Vous bossez jeudi et/ou vendredi. Vous détestez équitablement la mer, la campagne et la montagne. Vous n’avez pas de résidence secondaire. Vous êtes, de toutes façons, fauchés comme les blés, même en début de mois. Que donc faire de ces 8 et 9 mai fériés tombant en milieu de semaine ? Pas de soucis, la Bascule, le plus beau des bars-concert de Rennes, vous offre deux belles possibilités d’occuper constructivement deux des soirées de ce joyeux foutoir férié. Expérimentations larges d’esprit ou noise rentre-dedans, il y en aura pour tous les goûts.

Vous êtes donc conviés boulevard de Verdun dès 20h30, le mardi 7 mai, pour une très sympathique triple affiche (très joliment mise en image par Dain Fagerholm, d’ailleurs). La soirée sera réservée au gens aux oreilles grandes ouvertes puisque s’enchaineront dans le désormais mythique petit coin scène pas du tout surélevé de la Bascule, trois propositions aux univers musicaux plutôt éloignés.
On retrouvera ainsi, la folk dépouillée et sensible du caennois Cowbelle mais aussi une mise en son de textes de l’écrivain anarchiste suédois Stig Dagerman par « Le Bitter/Chau » soit Hervé Le Bitter et Vi Khanh Chau de la Compagnie Echelle de Jacob. Les familiers des textes douloureux de ce « vaincu de la vie » pour qui « notre besoin de consolation est impossible à rassasier » seront sans doute curieux de découvrir comment le passionnant duel mot/son va tourner. Ça leur fera sans doute, au moins une occasion de se consoler de la très plate mise en musique de cet auteur livrée par les Têtes Raides. Pour les autres, on vous prévient que ça risque d’être un sacré choc littéraire et on l’espère musical.
Mais ce qui nous attendons avec le plus d’impatience, ce sera la venue de Bild. La noise-indus planante et insidieuse de ces Rouanno-caennais nous a plus que séduit, particulièrement avec cette superbe vidéo d’extrait d’un concert entre drone et post-rock fantomatique dans un lieu incroyable. Avec la proximité immergeante du dispositif de la Bascule, il y a tout pour que l’unique morceau de 40 minutes qu’ils interpréteront, soit un moment tout simplement magique.

Mardi 7 mai-Bar La Bascule, 2 rue de la Bascule (à l’angle du Bd de Verdun, Rennes)-20h30-5€

Si vous aimez aussi les musiques plus dures, l’association Kfuel a aussi pensé à vous. Elle vous proposera au même endroit, vendredi 7 mai, à partir de 21h, un duo de groupe de noise-rock bien explosif et abrasif comme il faut. Deux groupes que nous sommes très impatients de découvrir sur scène.
D’abord les nantais Trench Piss (on vous épargne la traduction) parce que dans le projet, on retrouve un monsieur qu’on apprécie beaucoup : Thomas Beaudelin. Que ce soit en frontman du blues-noise volcanique des Café Flesh, ou dans ces expérimentations solo sous le nom de Tom Bodlin, on a largement apprécié les prestations du gars. Alors quand celui amène son chant hurlé dans un combo où l’on trouve aussi Gildas, un des guitaristes de ChooChooShoeShoot (encore un groupe qu’on adore), forcément on lève le sourcil d’un air intéressé. Complété par Fabien, le frangin de Gildas à la batterie et par un Pierre à la basse au CV plus nébuleux, le quatuor n’a pour l’instant dévoilé que trois titres bien furieux. L’influence du Chicago des 90’s se fait bien sentir  mais la maitrise est impressionnante pour un projet aussi jeune et leur dévastateur « Come in the flesh » laisse augurer du meilleur sur scène.

Autre quatuor que l’on trépigne d’impatience de découvrir sur scène, les toulousains de Pylone. Non seulement, ces gens ont eu le bon goût de faire appel à Eric Mahé (auteur de BD rennais responsable de tous les splendides flyers des concerts Kfuel) pour faire la pochette de leur tout récent excellent premier album : Things That Are Better Left Unspoken, mais on y retrouve aussi des anciens de Headwax, Kronk, Messieurs de Fursac… et un des animateurs de l’émission de Radio Rien à branler (sur Toulouse certes, mais amplement podcastable de partout). Les huit titres de leur toute récente première galette nous ont beaucoup plus. Leur noise-rock emphatique et lancinant, lorgne parfois lui aussi du côté des grands classiques (Jesus Lizard, Big’N, Shellac) mais ils ont un façon bien à eux de prendre le temps de développer une ambiance, pour ensuite la dynamiter avec une férocité réjouissante. On y trouve aussi de très belles fulgurances de passages chantés en français, imposant largement le respect. Encore un groupe qui devrait faire des étincelles en live, pour une soirée qui promet de délivrer un de ces tremblements de terre de magnitude neuf dont la Bascule a le secret.

Vendredi 10 mai-Bar La Bascule, 2 rue de la Bascule (à l’angle du Bd de Verdun, Rennes)-21h00-6€