Un verre avec the Decline! avant l’Ubu

declin1Même les frileux du Punk y adhèreront, le nouveau Decline est excellent. La fête de sortie a lieu à l’Ubu, ce jeudi 29 mai. Quelques jours avant, on s’est donc invité à leur table, pendant l’apéro.

Autant vous le dire tout de suite, je suis pas particulièrement fan de punk-rock. Pourtant je me suis offert les deux rondelles de the Decline, elles me plaisent beaucoup. Et je dois même vous dire: 12A Calvary Road balance encore plus que le premier. On y retrouve les mêmes ingrédients. En gros, à la louche : une bonne armature de guitares énervées, une basse qui voltige dessus, et puis des choeurs et des fûts qui poussent sur le devant, à courte distance du visage, un narrateur qui vous assène des petits hymnes « maison » dans les oreilles.

Dans la récente livraison, le tableau n’est pas vraiment gai, à l’image de la pochette: on y observe un monde désabusé et annihilant, où l’on reconnaît une ville pluvieuse, fardée et déclinante. À la fin du disque, on y lève tout de même un verre à ce qui compte vraiment: la musique, les frères, l’aventure, l’amour et…le futur. ce dernier sujet n’étant pas un thème de discussion décent pour tout punk qui se respecte, nous optons donc pour demander à Cédric (basse), Kevin (chant, écriture) et Xavier (guitare, banjo) de nous raconter les dernières nouvelles.

decline5Issus de diverses formations régionales de punk, les instrumentistes du combo démarchent le chanteur, Kevin, lors d’un concert de son autre projet, Slim Wild Boar, et lancent the Decline. L’idée, c’était d’enrichir leur son avec un chanteur pas forcément fanatique de punk-rock: « C’était leur volonté, d’amener quelque chose d’extérieur au punk-rock. La démarche fondatrice, c’était de faire du punk mais l’amener vers d’autres choses ».

Tout le monde compose, Kevin écrit les textes et certains arrangements. « On a presque une démarche pop, dans le sens de populaire. Il y a un côté accrocheur, mais pas raccoleur! Le petit truc mélodique à la guitare, le refrain que tu peux chanter dans un bar… ». Xav’, lui, a commencé par la musique irlandaise ou bretonne, avant de se mettre à la guitare électrique. « En fait, avant l’heure, tu étais la synthèse du groupe! », rigole Kevin. Ced confirme: « on a pas mal tâtonné à quatre, avant que Xav nous rejoigne. Là, ça a vraiment commencé à donner une couleur au groupe. Avec Goose, l’autre guitariste, ils forment une bonne symbiose ».

decline3Le premier disque enregistre un joli succès, mais le deuxième est plus écrit, plus composé, d’après Kevin. Plusieurs invités y participent: Violoncelle, claviers…« On avait déjà cette idée là sur le premier, mais on s’est laissé dépasser par… notre flemme! » Quand on leur dit que le deuxième nous paraît plus dur, dans le son, leur opinion est moins tranchée: « Moi je dirais qu’on a peut-être plus dissocié les morceaux punk et les morceaux folk, alors que sur le premier on avait des morceaux qui combinaient les deux. Les morceaux punk sont plus punk, les folk plus folk ». Kevin écrit les textes le plus tard possible, bien après les compositions. Les autres se retrouvent dans ses textes : malgré leurs différences, ils s’accordent sur les thèmes abordés. Parmi eux, on reconnaît Rennes dans de nombreux morceaux, avec une charge assez nette sur la ville dans A letter to my Rain city: « Oui, c’est une chanson sur la gentrification, quand on essaie de déplacer le côté populaire d’une ville vers l’extérieur… ». Plus généralement, l’aspect négatif des textes contraste avec les francs sourires affichés par nos interlocuteurs… Ces types sont heureux de leur musique et de leur situation, sur scène ou en studio, pour des raisons différentes. « Je hais ce monde mais j’aime ma vie », chantent-ils sur le dernier. « C’est exactement ça. J’ai une vision pessimiste du monde qui nous entoure, mais une vision optimiste de ce que je peux faire avec tout ça« , explique le chanteur. Ced renchérit: « Ça va, on a de la chance, il y a tellement de gens qui galèrent. On a tous plus de la trentaine, on ne voit plus les choses de la même façon. On n’a pas l’ambition de devenir des rock stars, donc on ne tombe pas de haut, quoi… »

decline2Leur répertoire sur scène ? « Les deux albums, on ne fait pas de reprises, on est trop feignants pour les travailler! On se donne la liberté de changer l’ordre et les chansons, selon la scène et les conditions, mais on joue à peu près 60% de morceaux du deuxième album, le reste c’est le premier ». Quant aux morceaux bénéficiant d’invités, difficile d’intégrer d’autres instruments sur scène: les Decline voyagent dans un van cinq places, pas de place pour une contrebasse! Entre la cuisine d’un squat de Londres et la une scène du Hellfest à 11h le dimanche matin, Les Decline ont déjà beaucoup tourné, dans des contextes bien différents. Dans le camion, une règle: pas de musique saturée, étrangement… de la soul, du folk, la radio ou… rien du tout. Punk-Rock interdit!

À la question d’une éventuelle professionnalisation, les avis sont partagés: « On se pose la question à chaque concert. Notre condition, en tant que groupe, s’améliore. Nos concerts sont mieux payés… Si ça doit se faire, les choses doivent aller d’elles-mêmes. Si ce n’est pas le cas, c’est qu’on n’en est pas là », pense Xav. Le danger du split? « On fait des pauses suffisamment longues pour avoir envie de se revoir! On rigole bien, on n’est pas le groupe le plus triste de la planète, on s’entend bien ».

Bonne nouvelle, donc, il devrait y avoir d’autres galettes et pas mal de concerts, à commencer par l’Ubu, le jeudi 29 mai…

Photos: Guillaume, alter1fo

The Decline! + the Argument + The Black Zombie Procession
Ubu, jeudi 29 mai, 20h, tarifs: 8/10eur.

Bandcamp de The Decline! : http://thedecline.bandcamp.com/

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