur permettre de prendre encore davantage d’ampleur.

L’électro-rock des Russian Sextoys

Les Russian Sextoys investissent ensuite la scène avec, nous sembe-t-il un peu de retard, dû à des problèmes techniques semblerait-il. Une de leur tête d’ampli semble en panne. Les Greta Garbo leur prêtent la leur et le concert peut enfin commencer après le maintenant habituel teaser. On sent les quatre jeunes gens très tendus, peut être à cause de l’angoisse générée par ces soucis techniques. On plaint le quatuor qui se donne pourtant du mal. Leurs morceaux proposent une sorte d’électro-rock avec des claviers et une basse eighties, parfois plutôt kitcsh ou électro-clash. Leurs influences revendiquées sont plutôt dansantes (The Rapture, Yeah Yeah Yeahs) et sur disque, on retrouve cette ambiance. Sur scène, le son reste le même mais on serait  tenté de dire qu’il gagne en profondeur désespérée très eighties. Une sorte de mélancolie glacée (peut être involontaire) se dégage de leur prestation. Ils font d’ailleurs une cover de l’excellent « Eisbär » de Grauzone (le groupe punk-cold wave plus ou moins expérimental de Stephan Eicher avant ses déjeuners…). On sourit en se disant que l’allemand du chanteur ressemblerait presque à du russe… Mais bon, normal avec leur patronyme ! Néanmoins le public attendait les Russian Sextoys sur leur côté décalé et dansant et apparaît moins réceptif dans cette ambiance enfumée plus punk cold wave. Dommage car le groupe mérite sûrement une écoute plus attentive que leur attitude décalée le laisse croire…

La majorité du public quitte la salle rapidement après les quatre prestations car il est déjà tard, mais le premier bilan concernant l’affluence et l’intérêt porté à la jeune scène rennaise est plus que positif. C’est maintenant au tour du jury de rendre son verdict. Certaines personnes du public plaignent le jury composé de personnalités aussi diverses que Jean-Louis Brossard, Fred Picard, des journalistes web, radio ou de presse écrite, des artistes et des responsables d’asso rennaises, de devoir choisir parmi des prestations de très bonne qualité dans l’ensemble. Autour de nous les pronostics vont bon train : les plus rock votent Greta Garbo, mais beaucoup ont surtout du mal à départager les deux premières prestations.

Le jury rend son verdict :

C’est finalement la folk épurée et fragile de la jeune Ladylike Lily qui remportera les suffrages du jury. Elle aura donc la possibilité d’enregistrer  son premier disque au studio rennais Passage à Niveau grâce à ce tremplin. Voilà un bien bel encouragement de la part du jury pour cette toute jeune femme qui souhaite vivre de sa musique. Ses copains de Manceau remportent la deuxième place et gagnent un bon d’achat de matériel musique substantiel. Greta Garbo et The Russian Sextoys, respectivement troisième et quatrième, obtiennent des bons d’achat d’imprimerie pour leurs futurs flyers, affiches, etc…

Photos : Caro

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Myspace de Ladylike Lily (en panne depuis quelques jours, mais il devrait refonctionner sous peu…) http://www.myspace.com/ladylikelily

Myspace de Manceau : http://www.myspace.com/manceau

Myspace Greta Garbo : http://www.myspace.com/gretagarbomusic

Myspace de The Russian Sextoys : http://www.myspace.com/therussiansextoys