« Particulier vend appartement énergivore, menus travaux à prévoir »

Depuis la loi Energie-Climat de 2019, la performance énergétique d’un logement est intégrée à la définition de la décence, au même titre qu’une surface minimale, une absence de risque pour la sécurité ou bien une arrivée d’eau potable. La loi Climat et Résilience votée dernièrement va plus loin. Elle introduit dès 2022 le gel des loyers des logements classés F ou G par le DPE (diagnostic de performance énergétique), et augmente progressivement le niveau minimal de performance énergétique. Ainsi, à partir de 2025, tous les logements classés G ne pourront plus être mis en location. En 2028, ce seront les logements classés F, et à partir de 2034, les classés E.

https://edito.seloger.com/

Conséquence immédiate relevée par le site Seloger.com, ces habitations bientôt impropres à la location se retrouvent aujourd’hui sur le marché de la vente. « Sur 40 villes étudiées, le nombre de passoires énergétiques mises sur le marché progresse fortement dans 23 d’entre elles. Avec la plupart du temps, des évolutions à deux chiffres. » Et surprise, la capitale bretonne arrive en tête des plus fortes évolutions. « Entre septembre 2020 et octobre 2021, le nombre de passoires énergétiques a bondi de 74 % par rapport à la période courant entre septembre 2019 et octobre 2020 et a progressé de 75 % en six mois, entre avril 2021 et octobre 2021 par rapport à avril 2020 et octobre 2020. » Il faut dire qu’ici à Rennes, il y a du stock.  22% du parc de logement1 (26 000 logements) datent des années 1949 à 1975. Or, ce n’est qu’à partir de 1975, suite aux chocs pétroliers, que l’on a pris conscience de la nécessité d’économiser l’énergie et d’imposer des normes énergétiques.

Sachant pertinemment qu’aucun travaux de rénovation ne sera réalisé à l’intérieur de leur bien immobilier, quelques propriétaires-bailleurs/bailleuses prennent donc de l’avance avant la date fatidique. Plusieurs raisons se dégagent, même si chaque cas est différent. Citons par exemple :

  1. la volonté de vendre au plus offrant avant la mise sur le marché d’autres biens concurrents,
  2. le manque d’envie, de volonté (prendre l’argent tous les mois en louant une « merde énergétique », c’est OK ; envisager une amélioration du bâti, là, ça coince.)
  3. le coût des travaux : pour faire passer un logement de la classe G à D, comptez 50 000€. (sans oubliez la pénurie et la forte hausse des prix des matériaux),
  4. la perte de rentabilité du bien immobilisé pendant la durée des travaux,
  5. la difficulté à faire accepter ces travaux en assemblée des copropriétés,
  6. difficulté à trouver une main d’œuvre qualifiée et disponible,
  7. l’accès compliqué au crédit : les employés, ouvriers et retraités représenteraient 47 % des propriétaires de biens étiquetés F ou G et 44 % des biens étiquetés E, selon une étude des Notaires de France (Des ménages, dont les dossiers ne sont pas toujours jugés parmi les plus attractifs par les banques, NDLR) À Rennes, les copropriétés rennaises des années 1949 à 1975 sont occupées par des ménages occupants aux revenus plutôt modestes. On note une part élevée de ménages éligibles aux aides de l’ANAH. 
rencontre_obs-habitat_-mai-2015_sq.pdf

Au cours d’une rencontre observatoire de l’habitat organisée en 2015, Hervé Kermarrec (nouveau président du MEDEF Bretagne) expliquait que « l’écart de loyers trop réduit entre neuf et ancien n’incite guère aux travaux de rénovation. Un appartement T3 de 60m² des années 60 ne se louera pas beaucoup moins cher qu’un appartement des années 2000 (590 €/mois contre 650 €/mois) » et interrogeait : « quel intérêt pour le bailleur de prévoir un investissement lourd pour rénover l’appartement si le gain en revenu locatif reste modéré ? » Six ans plus tard, la question ne se pose plus puisque sans travaux, pas de loyer à la fin du mois !

 

clic pour agrandir

Sur le site OuestFrance-Immo, il existe à ce jour 252 appartements classés E, F ou G mis en vente à Rennes, 68 classés F et G et 21 spécifiquement classés G. Ces derniers sont en grande majorité de type studette, studio et T1. Ces biens sont généralement vendus déjà loués. Reste à connaître le profil-type des futur·es propriétaires (primo accédant ? jeune ménage ? ) et si ces dernier·es entreprendront des travaux de rénovation énergétique.

 

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires