Amateurs de folk incarnée et de mélodies délicates et ouvragées, la première soirée du Festival Les Embellies au Théâtre du Vieux St Étienne devrait vous combler, puisque les élégants Emily Jane White & House of Loves s’y partageront la scène. Frissons contagieux en perspective.
Un tout nouveau lieu pour Les Embellies
Pour la première fois, le festival Les Embellies, qui fête sa 20ème édition cette année (auparavant le festival s’appelait les Bar’Baries) investit le Théâtre du Vieux St Étienne. Les quinze dernières années, l’équipe bougeait de salles en salles tout au long du festival, proposant des concerts, des ciné-concerts, des expos photos et on en passe, dans plusieurs lieux de la capitale bretonne.
Cette année, l’équipe des Embellies a souhaité inscrire le festival dans un endroit particulier, qui devienne vraiment le cœur battant du festival (ce qui n’a pas forcément été évident non plus, l’équipe ayant un attachement très fort à toutes les salles partenaires des années précédentes). Le Théâtre du Vieux St Étienne accueillera ainsi la grande majorité des concerts de la programmation (avec une petite exception le mardi 20 mars pour Ô Lake qui jouera à la Maison des Associations et pour la soirée finale du festival qui aura lieu à l’Ubu, salle compagne depuis les premiers jours) et qui sera également ouverte à tous de 17h à 20 du mercredi 21 mars au vendredi 24 mars, notamment pour assister à des émissions de radio en direct chez les copains de C-Lab (le 21 mars) et de Canal B (le 22 mars), mais aussi le samedi 24 mars de 14h à 17h.
Vous pourrez également y découvrir une expo anniversaire autour de l’identité visuelle du festival, d’abord portée par Sébastien Thomazo, puis depuis 11 ans par l’artiste rennais au grand talent Yoann Buffeteau.
Le collectif Vitrine en Cours (là aussi, il y en a du talent) présentera quant à lui trois installations visuelles et sonores originales. Associées aux travaux effectués pendant le projet La Petite Fabrique d’Images mené cette année avec l’école rennaise élémentaire Moulin du Comte, les projections d’image analogiques du collectif accompagnées des créations musicales de Gregory Hairon, devraient une nouvelle fois nous plonger dans un monde aussi onirique que chaleureux.
On souhaite donc une belle réussite à ce nouvel épicentre où battra cette année le cœur palpitant du festival.
Emily Jane White & House of Wolves
C’est donc au Vieux St Étienne que se produiront Emily Jane White & House of Wolves le mercredi 21 mars. On met une esperluette (&) et non un et lambda, puisque forts de leur rencontre lors d’un concert à Los Angeles, les deux artistes américains ont décidé de partager la scène pendant de cette tournée printanière (ainsi qu’un split ep à paraître en mars chez Discolexique).
On a déjà eu la chance d’entendre Emily Jane White aux Embellies en 2014. La Californienne, drapée de rouge, avait proposé un set plus électrique et plus mélancolique encore que lors de son précédent passage à l’Ubu trois ans auparavant. Abandonnant le folk aux profondes racines blues de ses débuts, l’artiste américaine y avait développé une musique profondément envoûtante, aux superbes arrangements (guitare électrique pour elle, accompagnée d’un violoncelle, de clavier, d’une batterie et de chœurs), essentiellement issue de son quatrième album en date, le très bon Blood /Line.
Depuis, l’artiste basée à Oakland a sorti un cinquième long format, peut-être encore plus réussi, toujours chez les Bordelais de Talitres, l’en même temps poignant et lumineux They Moved in Shadow All Together (2016) aux paroles et aux thèmes douloureux mais à la musique quasi solaire. Porté par une voix souvent doublée, ou tissée de chœurs, sublimé par des arrangements épurés qui tombent toujours juste, l’album se révèle encore plus harmonique, mais toujours aussi sombre et pénétrant. On attend donc avec une réelle impatience la prestation de l’Américaine, tant on sait que la multi-instrumentiste transcende encore son univers sur scène.
Rey Villalobos aka House of Wolves n’est pas un manchot non plus, lorsqu’il s’agit de composer des folk songs délicates. Guitares boisées à la Elliott Smith, voix aérienne au timbre éthéré, la folk teintée d’americana du Californien semble hors d’âge.
Alors certes les progressions d’accords utilisées par le garçon n’apparaissent pas très originales (Creep n’est pas loin d’Oh You Little One), mais le charme du musicien réside ailleurs. Dans cette voix, d’abord qui monte sans difficulté, et réussit le tour de force d’être en même temps fragile et incarnée (le Creep d’Oh you Little One se transforme d’ailleurs curieusement en gay song pleine de paillettes et de sanglots). Dans l’étendue de la palette des arrangements ensuite, qui convoquent ici trompette sur 50’s ou Ageless (sur son premier album Fold in the wind), piano et guitare bien sûr, mais également quatuor à cordes sur le dernier long format en date (House of Wolves, 2016).
L’Américain sonne un peu comme un Perfume Genius barbu qui n’aurait pas pris de virage électronique et qui se serait plongé à corps perdu dans de bucoliques chansons américaines. Le garçon prend le temps de l’amplitude, étire ses morceaux, leur donne de l’espace pour se développer à l’envie et parvient à rester sur le fil ténu de l’émotion, entre limpidité et élégance. On espère grandement qu’il en sera de même ce mercredi 21 mars en live.
Land (dj set)
Et pour encore se ouater les oreilles de bon son, Land, aka Martial Hardy, l’essentielle flamme vive qui réchauffe les musiques d’ici en les publiant sur son label Les Disques Normal, proposera une sélection musicale de bon aloi, conviant les spectateurs des rivages de la folk aux clapotis enchanteurs de la pop, des déferlantes rock aux îlots électroniques. Et comme le garçon a bon goût (Santa Cruz, Mermonte, Tiny Feet, Bumpkin Island, Fat Supper, [kataplismik], We Only Said, Lady Jane, The Missing Season sont sortis chez Les Disques Normal…), ça devrait mettre la soirée sur de parfaits rails.
Pendant toute la durée du festival, retrouvez tous nos articles sur les Embellies ici.
Les Embellies présentent Emily Jane White & House of Wolves en concert au Théâtre du Vieux Saint Étienne (14 rue d’Échange, Rennes) le mercredi 21 mars à partir de 20h, ainsi qu’un dj set de Land.
Tarifs : Sortir 6 euros / Etudiants, moins de 26 ans, demandeurs d’emploi : 10 euros / Plein : 12 euros / Sur place : 14 euros.
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