Mad in Finland, c’est d’abord leur histoire, celles de 7 artistes qui ont toutes quitté la Finlande, leur pays natal par amour du cirque. Elles se retrouvent grâce au Galapiat Cirque pour vous parler de leur pays. Un portrait tendre et parfois au vitriol entre acrobaties et musique d’un pays nordique qui fascine.
A peine franchies les barrières de sécurité sur la place du Parlement, respirez ! vous avez changé de territoire. Adieu la France, bonjour la Finlande ! Le Galapiat Cirque aime vous mettre en condition et c’est aux abords du chapiteau que l’on prend contact avec ces circassiennes nordiques et leur langue natale… Heureusement, on a eu la gentillesse de nous distribuer un petit dépliant avec quelques infos vitales sur la Finlande et quelques mots de vocabulaire. Dépaysement assuré !
On est serrés comme des sardines sous le chapiteau, histoire de se tenir chaud dans ce territoire du Grand Nord. Un grand cri et le silence se fait. Obscurité. Les circassiennes entrent en scène et en ronde se mettent à chanter a capella en suomi. Jolie berceuse qui contraste avec l’énergie des numéros qui vont suivre.
Mais qui se cache derrière Mad in Finland ?
Elles sont 7 et ont toutes quitté leurs pays nordiques pour vivre leur vocation du cirque : dans cette fratrie féminine, on trouve Elice Abonce Muhonen qui jongle entre trapèze, basse et batterie. Puis Mirja Jauhiainen, qui saute du trapèze au violoncelle en passant par la basse. On compte aussi Sanna Kopra, qui pratique trapèze et bruitage, et Stina Kopra qui préfère le main à main, le rola-bola et la batterie. Vous rencontrerez également Heini Koskinen, spécialiste du tissu et du violon, ainsi que Sanja Kosonen qui s’adonne au filet à la guitare. Enfin, vous croiserez Lotta Paavilainen qui hésite entre main à main, rola-bola et mélodica.
Sept comme…
7, ce n’est pas un chiffre dû au hasard… Il fait référence à un classique de la littérature finnoise : Sept frères d’Alexis Kivi, un roman épique et comique, grand classique de la littérature finnoise du XIXe siècle. Pour échapper à la dureté de la société et notamment à l’église luthérienne qui veut leur apprendre à lire, sept jeunes hommes orphelins de père s’enfuient dans une région déserte pour y vivre en liberté.
Le spectacle des 7 filles du Galapiat Cirque est une adaptation libre de ce monument littéraire. Elles s’en inspirent pour parler de leur pays, pour faire voler en éclat avec un certain humour satirique les clichés sur leur pays. Et on s’amuse, on rit aux éclats, on sourit face à ces allusions audacieuses servies par une dextérité circassienne renversante.
La Finlande, où il fait nuit six mois durant ? qu’importe ! Quand la Valo (lumière) fût, nos circassiennes trouvent des parades : l’une chausse ses lunettes de soleil, l’autre utilise les projecteurs en guise de luminothérapie, l’une grille ses saucisses sur une lampe-kebab…
La Finlande, le pays spécialiste des jeux ridicules comme les courses avec une femme sur son dos ? certes mais si les circassiennes s’y prêtent un court instant, c’est pour mieux vous offrir un numéro de duo au Rola Bola. Avec un strip-tease de combinaison de ski le plus équilibré déséquilibré qui soit !
La Finlande, le pays du ski nordique ? oui, et il se pratique même à sept, en botte et sur une seule paire de skis !
La Finlande, spécialiste du lancé de Nokia ? oui, voire du massacre de Nokia. Les circassiennes n’aiment pas les téléphones qui sonnent durant leur numéro. Et se saisissent de cette occasion pour faire du sport : jeté de hache sur Nokia et rondin de bois, base-ball de nokia…
La Finlande, l’autre pays du tango ? oui, avec une jolie brochette de circassiennes en talon et robes années 50. Elles sont au bal et Naistenhaku arrive [NDLR : le tour pour les femmes d’inviter leurs partenaires à danser au bal]. Tandis que ses camarades tournent sur la piste aux bras des charmants messieurs dénichés dans le public, la fil-de-fériste entre en scène. D’abord en talon de 6 cm puis en chaussons conventionnels pour des prouesses hallucinantes sur Ne me quitte pas en finnois : grand écart, traversée en courant, glissades, s’allonger et se relever, sauts, en toute légèreté. Comme si le vide n’existait pas.
La Finlande, le pays aux 2,2 millions de saunas ? Assurément. Mais pour autant, ses représentantes ne sont pas des bûcheronnes. Et leur démonstration de découpe de bois à la hachette en bottes et en serviette blanche en aura fait rire plus d’un !
Ces filles ont beaucoup beaucoup d’humour : le numéro de championnat du monde de Bretagne de trapèze ballant avec les commentaires à la Nelson Monfort en est l’exemple parfait… Mais si l’humour prend, c’est aussi parce que les prouesses circassiennes accomplies derrière sont absolument décoiffantes… Trapèze, tissus, rola bola, portés : la maîtrise des acrobaties entre équilibre, déséquilibre et prise de risque est là.
Et puis, il y a tout cet univers dans lequel on plonge avec elles avec délectation : cette destruction à grands coup d’humour des clichés sur la Finlande ; cette langue qu’on imaginait gutturale et qui est finalement très poétique ; cette tendre nostalgie à l’égard de la Finlande qui émane de ces circassiennes multivitaminées…
A la sortie du chapiteau, histoire de tremper encore dans ce décorum finlandais, distribution de vodka à la réglisse tandis que nos circassiennes s’engouffrent dans cette petite caravane transformée en sauna. Kippis (Santé !) ! et Kiitos (merci) Ay-Roop pour ce dépaysement nordique…
[Toutes les photos sont issues du site du Galapiat Cirque et ont été prises par Sébastien Armengol à Langueux en avril 2012]
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Mad in Finland – Galapiat Cirque
AY-ROOP : Focus Cirque Nordique (du 8 au 12 avril 2014 à Rennes)